kimkat0486k Glossaire Comparatif Anglo-Normand Donnant Plus De 5,000 Mots, Aujourd'hui Bannis Du Français Et Qui Sont Communs Au Dialecte Normand Et A L'anglais. Par Henri Moisy, Juge Honoraire, Membre De La Société De Linguistique De Paris, Associé Correspondant De La Société Des Antiquaires De France, Membre De La Société Des Antiquaires De Normandie, Etc. Caen. Henri Delesques, Imprimeur-Éditeur. Rue Froide, 2 Et 4. 1889.

16-05-2018

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Glossaire Comparatif Anglo-Normand Donnant Plus De 5,000 Mots, Aujourd'hui Bannis Du Français Et Qui Sont Communs Au Dialecte Normand Et A L'anglais. Henri Moisy. 1889.

RHAN 6: tudalennau 0900-1032 SENGLEMENT - ZONE

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RHAN 1: tudalennau 0000-0099 A – AYE
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RHAN 5: tudalennau 0700-0899 ORIOL – SENGLE
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llythrennau cochion = testun heb ei gywiro
llythrennau duon = testun wedi ei gywiro

 

 

(delwedd C0968) (tudalen 0900)

- 900 — 

Syngle gowne, robe sengle (1). — Syngle kyrlell, corset
simple. 

Palsg., Grani., p. 270. 

Senglement, Sanglement, Sainglement (singly), adv., sim-
plement, seulement, uniquement. Du lat. singula mente. V.
Sengle, singulièrement. 

Seint Autbert seit e veit très bien
Que il n'ourent besong de rien,
Fors d'eve dolce senglement. 

GuiLL. DE S. Pair, Rom. du Mont S. Mich., v. 1143. 

En sa cemise sanglement
Mut ot le cors e bel e gent. 

Marte, Larwcd, v. 99, 

Cascune apela sainglement (une à une),
Et i'aisnée premièrement. 

Wace, Rom. de Brut, v. 1721. 

Sengler [singlere'), s. m., sanglier. Du lat, singularium,
isolé, séparé, seul; le sanglier mâle se rencontrant souvent
seul. D'où le terme de vénerie solitaire qu'on lui applique
souvent, Senylers, sanglier, Kel,. 

Fiers senglers at depoiit li [singularis férus depastus est
eam), 

Lib. psalm. , p. 11-1. 

D'un sengler cunte k'encuntra.
En une voie ù il ala,
En asnes qu'illec s'i-stut. 

Marie, Fable 76. 

Sentir {sent\ consentement), v. a., consentir.
Pur quel vu le lesseiz et ke vus i sentez. 

S. Thom. le M art., p. 34. 

Sentence (sentence*), s. /"., intention, dessein, disposition,
sentiment. Du lat. sententiam. 

Se il pert sa moillier, chier sera comparée...
Ainz ara par la terre fête mainte medlée,
E mamte ame des cors à grant dolor sevrée,
E tote Normendie commeue e troblée,
E tote la sentence en altre fei tornée. 

Wace, Rom. de Rou, v, 355 j. 

Sententieux (sententioiis), adj,, laconique, concis. 

Ce grand procureur gênerai... a laissé quelques annotations 

(1) Sentie signLlie ici sans doublure ; le mot est souvent usité en ce sens
dans la vieille lanjrue . V. notamment G. Guiart, v. 4104. 


 

 

(delwedd C0969) (tudalen 0901)

— 901 — 

sur les ordonnances ..los quelles sont si doctes et sententieuses,
qu'en une ligne il a plus laissé de fruict, qu'autres en tous leurs
amples et asiatiques (1) commentaires. 

Terrien, Comnient. du dr, norm., p. 710. 

Séquelle (sequel), S. f.^ suites, conséquences. Du lat..<îe^wetem. 

Et se tu notes bien cest antécédent, il porte séquelle et incon-
véniens inllnis. 

Al. Chaut., l'Esp., p. 271. 

Serche, Gerche (search), s. f., recherche. V. Cerchcr. 

Pour... faire... une serche de quarriaux de taille. 

Compte de 1310, cité par M. Delisle dans les Actes norm.
de la Ch. des comptes, p. 250. 

Et aucuneffois, en faisant la cerche par luer guet..., les bâtent
et traveillent griefment. 

Cliroii. du Mont S . Mich., \, 226, Pièces div. 

Sercher. V, Cerchev. 

Serène. V. Cher eue. 

Serener {to serene), v. a., rendre serein, rasséréner. 

Or, si luy plaist sa face serener,
Verra ton pas ces nuages tourner
En veut et pluye ? 

Vauq. de la Fresn., Sat., p. 2.50. 

Sernioner {lo sermon), v. «., prêcher, prononcer, faire un
sermon. Du lat. sermonari, converser. 

Mes le jor de Noël, quant il ont sermoné, 

De sainte Eglise aveit Robert del Broc sevré (séparé). 

5. Thom. le Mart., p. 172. 

Sermuner [la sermun*), v. n., traiter une matière, disserter
sur un sujet. V. le mot précédent. 

]\lulz essamples nus met avant
Seint Grégoire, en sermunant
Des espiriz qui sunt es cors
E des a\itres qui sunt defors. 

Marie, Purg., v. 31. 

Serpentine {serpentine*)., ^- f-i espèce de canon, dont la volée
était vissée sur la culasse. 

Quant au fait de la provision que le roy avoit mise à son artil

(1) Asiatiques est, dit ici pmir futiles, dillus, sans intérêt. On use aujour-
d'hui, dans le même sens, de l'adj. hyzantin. , 


 

 

(delwedd C0970) (tudalen 0902)

— 902 — 

lerie pour le fait de la guerre, il y a eu plus grant nombre de
grosses bombardes, de gros canons, de serpentines. 

Al. CiiaRt., Hist. de Ck. VII, p. 211. 

-|- Serrer {to serre*), v. a., fermer. Du lat. serare, fermera
clef (une porte). Malherbe dit que serrer a la signification de
fermer en Provence {Comment, sur Desportes IV) ; sérer a
pareil sens en Picardie. îln pat. norm., l'on dit amssi serrer les
yeux pour les fermer. 

Paen tint les portes serrées,
Les eissues e les entrée'. 

Ben., Chron. de Norm,, v, 1719, p. 6i. 

Serri, Sery (serry*), adj., faible, petit, léger. 

Là eut un freid vent e serri
Ke lui parcout le cors parmi. 

Marie, Purg., v. 921. 

. . . Ung doulx ventelet ventoit
Si sery qu'on ne le sentoit. 

Al. Ciiart., Le Liv. ries quatre Dames, p. 597. 

Servant [servant], s. m., serviteur. Du lat. servientem. 

Puisqu'il vous plaist que voz servans console
Par le povoir céleste 1res puissant,
Vostre vouloir seray accomplissant
Et leur diray le sumptueulx niistere.
Le mist. de la Concept., dans La Concept. N. D. de Wace,-p. 159. 

Auban (est) of lui cura si leal servant. 

Vie de S. Auban, v. H79. 

Notre mot serfjenl (en anc. dial. norm. sergant, serjaunt) a
le même radical et avait primitivement la même acception: 

A tes sergans suceurs. 

Lib. psahn., p. 251. 

Li clerc sunt serjaunt Deu et de sa lectiim (choix). 

5. Thom. le Mart., p. 45. 

Servir {to serve'), v. a., en agir, en user avec quelqu'un,
soit en bien, soit en mal. Du lat. servire. 

A l'apostoiie fist mander
Par clers ki sorent bien parler^
Come Héraut l'aveit servi,
Sereraent falsé e menti. 

Wace, Rom. de Hou, v. 11436. 

Sery. V. Serri. 

Session (session), s. /"., action de rester là oîi Ton est, litté


 

 

(delwedd C0971) (tudalen 0903)

- 903 - 

ralement action de s"asseoir. Du lat. sessionem, qui a celte
acception. 

Tu coneus ma session e la meie resurrectiun. 

Liii. psdlni., p. 215. 

+ Set (sieve), s. m., sas, tissu de crin tendu sur un cercle
de bois et qui sert à passer les substances triturées ou licjuides ;
tamis. Du bas-lat. setatium, du lat. selam, crin de cbeval. 

+ Seur [sioer*), adj., sur. Du lat. secnrum. Le mot angl.est
une métatbèse du mot norm. V. Senrement, seurlé. 

Cunseill n'est proz, dunt hume n'est seurs. 

Chans. de Roi., p. 261. 

Sa raison. . . est certaine et seure. 

Vauq. de la Fuesn., Past. sur Roaxel, p. 287. 

l.anderira, v'ià qu'est bien sfur,
Ma Mad'lon, f'ras men bounheur ! 

lUni. (jaerii., p. 111. 

V'Ià qui est bien seur. 

Ln nouv, annaîe (Jersej', 1874), p. 19. 

Seurement {sexiremenl')., adv.^ sûrement. V. Seurté. 

Puis purreit-il plus seurement
Faire le suen purpenseraent. 

Marie, Purg., v. 553. 

lit promettoit faintemenl à la dicte royne que là le lentroit
(tiendrait) bien et seurement et ses enfanz aussi. 

P. Cochon, Chron, norm., p. 233, éd. de Beaurep. 

-|- Seureté. V. Seurté. 

Seurfet {surfeit), s. m., excès de table, ripaille. 

Il ne pu«t lessier en nul fuer
Sun seurfet, ne sa glutonie. 

Mauie, Fable 74. 

-{- Seurté {seure(ée\ seurlie, Palsg.), s. /"., sûreté, sécurité.
Xeurlé, sûreté. Kel. V. Seur, aseurer, seuremenl. 

Eisi unt la paiz graantée
Qu'od seurté e od fiance,
Unt del conte fait l'acquitance. 

Ben., Chron. de Sorni., v. 4094. 

Icii unt pris la seurté. 

Marie, Étiduc, v. 201. 

l' vous mettrons eu seuretet. 

MET., S. Matth., c,h, xxviii, v. 14. 


 

 

(delwedd C0972) (tudalen 0904)

— 904 — 

Severalment {sevcrally), adv., séparément, à part. V. les
trois mots suivants. 

Mesels (lépreux) fud, puis tuz jurs jesque à sa mort, e meslen
unes chambres severalmunt des genz. 

Les Rois, p. 392. 

Britton a écrit severaume/tl, dans le même sens : 

Ausi soit enquis .. combien les dras ount valu de chescun
marchaunt severaument. 

Code, ch. 21. 

Severance. V. Sevrance. 

Severer, Sevrer {lo sever), v. a., séparer. Du lat. separare.
V. Severalment, sevrable, sevrance. 

Li destre poign li ad dfl cors severet. 

Chans. de Roi.,]). ItSd. 

. . . Tus unt jà les cors sanglenz
E les aimes des cors severées. 

BÉN., Cliron. de yorm.,v. 5278. 

Une par eus n'en fu osz sevrez. 

Id., ib:, V. 4621. 

Li ad du brant le chief du bu sevré. 

Vie de S. Auban, v. 1013. 

Sevrable (severable, susceptible de disjonction (1) ), arfj.,
facile à séparer, qui manque d'attachement, sujet à quitter,
changeant. V. Severer, severalment, sevrance. 

Comanz e voilles qu'od ses mains
Te let e seit si tis parrains,
Que d"amor certe, non sevrable,
(Jui leaus entière e tenable
Seez mais ami fiancé. 

BÉN., Chron. de Sorm., v. 6657. 

Sevrance, Severance {severance, di.sjonction ; severing, sépa-
ration, rupture), s. f., action de séparer, de diviser, moyen
d'en finir, destruction. V. les trois mots précédents. 

là 's verrez entre ferir, n'i ad autre sevrance. 

Chron. de Jord. Fant., v. 1016. 

Veez, fel il, quel demostrance
Nos font li deu, par severance
D'un diable pesme el hisdoz
Qui oi s'est conbatus o nos. 

BÉN., Rom. de Troie, v. 12455. 

(i) Severable a été employé en ce sens, dans l'anglo-norm. de Homes :
De commons biens ne tient lieu nul severable action. 

Mijrror qf Justice, ch. il, sect. 24, 


 

 

(delwedd C0973) (tudalen 0905)

~ 905 - 

Sevrer. V. Severer, 

Sewir {to sewe*)^ v. a., suivre. Du lat. sequi. V. Siwre,
suive. 

Lu rei jesque en Galgala sewirent. 

Les Rois, p. 42. 

Sexte {sexle'), adj., sixième. De sexlum. 

Robert de... deux sextes de lieu, à Pert et à Lyson. — M. Nicole
de Monts, ung sexte. — Thomas d'Escageux, la très grant part
d'un sexle. — Le seigneur de Caenchy, ung tieu de chevalier... 

Rôle àQjieufs de haubert (évêché de Bayeux), cité par
M. Lécliaudé d'Anisy, lUém. de la Soc. des Antiq. de
Norrn., année 1834, t. VIII, p. 432. 

Sextier (sexlari/), s. m., sétier, ancienne mesure de capa-
cité, d'une contenance variable suivant les localités, en usage
particulièrement pour les graines. Du lat. sexlarium. 

Item, à la Forte Caucheise, doit l'abbé de Jumi^ges... i. sextier
de orge et ix. bachins d'aveinne. 

Coust. de la Vie. de l'Eaue de Rouen, art. 62. 

1. Si. V. Sis. 

2. Si (so), adv., tellement, à ce point. Du lat. sic. V. Si 3.
Les Flamans gardèrent si le pas, que le roy n'y put passer. 

Chron. de Norrn. du XIV' s., p. 25' 

3. Si {so), adv,, ainsi. V. Si 2. 

Ki ws ad ce fet entendre,
Ki por mal sout ben rendre, 

lo le countredi ;
En totos cors le wil défendre,
Et si le poez par mei aprendre, 

Ki ne est pas si. 

Vie de S. Thom. de Cane, p. 621, col. i, var. 

Siège (siège), s. in., place. 

Le duc de Boni bon fist clorre son siège de peliz fossez et de
pal. 

Chron. norni. du. XIV s., p. 193. 

-\- Sieu {suel), s, m , suif. Du lat. sœvum. 

Mielz volt à Deu obéir que le sieu del multun olTrir. 

Les Rois, p. 56. 

Pour chacun cent de sieu, iiij. d. 

Coust. de Lisieux (XV* s.). 

Sieur [syer), s. m., seigneur, celui qui possédait l'autorité
féodale sur certaines personnes ou sur cer|ains biens. Sieur 


 

 

(delwedd C0974) (tudalen 0906)

- 906 - 

est une contraclion de seigneur , dérivé lui-même du lat.
senior. V. Sire. 

Le sieur du flef de l'Isle dit avoir droit de présenter aux
esclioles. 

Pr. rerb. de 1586, ciré dans les Méni. et notes de M. Aug.
Le Prévost, H, 178. 

Le sieur des tiefs de Bouchehoux et Brumnre avait dans la
forêt de Montreuil droit de. panage pour 10 porcs. 

Titre de 1673, cit6 si., II, 419. 

Sieutour, Suyteur [suitor)., s. m., plaideur, littéralement
celui qui exerce en justice une poursuite, en ancien terme de
procédure normande, une suite (Y. Suite i , suir 2, suivre).
Sieutour se rattache à sieiite, autre forme normande de suite,
laquelle est encore aujourd'hui synonyme de ce mot, en pa-
tois. On remarquera d'ailleurs dans la citation suivante que
sieule a le sens archaïque de poursuite. 

Cil n'estoit recongneu 

Qu'il y eust harou eu,
Par ceulx du pays, le sieutour
Cherroit de sa sieute, à ce tour. 

Coût, de i\orm., en v., p. 109. 

L'en pourroit dire que le texte s'entend de plaincte ou clameur
que le sujtenr faict devant justice en jugement contre partie
adverse. 

Le Rouillé, G/'. Coût, de y'orin,,i° xciv vo. 

-|- Siévir. V. Siio-e. 

Siglaton. \. Ciclalon. 

Sigle (sail), s. m., voile. V. Sigler, singlure. 

Drecent lor sigle, taisent corre par mer. 

Vie de S. Alex., str. 16. 

là sunt entrez en barges e vont en halte mer
E traient sur lur sigles, si se funt desarmer. 

Chron. de Jùrd, Fant-, v. 430. 

Sigler [la sail), v. n., cingler, faire voile, naviguer. De
l'anc. scand. sigla, naviguer. V. Sigle., singlare. 

Eiz qu'il oussent. iiii. liues siglet. 

Chans. de Roi., p. 61 . 

Cil ne se voldrunt pas targer
Del sigler ne de l'espleiter. 

Vie de S. Gile, v. 909. 

+ Signe (sign)., s. m., seing, signature. Du lat. signum,
marque. 

I 


 

 

(delwedd C0975) (tudalen 0907)

- 907 - 

Combien que (il ait été enjoint aux greffiers) qu'ilz meissent
en leurs actes la sonome et salaire par eulx reçeu, auprès de
leurs signes, sans aiiltres deniers prendre, ce neantmoins icenlx
greffiers ne cessent point à prendre plus qu'il ne leur appar-
tient, etc. 

Ord. de l'Echiq. de Norm. de 1407. 

Beaumont l'avoytfaict adjourner pour recongnoistre son signe,
en une cedule montant à 107 solz. 

Journ. du s. de Gouherville, p. ^0. 

Baillés don vol' signe ? — I leu donne, 

Coup-d'œil paria, p. 56. 

Mais d'vait y avé un signe, entJn ? 

— I en avait iun, ch'tait : « Valentin ». 

Rimes jers., p. 195. 

En ancien dialecte normand, l'on désignait aussi la signa-
ture sous le nom de signe manuel; d'oii l'anglais sign manual,
dont l'acception est la même. 

En tesmoing de ce, j'ay signé ceste quittance de mon signe
manuel. 

Quitt. de 1442, reçue pai' le tabellion d'Avranches et relatée
dans la Cliroii, du Mont S. Michel, II, 142. 

En tesmoin de ce, j'ay scellé ce présent adveu de mon scel
d'armes et signé de mon signe manuel, le sixième jour d'octobre
l'an mil IIII cinquante-six. 

Aoea, ci(é dans les Mem. et notes de M. Aag,
Le Prévost, I, 172. 

Signé (signed, Sherw.), marqué. 

Dumne sunt ices coses repostes envers mei, e signez en mes
trésors ? (Nonne hœc concilia sunt apud me, et signala in the-
sauris ?) 

Cantiijue de Moïse, verset 50, dans le Liv. des Ps-, p. 277. 

Signefiaunce, Signellance (signiflatmce'), s. f., signitîcalion,
sens. V. Sinifiance, senefiance, signifiance 1,2, 3. 

Ici a signefiaunce grant. 

S, Thom. le M art., p. 7. 

Aiez en remembrance,
C'est la signefiance. 

Pu. DE Thaon, Coinput, v. 1565. 

Signe manuel. V. Signe. 

Signet [signet], s. m., cachet particulier du souverain. Di-
minutif de signe. 

Quant elle sut qu'il estoit endormi..., elle alla à sa bourse où
son signet estoit, et seella la lettre du signet de segré du roy et 


 

 

(delwedd C0976) (tudalen 0908)

— 908 - 

se leva matin, ains que le roy, et envoia par ses privés les dites
lettres au prevost de Paris. 

P. Cochon, Chron. norm., p. 60, éd. de Beaurep. 

Signeur [signior], s. m., seigneur. Du lat. se?î2orem. y . Sire. 

Et tel hommage est faicl, comme cil de devant, fors qu'il y
adjoustera : Saulve la feaullé à mes aultres signeurs. 

Ane. Coût, de Norm., ch. xxix. 

Des signeurs de France y estoient, le conte de Saint-Pol, le
conte de Dunois, etc. 

Chron. du .Mont S. Mich., I, p. 54. 

Slgneurie {signiory')., s. /"., souveraineté, direction, gouver-
nement. V. Signeur, seignorie. 

Chil est dit duc de Normendie,
Qui la principal signeurie
De toute la duché lient. 

Coût, de Norm., en v. , p. 60. 

1. Signifiance, Senefiance [signifiaunce' ; signifyeng, Palsg.;
signifying, Sherw.), s. /"., avertissement. V. Senefiance, signe-
fiaunce, sinifiance, signifiance 2, 3. 

Par ces signifiances, congnoissez que la main de Dieu est sur
vous. 

Al. Chart., r£'s/)., p. 324. 

Et tous li pueples qui l'voit
Dient que c'est senefiance. 

Marie, Fable 39. 

2. Signifiance {signifaiince\- signifi/eng,'Ps]sg. ; signifying,
Sherw.), s. /"., signilication, notification. Terme de droit. V. les
mois indiqués à signifiance 1. 

Le mot d'interpellation emporte signifiance de rompre, empes-
cher et destourber. 

Terrien, Comment, du dr. norm., p. 336. 

3. Signifiance {signifiaunce^; signifyeng, Palsg.; signifying, •
Sherw. ; senfy\ signe, spectacle), s. /., signe, manifestation
V. les mots indiqués à signifiance 1.  

E mustra de sa guerre bêle signifiance. 

Chron. de Jord, Fant., v. 89. 

Silent (silent), adj., silencieux. Du lai. silenlem. 

Je sui haut e jeo suy bas,
J'ay mon quor mis en tel guyse,
Je sui jolif, silent et mas,
Jeo serve tuzjurs sanz service. 

Chans. anglo-norm. publiée par M. Meyer,
Romania, IV, 377. 


 

 

(delwedd C0977) (tudalen 0909)

— 909 — 

Similitude (simillitl*), s. /",, image, imitalion, chose qui en
représente une autre, qui en donne l'apparence, la configura-
tion. Du lat. simililudinem. 

Sur la montagne de Noslre Dame de Grâce sera faict une simi-
litude ou représentation duiig chasteau au lieu le plus emynent. 

Lettre dit 20 oct. 1550 du gouvern. de Hoiifleur, cil6e
dans les Arch. de [Ion/leur, p. 71. 

4" Simnel (simneV), s. m., gâteau de fieur de farine. Payn
de siinenel, pain de fleur de farine. Kel. — Du bas-Iat, semi-
nelhim, qui se raltaciie au lat. seminalem. Du lat. semen. 

Constabularius Anglise, si extra domum comederil, percipiat
V. solides in die et nnum seminellum duminicum. 

Actes de Ryrner, II, 191. 

Des hoirs Segueut, 28 simeneaux dus à la ville de Rouen,
chascun simenel pesant 96 oncfs de blanche paste. 

Compte de 1457, cité par M. Ch. de Beaurep. dans ses
Notes et doc. sur la Norm,, p. 349. 

Le 15 janvier 1553, nous eusraes un cimcneau. 

Journ. du s. de Goubervilie, p. 118. 

A la Toussaint nous faisait des nouvrolles,
Et pis à ['aques nou z'avait du simné. 

La !\'ouo. annule (Jersey, 1872), p. 16, 

Les formes queminel, chemineau se rencontrent encore en
Normandie, avec le sens qui vient d'être indiyué. 

Au Xlli'' s., les siminiaux de Blangy, commune de l'arrond.
de Pont l'Evéque, étaient en grande réputation. 

-|- Sin, Sein {to sing., tinter, chanter), .s-, m., cloche. Du lat.
sigmuN. Le g étymologique du verbe anglais existe de même
dans sing, cloche, et dans le dérivé loquesing, tocsin, mots que
donne Gotgrave, comme mots français. Sein, signal. Kel. 

Firent li sinz partot soner. 

Wace, Rom. de Rou, v. 668. 

L'evesque fait les seins suner. 

BÉN., Chron. de Norm,, v. 1669. 

Les seins sona et Tus ovri. 

Mahie, Lai du Freime, v. 183. 

-f- Sinal {sinald'), s. m., signal. Du bas-Iat. signalem, du lat.
signum. 

Un sinal pour le counnêlre. 

MET., S. Mattlu, ch. xxvi, v. 48. 

Singlure (sailing), s. /"., navigation. V. Sfgle, sigler. 


 

 

(delwedd C0978) (tudalen 0910)

— 910 - 

Ce n'est singhire que pour trois jours, pour naves et pour
barges ; car galées, qui vonl à terre, prennent plus lonc chemin. 

Le Canarien , p. 101. 

Singulièrement {singly, solitaii'emenl), adv., seul à seul, en
tète à tè;e. V. Senyle. 

Tu desires, comme tu dis, estre en cour avecques moy, et je
désire encore plus estre priveement et singulièrement avecques
loy. 

Al. Chakt, , Le Car ial, p. 392. 

+ Sinifiance {signifiaunce*),s. /"., signification, ce que signifie
une chose. V. Sinifier, signifiance 1, 2, 3. 

-\- Sinifier (to sinify')^ v. a., signifier, dénoter. V. Sini-
fiance. 

Des fumelots qui n' sinifient rien. 

Rimes guern., p. 63. 

Aux XV1° et XVI1'= siècles, la prononciation reçue était
sinifîei-. 

Sinopre {sinoper), s. m., sinople, espèce de quartz. Du lat.
sinopem, terre de Sinople. 

Sinopre, azur e vert de Grèce
Zucre e canel e licorece. 

Vie de S. Gile, v. 853. 

-j- Sipoter (to sip), v. n., boire à petits coups, siroter. C'est
un mot en usage à Guernesey. V. Super. 

Si tu allais brament à l'église, 

Aurun d' sipotair au Mont-D'va, 

Tu n'airais pas veue la vieille grise 

Ni r vier querouin. — Mon Dou, les v'Ià ! 

Rimes guern., p. 98. 

Sire (sir), s. m., seigneur. V. Signeur, qui est le même mot
que sire; l'un est le sujet, l'autre le régime. V. Sieur. 

Homs (vassal) puet doner en fieu son tenement, et la droiture
au segneur sera tor jorz sauvé -, jà soit que li sires ne s'assent
pas an fieufement ; quar ne li sires ne li oir ne le pueent em-
peescliier le fieufement. 

Marnier, Établiss. de l'tLcIiiq, de Norm., p. 79. 

Hommage est promesse de sages...
Et se fait à la palme estendue,
Jointe entre les mains du sire. 

Coût, de Norin-, en v., p. 79. 

Siroesne, Siroine. V. Chiroine. 

Sis, Son ; Si, Son, Ses (/us, son, ses), adj. poss. Du kt. sui, 


 

 

(delwedd C0979) (tudalen 0911)

- 9H — 

suis, en lai. archaïque sis. Malgré la substitution de Vh à Vs
dans le mot anglais, il nous paraît d'autant plus probable que
celui-ci est une corruption du vocable normand, que l'on
trouve déjà en dialecte normand les deux autres adjectifs pos-
sessifs mis, mi, mon, mes, lis, li, ton, tes, auxquels correspon-
dent incontestablem.ent en anglais nuj, mon, ma, mes, et (hy,
ton, ta, tes. X. Mi 1 et 2 et Ti. 

RoUans sis niés me coillit en haùr. 

Clians. de ItoL, p. 315. 

Herbert sis oncles, de Seint Liz,
Le guerroiit. 

GuiLL. DE S. Pair, Bom. du. Mont S. Jlic/i., v. 1G08. 

/Jésus) si tiz est Deus e hem. 

Vie de S. Aicban, v. 1254. 

Lors li ad descloz escriz d'antiquitez,
D'Adam — de parais, eu m fu descritez,
D'Abel — cum i'ocist Caim, si frère esnez. 

Ib., V. 398.
Florent si oil, ne s'en pot astenir. 

Vie de S. Alex., str. 45. 

David e si cumpaignun lur vestemenz decirerent. 

Les Rois, p. 121. 

Sist, V. unipers.. s'assied, siège. Du lat. sistil, 3" pers. s. de
l'ind. pr. de sistere. A notre connaissance, le verbe latin n'a
donné au dial. norm. que cette seule forme, sist, à laquelle,
pensons-nous, doit être rattaché l'angl. to sil, être assis,
siéger. 

Beneurez li huem obi... en la chaere de pestilence ne sist. 

Lib. pscilin,, p, 1. 

Un jor sist el mangier mull enoreement. 

Wace, Rom. de Rou, v. 2608. 

Sist, dans le texte suivant, est employé au prétérit et signifie
resta, demeura, sens qui convient également à celui exprimé,
à ce temps, par le verbe latin et par le verbe anglais. 

Là ot grant bataille et fut le roy Ardouffle desconfit... Apres
celé bataille sist li due dAuteriche quarante jours devant Ai-s,
puis entra dedens. 

C/iron. norm. du XI V" s., p. 13. 

Siste (sixth), adj., sixième. Du lat. sexluin.— Siste, sixième,
Kel. 

Li sistes ont nom leshraam. 

Les Rois, p. 129. 

Au siste jor, avant disner... 

UÉN., Chron. fie Norm.., v. 7013. 


 

 

(delwedd C0980) (tudalen 0912)

^ 912 — 

Sivre, Siwre {to sive'), v. a., suivre. Du lat, sequi. — Situer,
suivre, Kel. — V. Sewir, suive. 

Ses cumpainnuns sivre ne pout mie. 

Vie de S. Auban,y. 1435. 

Kar la gent date de sa terre
Ke nel sivent e facent guerre. 

yie de S. Gile, v. 653. 

Vostre rei parfitemenl siwerez. 

Les Rois, p. 40. 

Duce chère, mar me siwistes. 

Marie, Eliduc, v. 941. 

Siévir se trouve pour suivre, en dial. norm. anc. et mod.
Maint gentil hum de Flandres li wait le jor siewant. 

Chron, de Jord. Faut,, v. 838. 

Un galant la siévit ciés (chez) elle. 

Rimes gue/'/i,, p. 42. 

-f- Slache (slash, taillade, coupure), s. /"., tranche, mor-
ceau, aiguillette, Slice en anglais a cette dernière acception.
Slache est un mot qui appartient au patois de Guernesey. 

Baille-mé une slache de chu jambon-là. 

MET. , Die t. franco- norm., p. 448. 

-f- Snêquer {to sneak., se glisser furtivement), v. a., dérober
à la sourdine. C'est aussi un mot guernésiais. 

Snêquer, mon cher, est contre ma nature. 

MET., ib., p. 449. 

Sîobresse (soberness) , s. /., sobriété, tempérance. 

Mais qui bien a, à soy sobresse atraire. 

Al. Chart., Le Brev'aire des Nobles, p. 591. 

Soccorable. V. Soeur able. 

Socore. V. Socurre. 

Socors, Secours, Soeurs [socours, Palsg.), s. m., secours. —
Soccure, secours. Kel. V. Sueurs, socurre., soccorable. 

Dont me vendra iloec socors ? 

Adam, p. 29. 

Si vus plest, me veuillez socours mander, quar je su durement
assegée en le chastel de Dynan. 

Hist. de Foulques, p. 45. 

Car tut est turné à reburs 

Si saint Thomas ne feit soeurs. 

Vie de S. T/iom. de Cant., v. 922. 


 

 

(delwedd C0981) (tudalen 0913)

- 913 - 

Socours. V. Socors. 

Socurable, Soccorable {socourahiW \\ socow), ndj.^ secou-
rable V. Socors, sociirre. 

E jo vos ert par lut socurable. 

Bkn., C/iron. de Norm. . v. 1930. 

A loz eret pères soccorable. 

Vie de S. Grég., v. 15i9. 

Socurre, Soccre, Soccoure {lo soconr, Palsg.),w. «., secourir.
V. Succiire, socurable. 

N'i sai je pas meillor eslire 

Por vos socurre es granz besoinz.  

BÉN., Cliron. de Nonn., v. 8251, 

Qui requerra jamès qu'il me socore ? 

Adam, p. ko.
Loez en seit ii rois de gloire,
Qui, par son serf dévot Grégoire,
Corn velt, as peccbeors soccoure ! 

Vie de S. Grég., v. 1271. 

Soeurs. V. Socors. 

Soef. V. Souef 1 et 2. 

Soferre {lo soffere*), v. a., souffrir. Du lat. sxifferre. 

Par toe amor en soferrai l'ahan. 

Alex., str. 40. 

Respont Bernier : Je ne l' ferai ;
Anceiz i mais me soferrai. 

GuiLL. DE S. Pair, Rom. du Mont S. MirJi., v. 1985. 

Soier [lo saw), v. a., scier, faucher. — Soier, scier, Kel.
V. Seier. 

Vez là ces cbans ù la gent soient,
Qui ces jarbes cueillent et loient. 

Marie, Fablo 88. 

C'est qu'il doivent les blez soier. 

Conte des vilains de Verson, v. 47. 

Soign, Soig, Soing {soigne), s. m., soin, souci.
Pur ço n'unt soign de elme ne d'osbere. 

Clians. de Roi., p. 270. 

De ceste ovre n'eusse- soig. 

BÉN., Chron. de Norm., v. 10416. 

Seignur, ço dit li reis, n'ai soing de pied novel. 

•S. T/lom^ le Mart., ip. 37. 

58 


 

 

(delwedd C0982) (tudalen 0914)

914 — 

Soiller, Soillier {to soil), v. a., souiller. V. Souil. 

De sanc e de pudre sont soillez Pt entors. 

Wace, Rom. de Hou, v. 4037. 

Esteit ses niz ors e soilliez. 

Marie, Fable 80. 

Sojor, Sojur {sojour* ; sojourn), s. m., séjour, repos. V. 5o-
jorner. 

Erraument, sanz plus de sojor. . .,
Fors de la vile s'en bingnot. 

Vie de S. Grég., v. 1139. 

Asez desirast plus sojur. 

BÉN., Chron. de Norm., v. 2221. 

Sujurn s'est dit aussi, avec le même sens, dans l'ancien
dialecte : 

Entresqu'ad lis ne volt prendre sujurn. 

Chans. de Bol., p. 309. 

Ad Poutain ad sujurn pris. 

Vie de S. Th. deCant., var., p. 621, c. 1. 

Sojorner, Sojurner {to sojourn), v. n., séjourner, se reposer.
Du lat. super diurnare. V. le mot précédent. 

Quant que il eurent deniandei
Et eslre cen siint sojornei.
GuiLL. DE S. Pair, Rom. du Mont S. Mich., v. 695. 

La pucrle qui od li fu,
Ad le sanblant aperceu
De sa dame, que jà amout,
Le chevalier qui sojurnout
En la chambre por guarison. 

Marie, Gugemer, v. 433. 

Sol [sole)., adj.., seul. Du lat. solum. 

Quant en la chambre furent tôt sol rerais... 

Alex., str. 13. 

La marchaandise porra et devra estre aquilée par i. sole cous-
tume. 

Coust, de la Vie, de l'Eaue de Rouen, art 58. 

Solaz (solace), s. m., soûlas, consolation, joie, plaisir. V.
Soulacer. 

Mes de raei n'aurunt-il aëde ne solaz. 

s. Thom. le M art., ^. 184. 

Vus estes le port
Solaz et confort 


 

 

(delwedd C0983) (tudalen 0915)

— 915 - 

A ceus qui la mort
Urent deservi. 

Poés. anglo-norm., citée par M. Meyer, tiomania, IV, 373. 

Soldeier {soldier, soldai), s. m., soudoyé, homme de guerre,
à la solde d'un prince. — Soldeour, mililaire, Kel. 

De par tut manda soldeiers. 

Wace, Rom. (le Roa, v. H330. 

E nus eimes ci dedenz serjant e soldeitrs. 

Chron. de Jord. Faut,, v. 1230. 

Soldeier vient de solde, el solde dérive lui-même du lat.
so/<f/(/m, pièce d'or : la pièce de monnaie ayant été prise pour
la somme payée. L'on a dit aussi soudée ou souldée pour solde;
d'où soudeer qui s'est dit pour soldat (en v. angl. souldier,
Sherw.) V. Souldée. 

Jeo aim le novel soudeer,
Eliduc le bon chevaler. 

Marie, EUdac, v. 339. 

-j- Sole (boule en bois). V. Chouler. 

Solemnité. V. SolleinnUé. k 

Soler. V. Solier. 

Solerets {solier ets*), s. m. pL, chaussures d'hommes d'armes,
composées de lames d'acier articulées. C'est un diminutif de
solers, souliers (1); du bas-lat solulares, du lat. suhlularis.,
qui appartient au creux du pied. Un vocabul. lat.-fr. ms, du
Xlll*' s., conservé à la biblioth. d'Evreux, traduit calceus par
saulers. 

Et les preux bannerets
Depouilloient leurs haubers, grèves et solerets. 

Vauq. de La Fresn., Snt., p, 13G. 

Soliciter {to solicit'), v. a., avoir de la sollicitude pouj. 

Tout ce que dit est, a ledit Jean Grivet déclaré et attesté le
vingt deuxième jour de juin 1618, es présences de discrettes per-
sonnes maistre Guillaume le Clerc, prestre..., maistre Marni Du-
rant, etc., qui en telle (cette) maladie ont tousjours solicité ledit
Gnvel... el plusieurs autres personnes tant voisins qu'amis
d icehiy soussignez, qui attestent avoir veu et solicité ledit Grivet
depuis huict ans. 

Miracle d'Andelij, p. 6. 

(1) Uns grans solers aveit, k'uns frères li prestu. 

S. Tho\n. le Marc, p. 74. 


 

 

(delwedd C0984) (tudalen 0916)

— 916 — 

Soliciteur (sohcitor), s. m., avoué. 

Lp 1 4 de fevr. 1513, Briqueville, soliciteur, accusé et convaincu
d'avoir dedans la salle du Palais, baillé un coup de poing à
effusion de sang, outragé et injurié M. Guillaume Bertout, ad-
vocat, fut, pour réparation desditz excez, condamné à faire
amende honorable, la teste nue, tenant une torche allumée,
criant mercy à Dieu, au roy, à sa justice et audit Bertout. 

Terrien, Comment, du. dr. nom., p. 497. 

Soliciteux (solicitous), arfy., inquiet, jaloux. Du lai, solliciium,
anxieux. 

Esprit soliciteux, qui jamais ne. contente, 

Et qui, glouton de tout, sur tout tousjours attente. 

Vauq. de La Fresn., Sat., p. 433- 

-f- Solier {soler*) (1), s. w?., grenier, étage supérieur, galerie
ouverte autour d'une maison, porche. Du lat. solarium., ler-
rasse, littéralement lieu exposé au soleil. 

Si alout esbaniant en un solier. 

Les Rois, p. 154. 

Les raarescax ostex livrer,
Soliers et cambres délivrer. 

Wace, Rom. de Brut., v. 10614. 

De note solier i tombit une brique. 

D. Fer., Muse norni., p. 49. 

Du fein tout plein dans sen solii. 

La youv. annaîe (Jersey, 1875), p. 26. 

-f- 1. Selle isole)., s. f., semelle, sablière, racinal. Termes
de charpenterie. Ce que l'on appelle plus particulièrement
solle, en Normandie, est une pièce de bois carrée, placée
horizontalement à un mètre environ du sol, sur un mur for-
mant soubassement, et dans laquelle s'encastrent des soliveaux
posés à plomb, destinés à former un mur ou une cloison. Du
lat. solea, sandale, semelle ; en bas-lat. sola. 

Ut ipsorum œdificiorum solas in prœdictis muris ponere seu
ligere... licentiam vellemus ei concedere. 

Ch. de J234, Duc, Sola. 

Pour mettre solles tout entour (les étables) etcoulombes là où
ils failloient, un postel devant la meson, etc. 

Compte de 1329, cii6 par M. Delisle dans les Actes norm.
de la Ch, des Comptes, p. 17. 

A Jehan Regnoult pour avoir abessé et porté hors les terres de 

(1) Cette anc. forme angl. se rencontre dans la Vie de S, Auban, v. 20
En Sun lit s'endort, ki art en un soler. 


 

 

(delwedd C0985) (tudalen 0917)

- 917 — 

la court de l'ostcl d'icelle viconté, lesquelles poiirrissoient les
soUes et parois dudit lieu, ... soixante solz tournois. 

Quirt. (le 1 135, citée par M. de Beaiirepaire dans La Vie,
lie l'Eau de Bouen, p. 42-2. 

-f- 2. Selle {sole* 2), s. /"., plancher de grange, aire sur
laquelle on bat les céréales. Du lat. solea, mot que l'on trouve
dans Festus, avec le sens de plancher. 

3. Selle (boule en bois). V. Chouler. 

SoUemnité [solemnily), s. f., solennité. Du lat, solemnitatem, 

Ainceis vot...
U'as festes des dedieuienz
S'asemblassent totes les genz
E as hautes solemnitez. 

Vie de S. Grég., v. 2146. 

Selu, Selut [solide), adj., libre, délivré. Du lat. solulutn.
Jamais n'ert tel en France la solue. 

Chuns. de RoL, p. 1[)2, 

L'en le doibt à l'obligé rendre
Ou bailler un gage pour prendre
Les fruicts, jusques à tant que soluté
En soit la raonnoie receute. 

CoiU, de Norrti., en v., p. 142. 

Semé, Sume (somme* ; swn), s. /"., substance, résumé,
abrégé. Du lat. summa. V. Sumer 1. 

Des arz et des segreiz devins
Saveit les somes et les fins. 

HÉN., Itotn. do Troie, v. .5513, 

Si cuni je l'ai truvet 

En un hvre divin 

Qu'apelum Genesin 

Ki recuntel la sume 

Quant que Deiis list pur hume. 

Pmil. de Thaon, CoinpiU, v. 1998. 

Sominour. V. Siimenour. 

+ Sommier. V. Sumiere. 

Semendre [ta somone* ; to sommon, Palsg.), v. a., convoquer,
appeler. Du lat. submonere. V. Sumundre. 

N'estot somondre ict'ls qui l'ont odit :
Toit i acorent li grant e li petit. 

Alex., str. 102. 

Dont soraonst fielins ses barons.  

Wace, Honi. de Bruc, v. 2883. 


 

 

(delwedd C0986) (tudalen 0918)

- 918 - 

Son. V. Sun. 

Sopris. V. Soupris. 

Sorcerie [sorcery], s. /"., sorcellerie, œuvre de sorcier. 

E creid en sorceries e en enchanlemenz. 

Les Rois, p. 420. 

Geo cuit que jamais ci n'aura
Qui en sorcerie croira. 

Marie, Fable 72. 

En patois normand, Ton dit sorcilège. Sorcerie comme sor-
cilège dérivent de sorcier., mot qui dérive lui-même du bas-
lat. sorliarium., du lat. sortem. 

Sordoior isordious'). adj., vil, ignoble, infâme. Se rattache
' au lat. sordes, ordures. 

Si nous sornes li sordoior
Kt de cesl camp n'aions honor,
HontH et damage i reeevron
Et la haine Artur aron. 

Wace, Boiti. de Brut, v. 12192, 

Il y a de même, en ancien dialecte, le verbe sordir^ outrager,
insulter. Du lat. sordere, salir. 

Ki curabatre l'a fet, malement l'a sordit. 

iD., t\om. de lioa, v. 1079. 

Sorel {sorrel, alezan saure), adj.., de couleur jaune, tirant
sur le brun. 

Li quens Gerins set el ceval sorel. 

Clians. lie RoL, p. 116 

Sorfait (sur fet'), s. m., outrage, injure, violence. 

Kar od orguil e par sorfait
Set qu'il ovre quantqu'il en fail. 

Bén., Chron. de yor,n„\. 30878. 

.^lisandre ont non, un prodorn.
Qui orgoil ne preisat une pome.
Ne nul sorfait. 

Vie de S- Thoin. de Cant., v 1150. 

Sor-mullet (sore mullel. Gotg.), s. m., surmulet ; mulet
(poisson) ayant la couleur du hareng saur. 

Le mardi, jour S^^' Marc, xxv^ (jttur d'avril 1S.59)... I.oys du
Val me vinst voyer (voir) et m'apporta deux sors-raulletz. ung
bars et un mullet, et disna céans. 

Journ. du s. de Gouberv,, p. 489, é'L des Ant. de Norm 

Soronder. V. Surunder. 


 

 

(delwedd C0987) (tudalen 0919)

— 919 — 

Soros {sorrow'), .<. »;., douleur, mal, peine, affliction. 

Poi erl mais Dreiies en repos
Trop li est creus grarit soros. 

BiJN., Cliron. de Xorni., v. 28146. 

Sorquidant {siircudanl') , adj., présomptueux, arrogant.
V. Surquidier. 

Kissi atteron les Normanz,
Les orgoillos, les sorquidanz 

Bén., Chron. de Nur-rn., v. 14468. 

Sorquidant est exactement l'équivalent d'outreciinlanl et
est formé de la même manière que ce dernier mot, c'est-à-
dire de la prép. sor pour sur, au-dessus, au-delà, et du part,
pr. de ctiider, croire, penser (1); du lat. cugilare ; littérale-
ment cVsyant plus qu'il ne faut. 

Au XIII'= s., avait cours en Normandie, touchant les habi-
tants de Coutances (Manche), le dicton : « Li sorcuidiè de
Goutances ». Dit de l'Apostoile. 

Le dialecte normand a un autre verbe de formation sembla-
ble, sorqueir^ demander au-delà de ce qui est dû. V. Queir. 

Sire, dist-il, tu nos sorquiers,
Tu sorquiers mult à mon seignor ;
Tolir li voils pris e enor,
Ke 11 roves son règne rendre. 

Wace, Rom. de Roci, v. 12000. 

Sorunder. V. Surunder. 

Sorveeir. V. Surveeir. 

Sotie {sotte'), s. /"., folie, crime. 

Piespundi la pulcele : Nu faire, bel frère, nu faire tel sotie en-
cuntre lei e encuntre raisun. 

Les Hois, p. 163. 

S'y appuyer n'est que sotie. 

Al. Ciiart., Le Lio. des quatre Dames, p. 662. 

-f- Souabin (siveeping), s. w., balayures, ordures, saletés.
Le mot se dit en ce sens à Guernesey. V. le Diction, franco-
nurm. de M. Métivier, et le mot suivant. 

-|- Souabre {sweèper, balayeur ; swabber, fauberteur, ma-
il) Por iço cuident aveir descombrement. 

Alex-, str. 106. 

Encore la demandasses tu, 

Si tu Guidasses droit avoir. ' 

L'Adoovacie iV. Z)., p 47. 


 

 

(delwedd C0988) (tudalen 0920)

— 9-20 - 

telot chargé de laver et d'éponger le pont du navire), s. m.,
balayeur. V. Souabin. Souabre est aussi un mot guernesiais. 

Aussitôt au vier laid souabre 

J' baille, en jouant, un cop d' men sabre. 

Met., Diction , p. 450. 

Soubtraire. V. Subslraire. 

Soubzaage, Sous-aage (under-age, Sherw.), adj., mineur,
celui qui n'a pas atteint l'âge déterminé par la loi, pour pou-
voir disposer de sa personne et de ses biens. V. Nonage. 

Doibt le juge bailler la charge ausdictz tuteurs des faictz des-
dictz soubzaages... sont (les tuteurs) habilles et recepvables à
fonder et négocier en toutes cours pour les soubzjages. 

Oriloii. du Pari, de yorni., de 1505. 

Ung homme est soubzaage tant qu'il ait vingt ans acomplis. 

Le Rolili.é, Gr. Coût, de Norni., îo 53 vo. 

Dans son inventaire des Chartes norm. (t. Vil des Mém. de
la Soc. des Antiq. de Noi'in., n" 463, année 1834-), M. Léchaudé
d'Anisy cite une charte de 1352, suivant laquelle Robert Gif-
fart, comme « mencour et conditeur de Jehan Audruy, sous
aage, et par conseil d'amis », échangeait avec Pierre Audruy
plusieurs pièces de terre sises à Fresnay-le-Croteur, apparte-
nant à son pupille, contre d'autres pièces situées à Coulombs,
qui étaient la propriété de P. Audruy. 

Soude, Soudée. V. Suuldée. 

Soudéement. V. Sudenment. 

Soudre (/o solve)., v. a., payer, libérer ; résoudre. Du lat.
solvcre. 

Soudre l'en voleit mult et rendre,
Mais une n'eu vout li dus rien prendre. 

Bên., Chron. de \orm.y v. 10780. 

A certains temps du verbe, 1'/ étymologique apparait, comme
en anglais : 

Li reis solst ses demande? e ses questiuns. 

Les Rois, p. 271. 

A cestui ai son loiei sols. 

Wace, Rom. de Brut, v. 9579. 

4- Soue. -\- Soute (soiv : soive., Palsg., truie), s. /"., por-
clierie, toit à porcs. De sudem. forme ancienne dans la basse-
latinité, se rattachant au lat. 5w.«, porc. 

Si quis porcelluni de sude furaverit... 

Loi .salîque, lil. u, § 3. 


 

 

(delwedd C0989) (tudalen 0921)

— 921 — 

Pourceau gras rompt sa soute. 

CoTG., Diction. 

On fait aussi usage fréquemment du diminutif souette. 

-\- 1. Souef. Suef [sioeet), adj., agréable, doux. Du lat.
suavem. V, Soitef2. 

Gustez e vedez kar suefs est li sire. 

Lib. psalm., p. 41. 

Suefs e duz e debonaire,
Li prent à dire e à retraire. 

B\is.,Cliron. (le .\onn., v. 6225. 

Oste moy ce médecin
Qui veult que do l'eau je boyve
Et que je quicte le vin,
Une liqueur si soi:efve. 

J. Le Houx, Chans du Vau-de-Vire, p. 76. 

2. Souet, Suef {swef!\ cri adressé aux chiens pour les con-
tenir et arrêter leur course; c'est l'équivalent de la locution
française « tout beau! »). adj. employé adverbialement, dou-
cement. V. Soiiefl. 

Un blanc palefroi cevauçoit.
Qui bien et souef le portoit. 

Mahie, Lnnval, v. 347. 

Beau filz, ri garde les mamelles
De quoy aleitier te sonloie
Et ces mains donc bien te savoie
Souef remuer et berchier. 

L'Adijocacie N.-D., p. 38. 

Pernez lait de femme, et versez desure suef. 

Pet. traité de méd. du XlV' s., publié par M. Boucherie, p. 3. 

+ Souffrable [su/feraLle), adj., que l'on peut souffrir, sup-
portable, tolérable. — Sii/frable, raisonnable, légitime, Kel.
V. le mot suivant. 

L'on a dit que souffrable était un néologisme; le texte sui-
vant prouve le contraire. 

Put cel estre oustre trespassed la nostre aneme ewe neient
suffrable. 

Lib. psalm. , p. 201. 

Le même adjectif est dans Benoit avec un sens différent,
celui de patient, dur à la souffrance. 

Paisible ert e amesurez
Encontre grauz aversitez
En toz perilz forz e suffrables,
N'est esperduz ne esmaiables. ' 

Chron. de Norm., V 20918. 


 

 

(delwedd C0990) (tudalen 0922)

— 922 — 

SoufFrablement (sufferably), adv., d'une manière suppor-
table. V. Souffrable. 

Lonc temps jeiit en ceste molesté,
Dessoubz le porche S. Clément,
A bon gré et soulFrablement. 

Pet. Poèmes du Mont S. Mich., p. 49. 

-|- Souil (soil), S. ?«., saleté, ordure, fumier. Du lat. suillum,
qui appartient au porc; d'oîi le verbe souiller et le terme de
chasse la souille du sanglier, le lieu fangeux oîi il se vautre.
V. Soiller. 

Car leur esprit souillé
Demeure dans le souil où It^ur cœur a fouillé. 

Vauq. de La Fresn.. SaC, p. 425. 

-\- Soulacer {ta salace), v. a., consoler, égayer, charmer.
De soldas, vieux mot conservé par l'Académie, quoique inu-
sité, lequel dérive du lat. solatium, consolation. Le patois
normand a conservé l'usage de ce mot (1). V. Solaz. 

Le cueur et joye et soulace,
Et l'omme d'ennuy deslie. 

Al. Chart., Le latj de Plaisance, p. 538. 

Souldée, Soude (soiddie', sovde'), s. /"., solde, paie. V.
Soldeier. 

Se plus large estoit la finance. . . assez y a gens et besongnes
où l'employer, comme souldées de gens d'armes, estats de sei-
gneurs, etc. 

Al. (]hart., Le Quadrilogue, p. 44<!. 

Preuaus de la soude «lu roy, ou suivans à leurs despens la
cornette dudit sieur, es camps et armées où il marche. 

Terrien, Comment, du dr. norm., p. 362. 

La forme dialectale la plus ancienne du mot est soudée. 

Mais cil ki morz i est, en out maie soudée (récompense). 

Wace, Rom. de Rou, v. 4030. 

Les retindrent à lor soudées,
Que mult lor unt riches donées. 

Bén., Chron. de Norm., v. 36108. 

D'où souder, soudoyer, payer, récompenser. 

Provera e! tueis ki jo dei miex amer,
Lesquiex jo devrai amer e li miex souder. 

Wace, liom. de Rou, v. 47!)7. 

(1) La chicoraie ou la laitue 

D'aigre érousaie est not' soûlas. 

La Nouo. annaie {Jersey, 1869), p. 10. 


 

 

(delwedd C0991) (tudalen 0923)

— 923 — 

+ Soûle (boule en bois). V, Chonler. 

Soupris, Sopris, Supris [supprissid'), adj., écrasé, soumis,
oppressé. Du lat. suppresswn, abaissé, coulé bas. 

Mais diables nos a soupris,
En nos cuers a tent^bre mis. 

Wace, La Concept. N. D., p. 77. 

De pour a le qnor sopris. 

BÉN., Chron. de Norm., v. 1()384. 

Et maint est si supris, ne poet la hncbe ovrir,
N'a proveire parler, quant il vient à mûrir. 

S. Thom. le Mart., p. 5. 

-f- Sourdre {lo sourde*), v. n., augmenter de volume, se
soulever, se développer, s'accroître. Du lat. surgere. Sourdre
a le même sens, en patois, que ressourdre. V. ce mot. 

Sourquidie. V. Surqiddie. 

Sourquot. V. Surcol. 

Sous-aage. V. Soub:aage. 

Sousir (to soss*Q), v. n., s'effondrer, s'affaisser.  

Un cri jeta e un teu brait,
Ciim si trestot deust sousir. 

BÉN.. Chron. de Nom., v. 25143. 

D'où soussis. cavité profonde, précipice : 

Soi uns rochers, en un soussis
Où un dragun, tin aversers (diable)
Aveit si orrible e si tiers. 

II)., i/j., V. 36206. 

Souspeis, Suspeis [svspect')^ s. ?«., suspicion, soupçon, état
d'une personne soupçonnée. 

Willame li filz Rou fu en mult grant souspeiz. 

Wace. «om. de Rou, v. 2158. 

Pur ceo les descunut li reis ;
Si fu en Jute e en suspeis. 

Marie, /s/ff^ae. V. 238. 

1. Soustenance (sitstainùijj Sberw.), s. f., appui, soutien.
V. Sustenance et sustenir 2. 

Vray est que nous pouvons aucunes choses ça jus c."perer,
comme la grâce de Dieu, son aide et le bénéfice de protection et
de soustenance. 

Al. Cha'it., \'Esp., p. 328. 

2. Soustenance (subsistance). V. Sustenance. 


 

 

(delwedd C0992) (tudalen 0924)

— 924 — 

Soustenir {to sustain), v. a., éprouver, subir, souffrir. Du
lat. sustinere, qui s'est dit dans le même sens. Sustinere
pœnam, subir une peine, Cic. V. Sustenir 3. 

Et si pourra pourchasser contre luy les dommages qu'il aura
soustenuz pour la raison de la prinse des namps (gages). 

Ane. Coat. de Norm., ch. 7. 

+ Soute. V. Souc. 

Souter {to soothe), v. a., calmer, apaiser-, satisfaire. 

Diinc vait muater, si lient sa veie.
N'en a soudiers, ne ne s'effreie ;
Le païs soute e la contrée. 

BÉN., Chron. de Norm., v. 25188. V. aux var. 

Soutil, Soutilment. V. Soiitis. 

Soutis, Sutis, Soutil {souliV), adj., caché (au propre et au
figuré); rusé, fin. Du lat. sublilem. - Soliletée., finesse, artifice.
Kel. 

L'eu maine par les iens soutis,
U ne seient trovez ne quis. 

BÉN., Chron. de Norm., v. 16792. 

Li chevalers remis, sutis,
Apparillez e ententis. 

Marie, Purg., v. 787. 

En Karesme (1377), fu aprocheue (aperçue) une soutille (1)
maniera de faire du roy de Navarre. 

P. Cochon, Chron. norm., p. 148, éd. de Beaurep. 

Une autre forme du mot, paraissant plus ancienne, est
suUif. 

Archimelech s'esraerveillad de ço que David vint si suitifs ; si
li dist : Pur quel viens suis, e nuls ne vient od tei ? 

Les Uois, p. 83. 

Il y a aussi, dans Tancien dialecte, les formes adverbiales
sutiveynent ., soiUilmenl, habilement, adroitement : 

Eisi faites, si entaiUies 

E si si sutiveraent deboissies... 

BÉN , Chron. de Sorm., v. 10475. 

Issi et miilt plus soutilment
Entra et issi chastement. 

Wace, La Concept. /V. D., p. 49. 

(1) Plus anciennement, au féminin, notre adj. formait sutife ou sutive ;
Une chambre sutife [Vie de S. Aaban, v, 512) ; une maison sutive
(Ib., V. 3!i2). 


 

 

(delwedd C0993) (tudalen 0925)

— 925 — 

Souvin, Sovine {supine), adj., sur le dos, renversé. Du lat.
supinum. 

Uns Ions alont par 1p chemin,
Qui l'acoatra ; si 1" mist souvin. 

GuiLL. DE S. PAiu,iÎ07/(. du Monts. Mich., v. 9.3. 

Et les font trebuscher sovines. 

BÉN.. Chron. <le Norm..,\. 5656. 

D'oîi le verbe sovme)\ abattre sur le dos, coucher par
terre : 

Et Kex vint après, qui ne line ;
Maint en abat et sovine. 

Wace, Rom. de Brut, V. 13011. 

Soverein, Soverain [sovereign, soveraign, Sherw.; sove-
raine*), adj., souverain. Du bas-lat. superanum. 

A rannt el palais soverein
Muntent li abbés e li reis. 

Vie de S. Gile, v. 2652. 

Aiez, sire, merci de mei
Pur amur le soverain rei. 

ib.,v, m. 

Tant k'en la kurt venist al seignur soverain. 

s. Thom. le M art., -p. 51, 

Sovine. V. Souvin. 

Speces, Espèces [spices, Cotg.), s. f. pi., aromates. Du lat,
species., substance. 

Diins li tirent et presenz... de guarnemenz e de armes e de
speces (ues/es et arma bellica, aromala quoque). 

Les Rois, p, 274. 

En la cited entrad... à caraeils ki portèrent espèces (portan-
tibus aromala). 

Ib., p. 271, 

Sous le S 54 d'un petit traité de médecine du X1V« s, publié
par M. Boucherie, l'auteur normand de ce traité donne le re-
mède suivant contre la colère : 

Encontre iresce pernez une espèce ke ad nun cardemoine
(cardaraone, s rte de poivre), si mangez V greins u set, si vus
ne ce corecerez vu (s) le jur. 

Spée, Spethe [spear, lance; sint, broche), s, /"., épée. Du lat.
spatha. 

Cume il out la spée ceinte, alad et asaiad s'il se poust curabatre
si armez. 

\ Les Rois, p. 66. 


 

 

(delwedd C0994) (tudalen 0926)

— 926 — 

celle spée qui flamboie, 

Si li défendez très bien la voie. 

Adam, p. 39. 

Si ]>aguiserai sicume fuldre la meie spethe, e ravirunt juge-
ment les meies mains. 

Cantiqae de Moïse, v, 61, dans le Liv. des Ps., p. 278. 

Speris, Spirit [spirit), s. m., souffle, esprit. Du lat. spiritus.
— Sprete, esprit, Kel. V. Espirit. 

Li speriz iiostre Seignur s'en parti de Saùl. 

Les Rois, p. 59. 

En le spirit de la lue faire asemblelhps sunt ewes. 

Cantique de Moïse, v. 7, dans le Liv. ((es Ps., p. 268. 

Spethe. V. Spée. 

Spirer {to spire), v. n., naître, germer. Du lat. spirare, 

sortir, être exhalé. 

Heureux esprit, œternelle puissance,
Amour spire de la divinité. 

.T. Le Houx, Noêls virois, p, 41. 

Spirit. V. Speris. 

Spose, Spuse (spouse), s. /"., épouse. Du lat. sponsa. 

Or n'estot dire del pedre e de la medre
E de la spose corn il le regreterent. 

Alex., str, 119. 

leo sai sa spuse vereiraent,
Mui ai pur li mun quer dolent. 

Marie, Eliduc, v. 1083. 

Squarrie (square)., s. /"., équerre. 

Puis fud cuver le d'or tut à li île e à squarrie. 

Les Rois, p. 250. 

Ster {to stay), v. n., rester, demeurer, s'arrêter. Du lat.
stare, être debout. 

En la veie des peccheurs ne stout. 

Lib. psalm., p. 1. 

E il me redist : Sta sur mei [sta super me), si m'oci, kar for-
ment sui anguissus. 

Les Hois, p. 321. 

La forme que l'on rencontre le plus communément dans
l'ancien dialecte est ester. V. Estant {en). 

Seigneurs Franceis, de Dieu aiez vertu t :
El camp estez, que ne seium veneuz. 

Chans. de Roi., p. 90. 


 

 

(delwedd C0995) (tudalen 0927)

— 927 —
Dunt ne puet ester sor ses piez. 

Marie, Gugenier, v. 686. 

Le terme de palais « ester en justice » reproduit seul en
français Tancienne forme de ce verbe; il n'est du reste usité,
dans cette locution, qu'à l'infinitif, 

Stille (stile, Sherw.), s. m., usage admis en justice, dans la
marche et les formes d'une procédure. 

A la suite du Grand Coustumier de Normandie de Le
Rouillé, se trouve l'ordonnance du Parlement de Normandie
de 1515, intitulée : « Le stille de procéder en pays de Nor-
mandie. » Le début de celte ordonnance détermine le sens de
notre mot; il est ainsi conçu : a Cy ensuyvent les usaiges et
la forme que on a accoustumé de user en conduite de procès
par judicature de causes en la duché de Normendie. » 

Stol [slole; stool, Palsg.), s. /"., étole, ornement sacerdotal.
Du lat. stola, robe. 

Des armes ù trait defension,
Amit, alb. stol et fanon,
Si se fait armer. 

Vie de S. Thom. de Cantorb., v. 529. 

Strae {streel), s. /"., chemin, voie. Du lat. strata, pavés ;
strata viarum, via strata lapide, chemin pavé, route, rue. —
Streal, route, chemin, Kel. V. Estrée, étrat. 

Si cum la boa de la strae les defulerai.  

Les Rois, p. 209. 

Stuble. V. Étouble. 

Studie (study), s. f., application, attention, méditation, ré-
flexion. Du lat. studium. 

Vostre studie soient [sic] en bien.
De félonie n'i ait rien. 

Adam, p. 63. 

Sturgeon (sturr/eon), s. m., esturgeon, gros poisson qui re-
monte de la mer dans les fleuves. De l'anc. h. allem, sturio. 

Si homines abbatis piscem qui dicitiir sturgeon capiant^ totus
est Sancti Michaelis. 

Cartul. du Mont S. Michel, dans Lacurne. 

Suager (to sivage, Palsg.; ta suage), v. a., soulager, consoler,
apaiser, adoucir. V. Asuajer. 

Sa croiz li ad mustré, ki le cunforte e suage. 

Vie de S. Au ban, v. 284. 

Suasion (suasion), s, /"., conseil, sollicitation. Du lat. sua-
sioneni^ mot dérivé lui-même de siiadere, persuader. 


 

 

(delwedd C0996) (tudalen 0928)

— 928 - 

Traître, c'est donc ainsi que ma sœur méprisée
Sprt à ton changement de sujet de risée ?
Qu'à tes suasions Mélite osant manquer
A ce qu'elle a promis, ne s'en fait que moquer? 

P. CoRN.,Mei., 111,2. 

Suatume (sweetness), s. f., douceur, agrément, soulagement.
Du lat. suavitudinem. 

Pur veritet, e suatume {mansuetudinem, dit le texte latin) e
juslise. 

Lib. psalm., p. 60. 

Assez li estoiit maleraent,
N'aveil repos ne suatume. 

BÉN., Chron. de Norm., v. 30469. 

Subduction {subduction), s. /"., enlèvement. Du lat, subduc-
lionem, action de retirer. 

Ou par force ou par traïson,
Par art ou par subduction. 

fie des. Grég.,Y. 2419. 

Subject (subject), adj., soumis, tenu, assujetti. Du lat. sub-
jectum. V. Suhjection. 

E tute Ydumée lui fud subjecte. 

Les Bois, p. 148. 

N'est pas le deffendeur, se le demandeur se meurt, subject de
faire ledict adjournement, mais peult procéder contre les héri-
tiers du demandeur, car ilz sont subjectz de poursuyr la clameur
par luy prinse. 

Ordon. du Pari, de Norm. de 1515. 

Subjectiun, Subjection (subjection)., s. /"., sujétion, soumis-
sion. Du lat. suhjectionem. V. Subject. 

Pieça k'en ai la seignorie,
Bien est en ma subjectiun. 

Marie, Fable 3. 

11 tenoit les simples en subjection par forces, les variables en
faveur par corruption. 

Al. Chart,, VEsp-, p. 361. 

Submettre {to sicbmit), v. a., soumettre. Du lat. submittere.
V. le mot suivant. 

Tu es mon seigneur et mon maislre,
Soubz ta grâce me veux submettre. 

Le mist de la Concept., dans La Concept. N. D.
de Wace, p. 160. 

Se submettre à Dieu, 

Al. CHkKT , l'Esp., p. 295. 


 

 

(delwedd C0997) (tudalen 0929)

— 929 — 

Submission {siiOm>ssioii), s. /"., soumission. Du lat. suhmi's-
sionem. V. Submetlre. 

Moiennant l'obligacion et subrûisdoii d'iceulx... (promettant)
faire la dicte opperacion par les voies et manières dessus des-
clairées. 

Chron. du Mont S. Mich., Pièces div. (XV s.), II, 135. 

Et soit noté... que la submission que les obligez puissent faire
H certaine jurisdiction, etc. 

Terrien, Commenta du dr. norm., p, 430. 

Subsécutif {subsecutive, Sherw.), adj., subséquent, posté-
rieur. Du lat. sub et sequi. 

Ils debveroient estre satisfaictz tant du passé que du courant
desd. arrérages d'icelles rentes pour lad. année et autres subse-
cutives. 

Requête au roi par le Parlem. de Norm., de 1597, citée par M. Ch.
de Beaurep., t. 1, p. 346 de ses Cah. des Etats de Norm. 

Pour les (choses) contenues ausdits chapitres... immédiatement
subsecutifs, etc. 

Terrien, Comment, du dr. norm., p. 3.59. 

1. Substance {substance), s. f., biens, avoir. Du lat. subs-
tanlia, fortune, patrimoine. 

Pour ce sont failz les hospitaux,
Et se ceulx qui prennent travaulx
A les nettoyer et curer,
Pour leur cas veullent procurer
Quelque substance en leur demeure,
On en doit point trop murmurer. 

P. Gring., I, 77, 

-|- 2. Substance (substuance, provision, Palsg.), s. /"., subsis-
tance. Dérive aussi de substanlia, au sens de nourriture, ali-
ments. 

Et pour le vivre et la substance des dits chanoines et serviteurs
de la ditte chapelle, nous dotons la ditte chapelle des choses cy
dessous devisées et nommées. 

TesC. de 1317 , cité dans les Mt-m. et no.es de AI. Aug.
Le Prévost, III, 222. 

En patois normand, l'on dit dans le même sens sustance. 

Ils ont gobé, pour faute de sustances,
Chevau.x, mulets, chiens, chats... 

D. Feu., Muse norm., p. 273, 

Cette forme d'ailleurs est ancienne. 

Mengent la sustance au povre villageois. 

Vauq. de La FnE.SN., Sat., p. 235. 


 

 

(delwedd C0998) (tudalen 0930)

— 930 — 

Substantial {substantial), «((/'., substantiel. Du lat. aubstan

lialem, réel. 

La première, principale et plus substantiale partie de l'ordre
judiciaire est adjournemeat. 

Ordon. du Pari, de ?iorm. de 1515. 

Substraction [subsir action, Gotg.), s. /"., retrait, cessation,
diminution. Du lat. subslracLionem. 

Le subcide d'un sol pour livre que Sa Majesté veut estre levé
sur les toilles occasionnera la substraction du traffic de cette
marchandise en ceste ville de Rouen. 

Cah. des Etats de Sorm. de 1602, p. 7. 

Ceux que ses dons (de la grâce) daignent instruire, 

Ceux qui savent où peut réduire 

Le douloureux etfet de la substraction. 

Corn., Imit., II, 10, dans Littré. 

Substraire, Soubtraire {to subslract, lo sublract), v. a.
soustraire. Du ]at. substrahere. 

Les proufiz et droittures ont esté substraittes et ostées, parce
que, etc. 

Chron. du Mont S. Mich., Pièces div. {XV s.), II, 257. 

Voyez que au premier roy par lui estabiy, il rétabli le sceptre
et au tiers amoindri son obéissance et soubtrahi ses subjectz. 

Al. Ciiart., l'Esp., p. 294. 

Subtilesse {subtilness), s. f., subtilité. 

Par faulse subtilesse. 

Al. Chart., Le Liu. des quatre Dames, p. 613. 

Succéder (to succeed, Sherw.), v. n. réussir. Du lat. succe-
dere, arriver, avoir du succès. Si ex sententia successeril, si la
chose réussit à son gré, Cic. 

Ainsi donc nous succède
Ceste rébellion. 

J. Le Houx, Noëls virais, p. 24. 

Snccumber (to succumb), n. n., succomber. Du lat. succum-
bere. 

Se de la querelle dont il est question, il succumboit... 

Ordon. du Pari, de Sorm, de 151 î. 

Succurable, Sucurable {succouring, Sherw.), adj., secou-
rable. V. Sueurs, succurre, sucoreor. 

... Par tut lur seront succurable e aidanz. 

Ben , Chron de Norm., I, 92. Titre. 


 

 

(delwedd C0999) (tudalen 0931)

— 934 — 

Si depreiez seinte Marie 

K'ele vus seit vers Deu aidable 

E pie inere e sucurable. 

Vie de S. Gile, v. 478. 

Succurre {ta sucrour), v. a., secourir, être en aide à. Du
lat. succurvere. V. Socurre, siicoreor, sueurs, sucurable. 

A tes sergans suceurs. 

Lib, psalm., p, 251. 

Sucurrat nos li reis od suii harnet. 

Chans. de Roi., p. 91. 

Sucoreor {succonrer). adj ., auxiliaire, protecteur, défenseur.
V. Succurre, sueurs, sucurable. 

Là me fastes sucoreor
E conforz e defendeor. 

BÉN., Chron. de Norni., v. 10645. 

Sucors. V. Sueurs. 

Sucurable, Sucurre. V. Suecurable, siiecurre. 

Sueurs, Sucors {succon?'), s. m., secours. Du lat. succursum,
supin de succurrere. V. les mots qui précèdent et socors. 

A sueurs Deu requerre tut sun quer turn^d. 

Les Bois, p. 3. 

Nostre parent devum estre à sueurs. 

Chans. de Roi, p. 216. 

Ne sevent sucors n'aie. 

BÉN., CtiJ'on. de Norm., v. 5518 

Sudenment, Sudeement, Sudeiment, Soudéement [suddenly),
adv., subitement. 

Sire, quant vus partistes del régné sudenment. 

S. Thom. le Mart., p. 111. 

Si m'enbaterai sur lui sudeement et sur les suens. 

Les Rois, p. 181. 

... Sanz conseil, soudéement,
Ses messages fist envoler. 

Vie de S. Grée/., v. 614. 

Franceis de lor avènement,
Qu'il uni oï si sudeiment,
Sunt es'oahi e merveillant. 

BÉN., Chron. de .Yo/vn., v. .3223 

Suef. V. Souefl et 2. 

Suen {sweyn\ retentissement, fracas ; t'onuf/, son aigu),
s. m., bruit, fracas. 


 

 

(delwedd C1000) (tudalen 0932)

— 932 — 

Périt la metnorie de els ot suen (periit memoria eorum cura 

sonilu) (1). 

Lib, psalm., p. 9. 

En buisines e el suen de la buisine chantez devant nostre rei
(In tiibis el clangore buccinœ jubilate coram rege noslro). 

Lia des Ps., XCVII, 7. 

Suffere {to suffer), v. a., supporter, endurer. Du lat. suf-
ferre. V. Suffrant. 

Je sufîerai tut sun vivant, pur l'amur David men serf. 

Les Rois, p. 280. 

Vus sutferez iccst turnaent
Si à nus ne vus voiliez tenir. 

Marie, Purg., v. 958. 

Sufficience {sufjSciency), s. f., suffisance, aisance. 

Pur ceo qu'il unt sufficience ostée,
Est covaitise en lotir chastel entrée. 

Poés. anglo-norm., citée par M. Meyer, Bull, de la Soc.
des anc. textes, 1880, p. 69. 

Suffrable. V. Souffrahle. 

SufFrance {sufferance, sujj'ryng^ Palsg.), s. /"., souffrance. 

Car en sun petit dei en tient Deus la balance,
Ki met, tant cum li plet, nos mesfez en suffrance. 

5. Thom. le M art., p. 203. 

Suffrant {suffraunC), adj., patient, tolérant. V. Suffere. 

Deus, dreiz jugerre, forz e suffranz (Deus,judex justus, forlis 

et patiens). 

Lib. psalm., p. 7. 

Suil [sill), S. m., seuil. Du bas-lat. solium, du lat. solea,
plancher. 

Les puinz e le chief colpez li furent sur le suil {super limen). 

Les Rois, p. 17. 

-j- 1. Suir {to sue), v. a., suivre. — Siii, suivi, poursuivi,
Kel. V. Suir 2, sewir, siwre, parswir, porsuir. 

Vos le suirez à la feste seint Michel. 

Chans. de Roi., p. 6. 

Donc respondi Berna ri : là là ne te suiron. 

Wace, Rom, de Roit, v, 2193. 

(1) Sonitus signifie non seulement son, bruit, mais aussi fracas, reten-
tissement. 


 

 

(delwedd C1001) (tudalen 0933)

— 933 — 

Ce verbe a un substantif, suiance, dit pour suite, que l'on
rencontre en ancien dialecte normand : 

Pour un anel et une clenque ovec leur suiance, mis en l'uis
d'entre la sale et la cuisine, xij d. 

Compte de 1340, cité par M. Delisle dans les Actes norm. de
la Cil. des Comptes, p. 249, 

2. Suir {to sue), v. a., poursuivre en justice. V. Suir 1,
suivre, suite i, sieutour. 

S'aulcun recognoist en commun le crime dont il est suy, luy
mesmes se juge et damne. 

Ane. Coût, de Norm., ch. 23. 

Cil qui seroit accusé de crime... s'il n'estoit prins à présent
mefîaict ou suy, ou prins de prompte poursuytte. 

Le Rouillé, Gr. Coût, de Norm., î° xxxiv r°. 

1. Suite (suit), s. f., poursuite en justice, action intentée
devant un tribunal. V. Suir 2, suivre^ sieutour. 

Il fu jugié que une famé qui sivoit (poursuivait) Jehan de Ba-
quepins, chevalier, (à cause) de la mort son mari, ne puet pas
avoir cele suite, quant il (elle) ne se velt mètre en l'enqeste. 

MarnieR, Etabliss. de l'Echlq. de ISorm., p. 194. 

Suite de meurdre doibt estre faite en ceste manière : R. Se
plainct de T. qui a meurdry son père felonneusement en la paix
de Dieu et du duc, etc. 

Ane. coût, de Norm., ch. 68. 

2. Suite (assistance). V. Suitte.
Suiteur. V. Sieutour. 

Suitte (suit), s. /"., assistance. 

Celuy qui suit son propre conseil se prive d'autruy suitte, et
seul doit forvoyer qui tout seul se guide. 

Al. Çhaht., l'Esp., p. 359. 

Suivre [to suive*)., v. a., poursuivre, actionner en justice.
V. Suir 2, suite 1, sieutour. 

Il fu jugié que Hue de Rohes soit for baniz por ce que il a été
suiviz en quatre assises (à cause) de la mort d'un home et ne
vost onques venir avant. 

Marnier, Etabliss. de l'Ech. de Norm , p. 123. 

S'aucun commet creisme en publique
De quoi l'en le suit, il s'applique
El deinonstre son jugement,
Dont il doibt avoir dampnement. 

Coût, de Norm. en v., p. 67. 

Sultifs. V. Soutis. 


 

 

(delwedd C1002) (tudalen 0934)

— 934 — 

1. Sume, Summe {sion), s. /"., masse, somme, quantité. Du
lat. summa, total, ensemble. En prov. et en esp. swna. 

Eissi li eut rendu ses homes
E des riches trésors les sûmes. 

BÉN., Chron. de Norm,, v. 2851. 

Nuef centz e nunante nuef la summe ad cuntenii. 

Vie de S. A uhnn, v. 1403. 

Summe (total) de toutes les choses dessus dites : trois cenz
livres dis soulz et sis deniers tourneis. 

Ech. de 1308, dans les Mém. et notes de M . Aug. Le
Prévost, II, 28. 

2. Sume (abrégé). V. Some. 

Sumenour (somnoiir\ summoner), s. m., semonneur, celui
qui cite devant un tribunal ou une assemblée ; huissier, appa-
riteur. V. Snmvndre, sumunse. 

E al qui est redte e testimoniet de leauté et le plait irez foiz
eschuit e al quart mnstrent li sumenour de ses treis defautes,
uncore li mande l'um qui il plege truse e vienge à dreit. 

Lois de G util., 45. 

L'on a dit en anglo-normand sominour. 

Les sominours soient chargés de estre illonques mesme le jour
à tesmoyner lour semounse. 

Bbitton, Code, ch. 74. 

1. Sumer (lo sum), v. a., résumer. Du bas-lat. summare, dire
en somme. En espagn. sumar. V. Siima. 

Li granz Occeans l'avirone,
Si cum la lettre dit e sume. 

BÉN., Chron. de Norni., v. 31. 

2. Sumer. Summer (siomner*), s. m., sommier, bête de
somme. V. Sumiere. 

Getet serez sur un malvais sumer. 

Chans. de. Roi., p. 40. 

En sa cunlréo en est alez,
Hastivement s'est atornez
De riches dras e de divers.
De palefreis e de sumers. 

Marie, Lanval, v. 119. 

Quant saint Thomas Toï fist ses summers chargier. 

S. Thom. le Mart., p. 14G. 

Sumet (summit), s. m., sommet. 

Il vint al sumel del munt, ù il volt aurer nostre Seignur. 

Les Rois, p. 176. 


 

 

(delwedd C1003) (tudalen 0935)

- 935 - 

Sumet est le diminutif de sum, qui s'est dit pour le point le
plus élevé, du lai. summum. 

Enz el pui d'Arches, dreit en sum,
Fist une ter e un dangon. 

Bén., Chron. deNorm., v. 32458. 

Sumiere {summer, poitrailj, s. /., grosse poutre. V. Sumer.
Levad une sumiere pur le vaissel amunt suzpuier. 

Les Rois, p. 255. 

Le mot subsiste en dialecte normand ancien et moderne,
sous une autre forme, celle de sommier, désignant une forte
poutre, dont les extrémités portent sur deux murs opposés et
qui soutient la double série des solives servant à former un
plancher. Dit, par métaphore, de sommier, bête de somme. V.
Sumèr. 

Les murailles et autres ediffices estans et servans à l'ediffi-
cacion et soustenement desdis scelliers, depuis les fondemens
d'iceuls jusques aux sommiers et planchié desdis selliers. 

Ch, de 1455, du Cartul. de Lisieux, fo 47. 

Le voisin ne peut mettre ses sommiers contre ni à l'endroit de
la cheminée qui aura été premièrement bâtie ; on ne peut aussi
appliquer de nouveau une cheminée contre le mur mitoyen, dans
l'endroit où les sommiers de la maison voisine se trouvent placés
d'anciermeté. 

Pesnelle, Coût, de Norm. expliquée,^. 822. 

Summe. V. Sume 1. 

Summer. V. Sumer. 

Sumundre (lo summon), v. a., sommer, requérir, inviter.
V. Soraondre, sumunse. 

Li reis Achis sumunst David qu'il e li suen venissent od lui
en l'ost. 

Les Rois, p. 108. 

De bien faire les ad sumun.s. 

Marie, Eliduc, v. 212. 

Sumunse (summons), s. /"., sommation, invitation. V. Su-
mundre. 

Li poples tuit en vait à sa sumunse. 

Les Rois, p. 38. 

Fors de la porte od li eissirent.
Que sumunse n'i a'endirent. 

Marie, Eliduc, v. 161. 

Sun, Son [song) s. w., chanson. 


 

 

(delwedd C1004) (tudalen 0936)

— 936 — 

N'i aveit pas reprueces ne dite vilanie,
Mais suns e rotruenges, e regrettent amie,
De corns e de busines rault bêle rebundie. 

Chron. de Jord. Fant., v. 1306. 

Del deraien de la meison
Le voldreit raielz, cen dit par sun,
Que d'un qui fust d'antiquité
En altre leu norri e né. 

GuiLL. DE S. Pair, Bom. du Mont S. Mich., v. 2197. 

Ne s'aima jamais plus aux danses et aux sons. 

Vauq. de La Fresn., Art poét,, III, p. 97. 

D"où le verbe sonner^ chanter : 

La mort de sa Philis, si pileuse, il sonnoit. 

lo., PoM., p. 620. 

Supediter, Suppediter {lo siippeditale'), v. a., soumettre,
abattre, vaincre. Du lat. suppeditare. 

De l'orgueilleux Lucifer la falace
Supeditée par Verbe sera. 

Le mist. de la Concept., dans La Concept. N.-D.
de Wace, p. 158. 

Ils ne m'ont sceu oncques suppediter. 

P. Gring.,I, 89. 

-f- Super [to Slip), v. a., humer, aspirer, avaler. C'est une
onomatopée. 

Plusieurs allèrent les veoir manger... Somme toute, qu'ils
mascherent, torderent, sapèrent, avallerent, mangèrent, humè-
rent, mordirent et jouèrent si bien des babines qu'en troisjours
et trois nuicts, mirent ledit eslang à sec. 

Nouv. fabr de.s excel. tr. de vér., p. 136. 

One la veit point san frechon.
Et san que le cœur aranquaine,
Se n'euii, ma fey, supe l'alaine
Comme un brouétié la béchon. 

L. Pet., Muse norm., p. 17. 

Qui t'empêchit de venin super une tasse de thée ? 

Rimes jers., p. 45. 

Ce verbe est aussi employé dans un sens figuré. « Super un
héritage », c'est le dissiper en peu de temps. 

Superabondant {supo'abvndant), adj., surabondant. Du lat.
superabundantetyi. 

Se peut donner la sentence conire le contumax, sans autre
superabondant adjournement. 

Terrien, Comment, du dr. norm., p. 516. 


 

 

(delwedd C1005) (tudalen 0937)

- 937 - 

Superinteadance {super intendence), s. /"., surintendance,
direction. Se rattache au lat. superintendere^ surveiller. 

Pour donner à aucun le gouvernement et superintendance de
leurs affaires. 

Id., ib. , p. 480. 

Supernal, Supernel [supernal), adj., d'en haut, céleste.
D'une forme iiclive supernalem. Du lat. supernum, du ciel, cé-
leste. V. Superne. 

Oiez cum l'estorie comence :
Quant la supernal providence
De ceus de la haute majesté,
En quei Deus maint en trinité. . 

BÉN., Chron. de Norm., v. i du liv. II, t. I, p. 80. 

Supernelle bonté in mense,
Seul Dieu régnant, insuperable.
Le mist. de la Concept., dans Lk Concept. N.-D. de Wace, p. 163. 

Supernaturel {supernatural), adj., surnaturel. 

Ne peut venir à parfaicte cognoissance de vertu supernaturelle. 

Al. Chart., l'Esp., p. 287. 

Superne (superne'), adj., suprême, qui est au-dessus de tout,
de là-haut. Du lat. Super mon. V. Supernal. 

Le munde e le règne superne,
Où nus ne peust rien bassier
Ne acreistre ne apeticier. 

BÉN., Chron. de Norm., v. 23774. 

Supernumeraire {svpernumerary), adj., extraordinaire, su-
rabondant; superflu. Du lat. sup er mimer arium., qui dépasse le
nombre. 

Si un tesmoin, examiné (interrogé) sur plusieurs faicts, est
trouvé supernumeraire sur l'un des dits faicts seulement, sa de-
position sera entièrement rejeltée. 

Teiuiien, Coinmcnc. du dr. norni.,^. 386. 

Remontrent les dicts Estats à Sa Majesté que ce qui plus ap-
porte de foulle, oppression et coustage à ses povres sujets... c'est
la multitude des officiers supernumeraires. 

Cak. des Estais de Norm. (Xyi« s.), p. 17. 

Superscription (superscription), s. f., suscription. Du lat.
superscriplionem, inscription . 

Et en la snperscription, en la queue des dictes lettres, esloit
escript : A nos amez et feaulx les lieutenant, etc. 

Vidimus de 1425, dans la Chron. du Mont S. Midi., I, 224. 

Superviseur {supervisor)., s. m., surveillant, inspecteur. Du
lat. super et videre. 


 

 

(delwedd C1006) (tudalen 0938)

- 938 - - 

Il y a à présent une office de superviseur, à laquelle les sieurs
conseilliers et echevins de la ville pourvoyant. 

Coust. de la Vie. de l'Ecute de Roaen, art, 53, 

Suppediter. V, Supediter. 

Supplantatium (supplantation), s. /"., action de supplanter,
ruses, pièges, trahison. Du lat. svpplantationem . 

Chi manjot mes pains, magnifiât sur mei supplantatiun. 

Lib. psalm., p. 55. 

Supplier {to supply), v. n., suppléer. Du lat. supplere. En
provenç. supplir, en ital. supplire. 

Aux raisons de droict peut l'en supplier. 

Le Rouillé, Gr. coat. de Norm., i° xviij i*. 

J'ay prins peine de racueillir ce que j'ay peu et supplier au
reste. 

De Bras, Rech. et ant. de la ville de Caen, p. <5. 

Supris. V. Soupris. 

Surcot, Sourquot {surcote*), s. m., espèce de vêtement com-
mun aux hommes et aux femmes, qui se mettait par-dessus
les autres. Dans un vocabul. lat.-fr. du Xlll® s. conservé à la
biblioth. d'Evreux, on trouve stipertunicale traduit par sitrcol. 

Item, iij manteaux, iij surcos, iij cotes, etc. 

Invent, de 1308, cité par M. Delisle dans VAgr. en Norm.
au nio'jen âge, p. 726. 

Un sourquot de burnele fourrei, un sourquot de pers fourrei
tous à famé ; une coignie, trois tables, etc. 

Autre lie 13So. cilé par le même dans les Actes
norm. de la Ch. des Comptes, p. 60. 

Surdre {surdaunV), s'élevant, surgissant), v. n, s'élever,
surgir, sourdre. Du lat. sur gère. 

Venir s'en volt li empereres Caries,
Quant des paiens li surdent les enguardes. 

Chans. de Roi, ^. 248. 

Dous yrainnes (araignées) visl surdre de! funz, d'une tenur. 

5. Thom. le Mart., p. 140. 

■:• + Surelle (sorrel), s. /"., oseille. Surelle est avec le même
sens dans Cotgrave, comme mot français. 

Brays cest surelle et ung peu de fueilles de violetes ensemble. 

Palsg., Grain., p. 732. 

Surexalter {to superexall), v. a., exalter, élever très haut.
Du. lat. seperexaltare, élever au-dessus. 


 

 

(delwedd C1007) (tudalen 0939)

- 939 -
Qu'ils le (Seigneur) louent et siirexaltent en tous siècles. 

p. Corn., 0,fr. v. 

Surgien {Surgian-Pnhg.] surgeon), s. //?., chirurgien. 

Mandons... que tout ce qui vous apperra estre deu à nostre
amé surgien, maistre Thomas Ogier..., vous lui paiez. 

Mand. de 1346, cité par M. flelisle clans les Actes norni.
de la Ch. des comptes, p. 344. 

A maistre Pierre Delacroix, surgien, pour fere l'offrande dudit
Lavenu à saint Cosme et saint Damien, aiusi qu'il est accouslunié
faire, conime dit ledit surgien, 5 s. 10 d. 

Compte de 1435, cité par M. Ch. de Beaurep. dans ses
Notes eC doc. sur la Norm., p. 213. 

En patois normand, l'on dit aujourd'hui cérugien, cimgien. 

-\- Surir {lo sotir), v. n., tourner à l'aigre, devenir sûr.
Palsgrave a dit, dans le même sens, s'ensurir. 

L'aile (la bière) s'ensuryt au temps d'esté bien tost. 

Grii.m. , p. 455. 

Surquidier, Surquidie, Sourquidie (surfjitedi'ie-Shevvf.), s.
/"., arrogance, présomption, outrecuidance. — Surquidance.,
présomption, dédain, Kel. V. Sorquidant. 

A Deu qui li aida par tôt u'en rendi grez,
Par surquidier, enprist l'ofiee as ordenez. 

S. T/iom. le Mart., p. 103. 

Sxirquidie. Sourquidie appartiennent, par leurs formes, à la
classe des substantifs. 11 nous parait certain, cependant, d'après
les deux textes suivants, que ces mots ont été aussi employés
adjectivement avec l'acception d'outrecuidant, orgueilleux : 

Ne me tenez pas à surquidie,
Si vos os faire icest présent. 

Marie, Prologue, v. 54. 

Vez là le mauvez sourquidie,
De bien e de grâce voïde,
L'orde, puant, beste camuse,
Celuy qui nos frères accuse. 

L'Adiioracie N.-D., p. 21. 

Outre surcudant* (en v. fr, sorquidant), le v. angl. avait en-
core l'adj. su)'quidous\ pour exprimer le sens de présomp-
tueux, arrogant. 

SvLTve'ptice {su7'reptiliousj, adj., subreptice. Du lat. surrep-
liiiuni., sousti-ait, enlevé. 

Kt si lesdites remissions sont trouvées surreptices, obreptices 


 

 

(delwedd C1008) (tudalen 0940)

— 940 — 

011 inciviles, il (le juge royal) ne peut évincer et débouter les
porteurs d'icelle. 

Terrien, Comment, du dr. norm,, p. 473. 

L'on a dit de même surepiion pour subreption. 

IceuJx habitans, en taisant ces choses par sureption, auroient
obtenu lectres, etc. 

Sent, du bailly d'Orbec de 1544, dans les Mérn. et notes
de M. Aug. Le Prévost, l, 272. 

Surrogation(sM?T05'a<îo?î-Sherw.),s. /"., subrogation. Terme
de droit. V. Surroguer. 

La court ordonne que s'aulcun receult le procès d'aulcune
personne qui soit en cause en l'Eschiquier, soit à tiltre d'oerie,
surrogation, cession ou aultrement, que en la présentation qu'il
fera en l'E'chiquier, il declairera les noms et les surnoms, en-
semble la qualité des personnes et matières pour les quels il se
présente. Aultrement il sera réputé pour non présente. 

Ord. de l'Ecldq. de yorm. de 1469. 

Et sans la dite surrogation ne seroit recevable. 

Terrien, Comment, du dr. norm., p. 278. 

Snrrogner {lo si(7Togate)., V. a., subroger, transmettre une
garantie. Terme de droit. Du lat. siirrogare. substituer, met-
tre à la place, garantir. V. Sto^rogation. 

Si (la caution d'une rente) acqueroit ladite rente, se faisant
surroguer au droictde l'acheteur, il ne pourroit plus contraindre
le venduer à faire ledit racquit (remboursement). 

Terrien', loc. cit., p. 249. 

Sursaneure {sursamire'), s. f., cicatrice. 

Ensemble purrirent e defistrent les meies sursaneures de la
face de ma folie {Computriierunt et tabnerunt cicatrices meœ a
facie insipientiœ meœ). 

Lie. des Ps., XXXVII, 5. 

Surseer {to sufcease*), v. n., surseoir, s'abstenir, se tenir
coi. Du lat. supersedere, discontinuer. V. Seer i, aseer. 

E ki le cri orat e sursera, la surcise li rei amend u s'en
espurget. 

Lois de Guill., 4 8. 

Nous vous prions et mandons que vous surceez et supersedez
de lever la ferme et subside que vous vouliez faire lever sur plu-
sieurs marchandises chargeans et dechargeans au dict Havre de
Grâce. 

Doc. sur la fond, du Havre, p. 472. 

Le subst. de ce verbe, surséance., est resté français.
Surunder, Sorunder, Soronder [to surround, Sherw.), v. n., 


 

 

(delwedd C1009) (tudalen 0941)

- 941 — 

déborder, affluer. Du lat. superundare. — Surrounder, sub-
merger, inonder, noyer, Kel. 

Tant que li fos?ez ki deled le altel esteit, fud plein et surunda. 

Les Rois, p. 818. 

E quant trop grant joie i r'abonde,
R'orvre-pn le quer tant et sorunde
Qu'ainz que clorre se puisse arere,
Hemuert Tom bien par tel manere. 

BiiN., Chron. île Norm.,v. 30190. 

Tant par sorondot, à grant fès, 

Li fluves que l'en cleime Teivre 

Qu'as Romeins tant donot à heivre 

Nis par en som les murs de Rome • 

Qe en meison ne remist ome. 

Vie de S. Grég., v. 723. 

Le sens moderne de to swToimd (entourer, cerner) se relie
par une métonymie assez fréquente, celle qui substitue l'effet
à la cause, au sens qu'exprime le verbe normand sumnder et
que le verbe anglais lui-même conservait, suivant Sherwood,
dans la seconde moitié du XVI I'^ s. 

Sw'onder se trouve dans Cotgrave avec le sens de flotter sur
les vagues. Surunder existe aussi dans Palsgrave, mais avec
une acception bien plus voisine de celle exprimée par le
verbe normand. 

Paradys surunde (abonde) de tout grâce et bonté. 

Grain., p. 577. 

Surveeir, Sorveeir {to survey), v. a., voir (dans son ensem-
ble), examiner. Du lat. super et videre. — Surveer, voir en
entier, Kel. 

David survit sa ost {considerato David populo suo). 

Les Rois, p. 185. 

Veeit mil manières d'oiseaus...
... Li païz e li reynez
En ert eisi en loinz coverz
Que oilz abaissiez et overz
N'en poeit surveeir le quart... 

Ben., Chron. de Norm., v. 1403. 

A lui ont li dux comandé
Que il alast l'ost sorveeir,
Aprendre e conoistre saveir
Gumbien i a de chevaliers.
Qu'en a Tiebaut josté milliers. 

Id., Ib., V. 22123.  

Snspeccion {suspection'), s. m., soupçon. Du lat, suspec-
iionem. 


 

 

(delwedd C1010) (tudalen 0942)

— 942 — 

Tanl tost out-ele suspeccion 

Qui de son fiz le emblison 

Par Jus (Juifs) fet et par tréison. 

Hugues de Lincoln, p. 2. 

Suspeis. V. Souspeis. 

Suspicieux (suspicions), adj., soupçonneux, suspect. Du
lat. siispiciosum. 

Fuyez rapportz faulx et suspicieux. 

Al. Chart., Le Lay de la Paix, p. 549. 

Suspirer (to suspire'), v. n., soupirer. Du lat. suspirare.
De mautalent soufle e suspire. 

Wace, Bom. de Rou, v. 10415. 

Forment le prie en sun curage,
Â.murs i lance sun message,
Qui la somunt de lui aimer,
Pâlir le fist e suspirer. 

Marie, Éliduc, v. 303. 

Sustenance, Soustenance {sustenance), s. /"., alimentation,
subsistance, nourriture. Du lat. sustinentiam. ce qui donne le
courage pour supporter. V. Sustenir ï, Soustenanee 1. 

Des fruiz des arbres avérez sustenance. 

Les Rois, p. 415. 

Il a son hesbergement, son ardoir, la reffeclion et soustenance
pour son dit manoir, fours, pressours, etc. 

Coût, des for. de Norrn., cité dans les Mém. et notes
de M. Aug. Le Prévost, II, 160. 

Le mot était usité en anglo-normand, par les jurisconsultes
anglais : 

Pur ceo que tielx averages fueront fait pur le viver et suste-
nance de lour seigniors, ils fueront quits envers lour seigniors. 

LiTTLETON, Instit., 119. 

1. Sustenir ito sustain)., v. a., sustenter, nourrir. Du lat.
sustinere qui a, entre autres acceptions, celle-ci. V. Suste-
nance, sustenir 2, 5, et sustenance. 

Là les sustiuc de pain e de vitaille. 

Les Rois, p. 314. 

N'orent tant de vitaille dunt sustiengent lur vie. 

Ctiron. de Jùrd, Fant., v. 211. 

2. Sustenir (to sustain), v. a , soutenir, maintenir, appuyer,
défendre. Dérive fiiissi de suslinei'e, qui s'est dit en ce sens.
V. Sustenir 1, 3 et soustenance. 


 

 

(delwedd C1011) (tudalen 0943)

— 943 — 

Tuit cil chi susteueat tei ne serunt confundut. 

Lib. psalin,, p. 29. 

Chresfientet aidez à suslenir. 

Chans. de Roi., p. 96. 

3. Sustenir {ta sustain).,v. a., souffrir, subir, endurer. Même
radical que sustenir 1 et 2. V. Soustenir. 

E pur l'amur de Deu la mort voil sustenir. 

S, Thom. le MurC, p. 187. 

Suth {south), s. m, sud. — Des parties del suth, des régions
méridionales, Kel. 

Altresi dient de est un vent,
De suth e de west ensement. 

Wace, Rom. de Rou, v. 5221. 

Sutis, Sutivement. V. Soutis.
Suyteur. V. Sieutour.
Synamone. V. Cynamone. 

Tabernacle {tabernacle*)., s. m., niche d'ornement. 

Deux assiectes au dessus des tabernacles servans d entrepié du
portail du devant d'icelle tour. 

Doe . sur la fond, dw Havre, p. 188. 

-}- Tabler (se) {to table', se mettre à la sainte table, pour y
communier), v. réfl., se mettre à table. On dit aussi être
tablé pour être à table. Le verbe moderne to table signifie
donner la table, nourrir. Le patois normand a aussi le subst.
tablée, réunion de personnes attablées. 

Tables {tables"., jeu de trictrac ; tables, jeu de dames); s. f.
pL, tous les jeux dans lesquels on employait des pièces mo-
biles sur une table dont la surface était divisée en petits car-
rés. V. Tablier. 

As tables juent pur els esbaneier. 

Chans. de Roi., p. 11. 

De tables, d'esches e de dez
Résout, ce vos di, senz faille assez. 

BÉN., Chron. de Norm., v. 17405. 

Tablier {tablere'), s. m., petite table dont la surface était di-
visée en carrés alternés blancs et noirs, et sur laquelle on
jouait aux échecs, aux dames, au trictrac. V. Tables. 


 

 

(delwedd C1012) (tudalen 0944)

— 944 -
Cassiel l'entendi, qui seoit au tablier. 

Rom. d'Alex., cité Chron. de \orrn., II, 515, col. 1. 

Ainsi qu'il se fait entre qui se jouent un tablier, qu'on appelle 

eschiquier. 

De Bras, Rech. et ant. de la ville de Caen, p. 10. 

Tabour. V. Tabur. 

-)- Tabourin [tabourin], s. m., tambourin. Tabour in est un
diminutif de tabour, tambour (V. Tabur) ; tabourin se ren-
contre, comme mot français, dans la gramm. de Palsgrave,
p. 279, et dans le diction, de Cotgrave. 

C'est un soldat sans panache.
C'est sans pifre un tabourin. 

J. Le Houx, Chans. du Vau-de-Vire, p. 89. 

Tous les edils du roy... s'adressent à eux (aux baillis), pour
nolitier au son de la trompette et du tabourin. . . 

De Bras, Rech. et ant. de la ville de Caen, p. 50. 

A Guernesey, l'on prononce labouarin : 

Enfin, vient Tpus bel de l'histouaire,
L' violon, la tifie et 1' tabouarin. 

Rimes guern., p. 160. 

Tabur, Tabour {labour, Gotg.), s. m., tambour.
En Sarraguce fait suner les tabiirs. 

Chans. de Roi., p. 74. 

Pour cloclies avoient son de tabours. 

p. Gring , 1, 154. 

Et tant plus le tabour il (le tigre) oit sonner et bruire,
Dépit en se mordant, plus fort il se déchire. 

Vauq. de la Fresn., Art. poêt., II, p. 78. 

Tai [to taye\ étendre de la boue sur un champ, le fumer,
l'engraisser), s. m., boue. 

E trestuz enboez de tai se fist heser. 

S. Thom. le Mart., p. 214, Append. 

Sor le rei fu teus li damages...
Qu'en tai de sanc fu la pudrern. 

BÉN., Chron. de Norm., v. 21717. 

D'où l'adj. entaiez, couvert de boue : 

Eissi unt amené le moine,
Qui uncor ert toz entaiez
E toz dolenz e toz moilliez. 

76., V. 25877. 

Juste un pilier s'asist à la terre entaiez. 

S. Thom. de Cant.,^ 213, Append. 


 

 

(delwedd C1013) (tudalen 0945)

— 945 — 

Taillage, Tallage (taillaf/e', tallage), s. m., taille, taxe, im-
pôt. V. laillie. 

Manaeii flsl se asise e sun taillage sur tuz les riches humes de
Israël. 

Les Bois, p. 393. 

Grevus est li tallage,
Mes y nus cuveynt suffrir ;
Mes ceores nus fimt damage,
Ky le deyvent cuillir.
Poés. anylo-norm., rec. par M. Meyer, Romania, IV, 397. 

Taillie {tallie, Sherw. ; tally), s. /"., taille. V. le mot précé-
dent. 

Pour lettres as diz vicontes envolées pour faire venir à Caen
les impositeurs et les receveurs de la taillie pour les franchises
de Normandie... viii s. 

Compte de 1340, cité par M. Delisle dans les Actes norm.
de la Ch. des Comptes, p. 264. 

Taindre, Teindre (/o laint), v. a., infecter, gâter. Du lat.
tangere, toucher, atteindre. 

Rou esteit de liepre tôt taint e tôt vertiz. 

Wace, Bom. de Rou, v. 989. 

De raaulalent et d'ire et teint et tressuez. 

5. Thom. le M art., p. 54. 

Talent (talent*), s. m., désir, caprice, goût, penchant. Du lat,
talentiim, poids, ce qui fait pencher, ce qui entraine, déter-
mine. — Talent^ inclinaison, affection, Kel. — V. Atalenter,
enlalenler, mautalent. 

Si s'en alad ù talent li prist. 

Les Rois, p. 320. 

E li Franceis n'unt talent que s'en algent. 

Chans. de Roi., p. 289. 

Talevas [talvace'), s. m., espèce de bouclier ou d'écu, à
l'usage des fantassins. 

As talevas se sout bien couvrir e racler. 

Wace, Rom. de Rou, v. 2517. 

Si se hurtent des talevaz. 

Bén. , Rom. de Troie, v. 2H42. 

Tallage. V. Taillage. 

Tamer (to tame, soumettre par la crainte, dompter), v. a.,
inquiéter, préoccuper. Du lat. limere. 

60 


 

 

(delwedd C1014) (tudalen 0946)

— î)/((i - 

Ne te tamer, tu auras enfant [ne limeas, quia ftUum pepe-
risll) . 

Les Rois, p. 17.
la de tôt ce ne vos tamez :
Alez à lui, si vos clamez. 

i\Iir. dti la B. M. V., v. 299. 

Tanailles {lanades'), s. f. pi., tenailles. En ital. tanaglia. 

Plus set d'enchantement, d'art et de favele,
Ke ne set de tanailles fevre ki martelé. 

Vie de S. Auban, v. 1249. 

Tanailles et martel portez,
Dunt li clou serunt dérivez. 

La Résurr. du. Sauv., p. 18, dans Litiré. 

+ Tangon {lang' 8, herbe marine, algue), s. m., varech,
longues plantes marines, que la mer rejette sur le littoral et
qu'on recueille comme engrais. Celte dénomination est parti-
culièrement en usage à Guernesey. V. le mot suivant. 

Il était coumme un dragon, 

Mais j' linchais le p'tit margon 

Dans la sauce (l'eau de mer) ove un tangon. 

MET. , Dict.franvo-norm., p. 457. 

Tangue {Uukj* 9 (1)), s. /'., espèce de limon, mélangé de
sable gris, que l'on recueille en Basse-Normandie, à l'embou-
chure de quelques rivières. En bas-lat. lanfja. 

Accipiebant enim tangam sine licentia et assentu baillivorum
abbatis, in grande dampnum inonachorum. 

Chartu de 11S6, citée par M. Delisle dans VAgric, en Norm.
au inoyen âge, p. 269. 

Leur vie est un perpétuel apprentissage de la mort ; sont-ils
sûrs de revenir de leurs lointains voyages? sont-ils sûrs d'échap-
per au flot qui va monter, quand ils ramassent la tangue sur les
grèves ? 

E. DE La Bédol., L(-'S Xormands, dans Les Franc, peints
par euji-menies, 1, p. 180. 

L"on dit en patois tangueux pour désigner l'ouvrier qui re-
cueille la tangue, et languière pour indiquer le lieu où l'on
prend cet engrais. Enlin tanguier c'est engraisser une terre
avec la langue. 

-\- Tanner {lo tan* â, importuner, corner aux oreilles), v. a.,
ennuyer, agacer, importuner, excéder. Gotgrave donne le
verbe en ce sens ; dans Palsgrave, se tanner est dit pour se
lasser, s'ennuyer {Gramm., p. 778). 

(1 ) Sous Cage', Halliwell donne tayng, qui paraît avoir le sens de fumure. 


 

 

(delwedd C1015) (tudalen 0947)

— 'J47 — 

,1e vous donne plaine puissance
De choisir où y vous {)laira,
Car je suis si tuné desjà
De tant servir et sans ordonnance. 

C/ucns. norrn. du XV' s. — Rec. Gasté, p. H. 

Le surplus desja me tanne et lasse. 

Al. Cuart., Complainte sur la mort, \<. 53». 

Tapinage (en) [lapinage", secret), loc. adv., en secret, en
confidence. V. Tajtir. 

Si coni l'en dit fn tapinage. 

W.\CE, llo/)i. lia Uou, V. «310. 

Le patois normand use d'une locution analaguc « à tapin »
ou « en tapin », locution qu'il a empruntée à l'ancien dia-
lecte : 

Toi est emblé e en tapin
S'enfuit qui lor cois pot garir. 

Bén., Chron. de Norm., v. 22384. 

Tapir [lo lappy')^ v. n., être caché, dérobé à la vue. Le
verbe ne subsiste en français que comme verbe réfl. — Taper,
être caché, se cacher ; tapels, voiles, rideaux. V. Tapitiar/e. 

Cité k'est en munt asise, 

Ne puet tapir en umbre mise. 

Vie de S. Aahan, Rubrique, f" 58 i°. 

Taque {tach), s. /'., clou, pointe, et généralement tout objet
.servant à attacher ou à suspendre. V. Taquet, attaquer, es-
tache. 

Hobe qu'oaques ne fut vestue
Ou qu'à taque ne fut pendue. 

Coût, de Norm., en v,, p. 63,  

On appelle taque en patois normand une pelote sur laquelle
on fiche des épingles et des aiguilles. 

+ Taquet (tackef), s. m., petit clou à large tcMe. C'est un
diminutif du mot précédent. Taquet est usité dans le sens qui
vient d'être indiqué à Guernesey. V. le Diction, de M. Méli-
vicr. 

-|- Tar [tar], s. m., goudron. Le mot est usité aussi en ce
sens à Guernesey, comme substantif féminin. 

Ou v'nait neire coumm' de la tare,
Dès qu'il entrait dans l'auniare. 

lîime^ (/uern., ]). GO. 

-1- Tarane [lar(i(ie\ apjiarilion, phénomène), .v. /'., gnùme, 


 

 

(delwedd C1016) (tudalen 0948)

— 948 - 

feu-follet. V. Gobelin et les autres mots auxquels il est ren-
voyé à celui-ci. 

Tardation (tardalion), s. /"., retardement. V. Tarder, tar-
dité, tarjance. 

Ta femme Anne rencontreras,
Qui est, par ta tardation,
En peine et lamentation,
Plaine de dueil et desplaisance. 

Le mist. de la Concept., da.ns La Concept. AL-D. de
Wace, p. 162. 

De même que tardalion est venu de tarder, de même
targer, synononyme de ce verbe (v. Targer), a donné tar-
geisun. 

Dune est alez à elz, qu'il ne list targeisun. 

5. Thom, le Mart., p. 164. 

Tarder (to tardy), u, a,, retarder, arrêter, ralentir. Du lat.
tardare., qui a ces diverses acceptions. 

A mon regr- 1, ainsi le temps ingrat se passe,
Qui tarde mon espoir. 

Vauq. de la Fresn., Sat., p. 138. 

Ny l'horreur des rochers, des lyons ni des ourses
Ne tarderoyeut mes pas, ny les plus longues courses. 

Champ-Repus, Œuv- poét., p. 25. 

Tardité {tarditg^ Cotg.), s. /"., lenteur, retard. Du lat. tardi-
tatem, marche lente. V. Tardalion, tarjance. 

Abacuc... en escrivant en la personne des hastifs désirs hu-
mains contre la tardité et longue souffrance des jugemens de
Dieu, forma la demande pareille à la tienne. 

Al. Chart., l'£'sp.,p. 302. 

-\- Targer, -\- Targier {lo large), v. n., tarder. Du lat.
tardare, par des intermédiaires fictifs targare, targiare. —
Targer, targyr, différer, retarder, Kel. V. Tarjance. 

Quant aler dei, n'i ai plus que targer. 

Chans. de Bol., p. 29. 

Maistre, un livre voil faire
E mult m'est à cuntraire
Que tant me suis targiet,
Que ne l'ai cumenciet. 

Phil. de Thaon, Comput, v. 23. 

Je n' targerons miette. 

RtTnes gaern,,'p. 84. 

J'avons trop turgi, trop haoutai. 

Met., Dict.franco-norm.,i>. 206. 


 

 

(delwedd C1017) (tudalen 0949)

— 049 — 

Tarier {lo tarie\ lo tar), v. a., exciter, pousser, entraîner.
Touz jors m'assaul et me tarie. 

L'Advocaoie N.-D., p. 48. 

Le patois normand a conservé le fréquentatif de ce verbe,
tariner, marchander avec obstination, d'une façon fatigante. 

+ Tariner. V. Tarier. 

Tarjance {tarriance\ taryaunce,T?a.\»g.), s. /"., retard, délai,
V. Tardalion, tardilé, targer. 

A la patfin li unt loé (conseillé)
Que, senz demore e senz tarjance,
Se traie mais e aut vers France. 

BÉN., Chron. de Norm., v. 2990. 

Certes, le cunte d'Arundel unkes n'ama tarjance. 

Chron. de Jord. Fant., v. 1013. 

Tarrasse {larras"), s. /"., terrasse. 

Toutes les tarrasses estoieut plaines de Sarrasins bien armés
et bien atjustés. 

P. Cochon, Chron. norm., p. 45, éd. de Beaurep. 

Convient de faire au parmy ung pillier... qui vindra de tout
bas et yra jusques soubz la tarrasse. 

Doc. sur la fond, du Havre, p. 34, 

-}- TasqvLe {lask, lâche, charge; taske, taux, Palsg.), s. f.,
taxe, règlement imposé par l'autorité pour le pris de certaines
marchandises. « La tasque du pain n, Tasques, taxes. Kel. V.
Tasquer. 

Tasque vient de lasca., mot fort ancien dans la basse lati-
nité. « Tasca., dit Ducange, vox est yallica velus, qiHwi pro
prœstalione agraria postmodum usurpassent noslri «. 

-J- Tasquer {to task, frapper d'impôts), v. a., taxer. V.
Tasque. 

Tassel {lassel, gland, cravate de drapeau; tassel, houppe,
Sherw.), s. m., ornement, frange, garniture, riches acces-
soires. Tasel est dans Ducange [Gloss. fr.) avec le sens de
frange. V. Tasse lé. 

Sur les autres dras out tut dis un brun mantel
Blaunche pêne (fourrure) d'aignels, sans ur (ourlet), le neir
Et desuz un surplis blanc et delgé et bel. [tassel, 

S. TJiom. le Mart., p. 201. 

Si en feist orle ou tassels. 

Wace, Roin. de Brut, v. 11981, var. 

Puis, en prenant la tassete (houppe) 


 

 

(delwedd C1018) (tudalen 0950)

- 950 — 

De sa pendante jaquete,
Sous l'esselle la troussa
Et devers moi s'avança. 

Vai:q. de La Fresn., Forest., I, 12. 

Tasselé (lasselled : tasselled, Sherw., orné de glands, de
houppes), rtrfy., garni d'ornements. V. Tassels. 

D"or et de pieres tasselé. 

BÉN., Chron. de .Yor/n., v. 6210. 

Tassete. V. Tassels. 

-f- Tatiner {to /.utile), v. n., bavarder, babiller, caqueter.
D'où tatinoire, bavarde. 

Le suppliant dist à icellui Perceval pourquoy il appelloit sa
femme tatinoire. 

LeL. de j'ém. de 1460, Duc, Tata. 

Taunt (tannC), adv., tant. 

Ceo est la femme al chevaler,
Qui taunt par suliez aveir cher. 

'M\niE^ Bisclavaret, v. ?51 . 

Mes taunt ala Th mias et à raunt et à val,
K'à l'arcevesque vint. 

S. Tliom. le Mart., \). 10. 

Le mot a été employé par Liltleton. 

Que est taunt à dire (ce qui équivaut à dire) que si les cousins
de tiel enfant ont, etc. 

InstU., 108.  

Té. V. Tci. 

Teche {lelch' \, enlecche'), s. /"., tache, souillure; au figuré
opprobre, déshonneur. V. Enlechier, teische. 

Teches ad maies e mult granz félonies. 

Chans. do Roi., p. 125. 

Eissi, de trestot sun poeir, 

Faisait bien et teneit justice 

Senz mal, senz lèche et senz malice. 

BÉN., Chron, de .\orm., v. 11474. 

+ Tei {le' , Ihe, Sherw. ; Ihee), pron. pers., loi. Du lat.
te. — Tei, toi, Kel. 

Entrebaiserent sei David e Jonathas, . . Fist Jonathas à David :
Nostre sire seit entre mei e tei. 

Les Rois, p. 82. 

Seras reproché, mais de toz 


 

 

(delwedd C1019) (tudalen 0951)

— i)ol - 

Maudiz, qu'en tei est nostre lin
E par tei irom en déclin. 

Bên., Chron. de Noriii., v. 37163. 

Mey, j'aime à la veritey, 

Mais cli'est d'autre fachon que tey. 

L. Pet,, Musc novm., p. 2(). 

Pour mai, de tei je n'en veurs pus. 

La \ouv. aniiaie (Jersey, 1872), p. 22, 

Il est à remarquer que la forme le, qui reproduit inaltéré
le radical latin, et tient de plus près que tei aux formes an-
glaises précitées, appartient aussi au dialecte normand ancien
et moderne. 

Je apelai te {invocati te), saf me fai ; je guarderai tes testi-
monies. 

Lie. dc\-i Ps., CXVIII, MO. 

Ch'esl té, vraiment cU'osl té, men frère de lait. 

Rimes gucrn., p, 83. 

Teil. V. Icilleul. 

■\- Telle [lelere'), s. /"., toile. Du lat. tclam. — Tele, toile, Kel. 

N' lessa telles ne galice. 

\yACE, liom. do Hou, V. 9685. 

Acune foiz avient-il que 1. marchaant fait porter ses dras ou
ses telles ou autres teles choses. 

Coust. de la Vie. de l'Eaae île Rouen, art. 17- 

Une maison faite de tèle (une tente). 

Rimes jers., p, 8, 

Tèle piquie es vers. 

Rimes gaern., p. 70. 

Teille {telle*), s. /"., bouleau, arbuste. 

Item, pour porter et conduire les dis espreviers par devers le
roy nostre sire, pour despens et pour teille et pour fassou de
<]uugez, et furent portés par deux foiz, x 1. t. 

Compte de 133!), eit6 par M. Delisle dans les Actes norm.
de la Cil. des comptes, p. 202, 

+ Teilleul [teil), s. m., tilleul. — Teilleul est un diminutif
de teil, qui a le même sens. Du lat. tilia. Comme dans beau-
coup d'autres cas, le diminutif a pris, dans la langue, la place
du mot simple. Teil, mot que l'anglaisa emprunté au nor-
mand, se disait enccre au XYII*^ s. pour tilleul, en Normandie. 

Coide de teil, 2 toises, 6 s. 

Compte de 1440, cité par M. Cli. de Beaurep. dans ses
Notes et doc. sur la Norm., p. 393. 


 

 

(delwedd C1020) (tudalen 0952)

- 952 — 

L'escorclie du teil pour les gros cordages. 

Dumoulin, Uist. gén. de Norm.,p. 7. 

Le Theil, le Teilleul, se rencontrent encore en Normandie
comme dénomination de commune. 

Une autre forme du mot, tenant de plus près au radical, est 

Une corde de til toute nueve, mise au puiz du dit chastel,
XXX s. 

Compte de 1346, cité par M. Delisle dans les Actes norm.
de la Ch. des Comptes, p. 337. 

Teindre. V. Taindre. 

Teische {letch' 2), s. /"., habitude, disposition, inclination.
Teche, avec le même sens, est dans Ducange, v'' Tasca 2. V.
Teche. 

Seneschaux de barons qui teische
Ont d'onesteté et sagiesche. 

Coût, de Norm. en v., p. 59. 

Teches s'est dit au.ssi comme dénomination générale des
qualités bonnes ou mauvaises. 

Mar fud, sire, vostre bealté !
Unk ne fud hom de vostre bée,
Ki tels teches eust en sei,
Fiz à cunte ne fiz à rei. 

Vie de S. Gile, v. 737. 

D'où enlecher, munir de ces qualités. 

Damediex, selon mon avis,
De tote vallor l'entecha. 

Raoul de Ferrièues, Chans., p. 2. 

Teise (/e«se*), s. f., toise. Du bas-lat. teisiam, du lat. lensum,
tendu. L'usage de cette mesure se faisait primitivement au
moyen d'une corde tendue. 

E sor eus fu grant la faleise 

Où Raùs fu venuz à teise (à distance). 

Ben., Cliron, de .\orm,,\. 35495. 

-|- Tempêter (to tempest, Palsg., v. n., se dit lorsque le vent
souffle en tempête. — Tempêter n'est plus usité aujourd'hui
en français qu'au figuré, dans le sens de manifester bruyam-
ment sa colère. 

E uitovre e septembre
E novembre e décembre
Pluius sunt apelet,
Kar dune sunt tenipestet. 

Ph. de Thaon, Comput, v. 791. 

+ Temple [temple), s. f., tempe. Au XVll* s., cette forme 


 

 

(delwedd C1021) (tudalen 0953)

— 953 — 

était réputée seule exacte. « Cette partie de la leste, dit Vau-
gelas {Rem. sur la lanrjue franc., p. 128), qui est entre Toreille
et le front, s'appelle temple et non tempe, comme le prononcent
et l'escrivent quelques uns. » 

Par rai la bûche en sait fors li clers sincs,
De sun cervel le temple en est rompant. 

Chans. de Roi., p. 148. 

Mais ainz i eut paumes batues
E treis cenz temples derompues 

BÉN., Chroti. de Nom,, v. 19150 

Temporal [temporal), adj., temporel. Du lat. temporalem. 

Perdue unt vie temporal, 

Or lur doiust Deus l'esperital, 

BÉN., Cliro'n. de Norm., v. 1735, p. 64. 

A l'evesques de Lundres unes lettres itals 

Enveia saint Thomas, tules continuais, 

El liu des saluz, out paroles amials : 

« Que il trespast issi par les biens tempérais, 

'( Qu'il ne perde la joie qui est esperitals. » 

S. Thom. le Mart., p. 116. 

Teraprance [tempérance^ Sherw.; tempérance), s. f., modes-
tie, douceur, résignation, patience. Du prov. temperansa; en
ital. temperanza. Du lat. temperantia. V. atlemprance, atem-
prer, atemprement, temprer. 

Kar ne despisl pas ne ne revilad la temprance del povre (mo-
desliam pauperis), e ne repunst sa face de lui ; e cum il criai à
lui, il l'oïd, 

Liv. des Ps., XXI, 25. 

Temprer (to tempre", to temper), v. a., modérer, mesurer,
régler. Du lai. temperare, mélanger. V. Temprance, atemprer. 

Ses francs hummes ait chier, temprez seit en justise. 

s. Thom. le M art., p. 215. Append. 

... Plus en duz e temprez
E bénignes e mesurez. 

BÉN., Chron. de A'o/v?i.,v. 129. 

Temptatiun, Temptacion (temptalion), s. f., tentation, V.
Templer 1. 

Kar en lei serait delivret de temptatiun. 

Lib. psalm., p. 20. 

S'en cel terme l'avez atrait
De pechier par temptacion. 

Marie, Purg., v. 2214. 


 

 

(delwedd C1022) (tudalen 0954)

— 9o4 — 

1. Tempter {lo lempt), v. a., tenter, éprouver. De tempture,
forme très ancienne dans la basse-latinité, corruption du lat.
lenlave. V. Atlempter, lemplatiun. 

E tempterent Deu en lur cuers. 

Lih. psalm, , p. 106. 

Vint en Jérusalem le rei tempter. 

Les Rois, p. 271. 

2. Tempter (Jo tcmpt'), v. a., chercher. 

D'emfer m'estoet tempter le fond. 

Adam, p. 29, 

1. Tenant (lenant}^ s. m., fermier. 

F.e tenant doibt payer au pris et estimation qu'il eust peu
valloir, car le temps de sa ferme estoil failli et ne luy donnoit
aulcun droict en surpins du temps qu'il l'a tenue sans tiltre. 

Le Rouillé, Gr. CouC, de Norm., f' exxxvij i°. 

Item, audit terme de S. Rémi, le curé de Fresnes doibt chacun
an... pour certaines terres dont il est tenant xl sous tournois.
Compte de 1410, dans les Mem. et notes de M. Aucj.
Le Prévost, II, 138. 

2. Tenant (lenanl, Sherw.), s. ???., vassal tenu au paiement
d'une rente au seigneur, représentant le prix de la cession
d'un fonds. 

Les llefs sont tenus nu à nu des seigneurs, quand il n'a aul-
cune personne entr'eulx et leurs teiiantz. 

Ane. Coût, de Norm., ch. xxix. 

Les tenants de l'héritage sur quoy la dite rente seroit assise... 

Le Rouillé, lac. cit., f" lij v". 

Tenaunz {tenaunt, Palsg.; tenant)., s. m., hôte. 

Pur ceo que estes rei puissaunz,
E mi sires est de vus tenaunz. 

Marie, Eqidtan, v. 133. 

Tencer [lo lanler), v. n., chercher querelle, se disputer. Un
vocab. ms. lat.-fr. du XlIP s., conservé à la biblioth. d'Évreux,
interprète jujurgari par lencier. V. Tençon. 

Ti'ucent à lui, leidement le despersunent. 

Clians. do liai., p. 217. 

Une mouskes et un ez (abeille) tencerent. 

Makie, Fable 86. 

D'où lencheeur, querelleur. 

Autresi vet des tencheeurs, 


 

 

(delwedd C1023) (tudalen 0955)

- 95o - 

Des lairons e des boiseeurs,
En ciii la felenie maint. 

Marie, Fable 38. 

Tençon (Icnce* (1), cause de dispulc), s. f., querelle, chi-
cane. V. Tencer. 

Li filz murent as pères grant i^uerre et grant tençon. 

Wace, liom. de Hou, v. 783. 

N'ait entre vus jà tençon. 

Adam, p. 4, 

1. Tendre {to tend' 1), v. n., prendre garde, faire attention. 

Dit qu'ils prenoient quelque tribut, mais combien ne com-
ment, n'en sçauroil bonnement parler, pour ce ({u'il n'y a point
tendu. 

Doc. sur la fond, du Havre, p. '167. 

2. Tendre [to tend), v. a., garder. Du lai. tendere, continuer. 

Esterez en bone paiz e tendrez vos bêles vignes. 

Les Rois, p. 410. 

Ne jà si niez Lobier terre en pais ne tendra. 

Wace, Roin. de Rou, v. 4341, 

3. Tendre (la tende' 2), v. n.. essayer, entreprendre, s'aviser
de, vouloir. 

S'il vos pU'ist à oïl', or vos k- conterai... 

Orc vos dirai jo avant, et ma raisun (mon récil) tt^ndrai. 

Guii-iiAr.D DE Beaui.ieu, Serinun, p. 27. 

Hz veulent débouter vostre prince droicturier et naturel sei-
gneur, que voz vies et voz corps sont tenuz delTendre, et tendent
occuper le siège royal pour vous delTouler souz leur tyrannie 

Al. Ciiart., Le Quadrilotjae, p. 410. 

4. Tendre (se) {to tcnder), v. réfl., se présenter. 

Ainz fuent que chevalier, al rei se tendrunt,
Kar il veient très bien nul sueurs n'aurunt. 

Cliron. de Jord. Fant, , v. 1181). 

Ténèbres, Tenebrous. V. Tejiehrus. 

Tenebrur [tenehrus'), s. /'. , obscurité, ténèbres. 

Quant, od esmai e od rancure,
Orent passé la nuit oscure.
Parut l'aube, parut le jor,
Qui enchaça la tenebrur. 

RÉN., Cliron. do Norin., v. 19724. 

(1) Teiu-c est le mot par lc(|uel est traduii ri.i a dans le vocabul, lal.-fr.
cité au mot piécédenl. 


 

 

(delwedd C1024) (tudalen 0956)

— 956 — 

Tenebrus, Tenebros, Tenebrous [lenebrous), adj., ténébreux.
Du lat. tenebrosus . 

Hait sunt li pui e li val tenebrus. 

Chans, de Roi., p, 71. 

Molt fu la mers neire et hisdose,
Oscure et lede et tenebrose. 

Bén., Eom. de Troie, v. 3545, 

Li sorcere erent tenebrous,
De la promesse coveitous. 

Vie de S. Grég., v. 2.531. 

Teneure, Ténor (tenoT), s. /".. sens^ esprit, caractère. Du
lat. tenorem, marche continue, suite dans les idées. 

Dam Hébert de Sainliz fu de grant teneure. 

Wace, fiom. de Rou, v. 2072. 

Portant unes lettres privées...
Des queles taies ertla ténor ... 

Vie de S. Grég., v. 831. 

Tenir (to tene' 3), v. n., éprouver une perte, un préjudice. 

Se cil qui tient dict qu'il est prest de soustenir le recongnois-
sant, lors doibvent les bommes estre appeliez par devant les
parties, cbascun par son nom, à faire le serment. 

Ane. Coût, de i\orm., ch, 95. 

Tenir (se), to tene 1), v. réfl., se tourmenter, se désoler,
se chagriner. 

Cist vielz jalons de quoi se tient
Ki en si grant prisun me tient. 

Marie, Yicenec, v. 74. 

Ténor. V. Teneure. 

Tenser {to tancel'), v. a., pressurer, écraser. 

Sovent coreit par Costentin
E tensout tôt Avrencin. 

Wace, Rom. de Rou, v. 14652. 

A rivez en Sufolk, la terre vait tensant. 

Chron, de Jord. Fant,, v. 836. 

Tépidité (lepidihj), s. /"., tiédeur, manque de ferveur. Du
lat. tepiditatem. 

Nous laissons attiédir son impuissante ardeur,
Qui de tépidité dégénère en froideur. 

P. Corn., Imit. 

-\- Térier, -|- Terière {terrier), s. m. et /"., tarière. De lere-
hrum, terebra, tarière. Cotgrave donne terière comme syno


 

 

(delwedd C1025) (tudalen 0957)

— 957 — 

nyme de tarière. Dans le gloss. de Ducange, Dom Garpen-
tier définit : Tarerium, terebra, gallice (arrière vel terrièj-e. 

-\- Térin {terins), s. m., petit oiseau à plumage verdâtre. 

+ Termer {to term), v. a., désigner, annoncer. Le mot est
d'un fréquent usage en Normandie. L'on dit, par exemple,
« termer un jour, pour conclure une affaire ». 

Pour lettres envolez aus vicontes pour fere termeir lez assises. 

Compte de 1331, cité par M. De'isle dans les Actes nom.
de la Ch. des Comptes, p. 21. 

Le 30 mars 1557, je allé à Cnen, pour ce que la monstre (la
revue) estoyt termée à ce jour. 

Journ. du s. de Gouberviile, p. 584. 

Chacun pensoit que le combat fust Ik jour S. Laurent, ainsy
que le jour avoit esté terme. 

S. DE Cakteret, Ckron. de Jersey, cb, xi, p. 30. 

Terminer {termined*, déterminé), v. a., déterminer. C'est
l'une des acceptions du lat, terminare, radical du mot. 

Vostre ore prime e tierce e none
Que l'om termine e dit e sone
Ne sunt pas as soes nomées
Pot celestre n'aterminées, 

BÉN., Citron, de Norm., v. 7780. 

Le roy ou les seigneurs peuvent avoir la succession de bas-
tards, ainsi qu'il est tenu eu coustump, où la question de bas-
tardie est terminée, et si use l'en ainsi comme le livre de la
coustume le contient. 

Ordon. du Pari, de Norm. de 1515. 

Terremote, Terremoete {lerremole*}, s. m., tremblement de
terre. Du lat. ten-œ motum. 

Un terremote raerveillus vendrad devant lui. 

Les Rois, p. 321. 

Chiedent i fiiildres e meuut e suvent,
E terremoete ço i ad veirement. 

Chans, de Roi., p. 119. 

Terrien {lerrene), adj., terrestre, d'ici bas. Du lat. lerremum. 

Cil sunt estrange e aliène
D'eus tote joie terriene. 

BÉN., Chron. de Norm., v. 11085. 

C'est à princes d'amasser grant siraplesse,
Quant n'emportent aucun bien terrien. 

P. Gring,, 1,19, 

Ters {terse), adj., élégant, pur, net, clair. 


 

 

(delwedd C1026) (tudalen 0958)

- 958 - 

Maislré Gilles Bigot, docteur en théologie, esloit lors recteur
(de l'Université de Gaen), lequ«4 les (étudiants) préféra (avança)
tous en latinité, plus terse et élégante. 

De Bras, Recli. et (ait. de le ville de Caen, p. 212. 

Ters est employé ici dans un sens métaphorique ; le sens
propre du mot e.st essuyé, nettoyé. Du lat. tersum, part. pass.
de lerfjere. 

Dune traist li duc nue s'espée
Qu'uncor ert ensanglantée ;
Dit e lor coinande e dévie
Qu'eu ne seit terse n'essuie
De ci qu'à une eve corant,
Là seit lavez mult li branz. 

BÉx., Chron. de .Vorm., v. 25204. 

Le lat. tergere a donné également à l'ancien dialecte le
verbe terger, lerdre, essuyer, purifier. 

Qui de toz ses péchiez se vousist repentir
Et en confessiun laver et tergir... 

Glmcherd de Beaulieu, Sermun, p. 25. 

Li reis ad pris Tierri entre sa brace, 

Terl lui le vis od ses granz pels de martre. 

Clians. de Roi., p. 329. 

E sa plaie li lie e tert. 

BÉN,, Rom. de Troie, au GIoss. 

Tert, Terz [third). adj., troisième. Du lat. tertium. 

Puis ont le terl frère amené,
Elidur, si l'ont coroné. 

Wace, Rom. de Brut, v. 3555. 

Li terz esteit un bacheler
Huge de Morevil l'oï nomer. 

Vie de S. Tliom. de Cant., v. 931. 

Test {leest'), s. m., creuset, vase en terre cuite. Du lat.
testtvn. 

Assechad sicume test la raeie fortece. 

Liv.des Ps.,XXI, IG, 

Testemoine, Testemoingner. Y. Testimonie 1, testimonier . 

1, Testimonie, Testimoine, Testemoine (tesliinony), s. m.,
témoignage. Du lat. testimonium. V. les deux mots suivants. 

Tûtes les sentes dol Seignur miséricorde e vertud, à icez ki
guaident suen cuveiianl e siien testimonie. 

Liv. des Ps., XXIV, 9. 

Dex ! de si bone ore fu nez
Cil e norriz et alevez, 


 

 

(delwedd C1027) (tudalen 0959)

— 959 — 

A cui l'en porte cnprès sa mort
Teil Icstimoine. 

HLst. (le Guil. Le Muréuhal, v. l'J159. 

Cil troverent assez de lur dit testemoine. 

à\ Thom. le Mavt., p. 23. 

Il fil commandé que li juis ne preissent nul gjige, fors par le
testemoine de preudfs omes et de creablcs. 

M MiMEK, FAahlis. île l'Echiq. de Norm., p. 165. 

2. Testimonie {lesUniony), s. m., témoin. Du bas-lat. ttsii-
inonium, mot que l'on trouve avec le sens de témoin dans le
capitulaire de 779. V. Testimonie 1 et lesHmonier. 

Il est testimonie de la troveure. 

Lois (le G Kl IL, 7. 

Le testimonie del Segnar feeil, sapience dunant as petiz. 

Lib. psalni., p. 22. 

Testimonier, Testemoingner {to testimony, voir, considérer),
V. a. etn., témoigner, considérer, penser. Du bas-lat. teslimo-
niare V. les deux mots qui précèdent. 

Çoo jurad od ses testimo iies per plein serment ; si perdra son
chatel, si il testimonient qui il huvelboih enpust. 

Lois lie Guil., 25.
Seint Gregoires testimonie,
Qui parole de celé vie,
Que cil qui de cesl siècle viint
E en espurgatoire sunt.
Qu'il sunt alegés par iceus
Qui almosne e bien funt pur eus. 

Marie, Purg., v. 1459.  

Testemoingne Johan d'Erlée. 

Ilist. de Guil. Le Maréchal, v. 8G92. 

Texte (lext), s. m., texte de TEcriture sainte. Dulat. lextum,
le texte par excellence. 

N'as-tu pas leu que le peuple d'Israël fut par quarante ans
errant par les déserts ?... Aussi as-tu leu de ceuix qui furent
chefs de la rumeur et achoison de désobéissance ? Les quels,
comme dit le texte, n'entrèrent point en la terre de [romission. 

Al. Chaut., VEsp., p. S'iO. 

Texte, dans l'ancien dialecte, a été aussi la dénomination du
Livre des Évangiles : 

Tuil li couvent, tuil li clergié 

E tuit cil del arcevesquié 

Furent en chapes revestiiz i 

Od textes chers et od vertus (reliques), 

Od encensiers d'or e d'argent. 

BiJN., Ckfoii. de ,\orm,, v. 14848. 


 

 

(delwedd C1028) (tudalen 0960)

— 960 - 

Les croiz, les textes à tous fait
Sainz Aiitbert prendre e atorner. 

GuiLL. DE S. Pair, Rom. dw Mont S. Mieh., v. 892. 

-\- Thier {tether, tie^ attache), s. m., pieu auquel on attache
les bestiaux pour les faire pâturer. L'ancienne langue faisait
de ce mot un substantif féminin. V. Enthierer. 

- Guillaume Dubois dist que Gervaise... avoit emblé la Ihierre
de son cheval. 

Let. de Rém, de 1450, Duc, Tringula. 

Thimiene. V. Timiane. 

Thouaille. V. TouaiUe. 

-\- Thyme (thyme), s. m., thym. Du lat. thyrnum. Cette
forme est usitée en patois normand guernesiais. V. le Dict.
anglo-norm. de M. Métivier. C'était celle écrite et parlée en
français au XV1« s. V. Palsg., Gram., p. 281. V. Timiane. 

Ti {thy), adj, poss., ton, tes. Du lat. tui, luis, en lat. ar-
chaïque tis. V. Mi 1 et 2, si.H. 

Ai ! Jesu, funtainne de remissiuu... 

Ti serfs deveng desore, eu ta subjeccion. 

Vie de S. Auban, V. 330. 

Prudume furent ti anceslre. 

Fie de S. Gile, v, 318. 

Tis s'est dit aussi pour Ion, en ancien dialecte normand :
Ço set hom ben que je sui tis parastres. 

Chans. de Roi., p. 25. 

Teu qui torra à grant damage
Se tis hauz senz ne l'asoage. 

BÉN., Ckron. de yorm., v. 12117. 

Tialz (tiaV), s. wi., cordage transversal, assujetti au mât et
servant à guinder. 

Tial est donné par Halliwell, comme synonyme de l'angl.
lie, attache, lien. — « The ties in a ship » constituent, suivant
Sherwood, l'appareil appelé estague, terme de marine dont il
emprunte la définition suivante au dictionnaire de Nicot :
« Corde qui passe par la poulie, qui est attachée au bout du
penteur et sert à guinder dedans le navire le bateau d'iceluy
et les marchandises, avec l'aide du palenc. » 

Funt un tialz desus le tref,
E puis s'en issent el graver
Pur lur fimain apparillcr. 

Vie de S. Gile, v. 930. 


 

 

(delwedd C1029) (tudalen 0961)

— 961 — 

Tide (tidé), s. f., marée. 

Quant es nefs furent tuit entré
E tide orent e bon orré,
Dune veissez ancres lever,
Estrons traire, hobens fermer. 

^^^\CE, Rom. de Brut, II, 141. Var. en notes, c. 1. 

+ Tifer {la iife'), v. a., attifer. Tifer est donné en ce sens
par Cotgrave, comme mot français. 

Aile a biau s' tillair, la sotte,
Jamais galant n' l'assicote. 

Met., Diction, franco ■ norin ., p. 467. 

A Jersey, l'on dit, dans la même acception, trufer.
Trufai comme les hommes d'acliteu sont. 

Rimes j'ers., p. 126. 

Timbre {limber*), s. m., un certain nombre de peaux de
martre. Suivant Halliwell, le timbre en comprenait générale-
ment quarante. La réunion de 32 timbres formait elle-même
une certaine mesure qu'on appelait une luncle : 

Lunda pellium continet triginta duo timbria, 

Fleta, 1. il, ch. xn, 8. 

La nef qui vient de Hybernie doit à la visconté de l'Eaue de
Rouen xx. s., et ou chastei de Rouen i. timbre de martines ou
X. 1, de tornois. 

Coast. de la Vie. de l'Eaue de Rouen, ;irt. 16. 

Timiane , Timoine , Thimiene {thymy, qui a l'odeur du
thym, odoriférant), s. /"., pastilles à brûler, parfums, Du lat.
thymiama, de thymum, thym, V. Thyme. 

. H tist ses sacretises as muns, e timiane i fist ardeir.  

Les Rois, p. 234. 

Mirre e timoine i firent alumer. 

Chans. de RoL, p. 247, 

Pernez peiz résine e pur enaus e thimiene e un poi de cire, etc. 

Pet. traité de méd. du XIV" s., publié par M. Boucherie, p. 4. 

Timpanistre (r/m;;«n<s;, joueur de tympan; du lat. lympa-
nista, Gotg.), s. f., joueuse de tympan. V. ce mot. Du lat.
tympanistria. 

Devant alerent 11 chanteur, cels ki après le dos verselUouent,
en milllu des pulceles timpanistres. 

Lia. des Ps., LXVII, 26. 

4" Tin {ting, tintement), s. m., glas, coup de cloche répété
un certain nombre de fois, annonçant la mort de quelqu'un. 

61 


 

 

(delwedd C1030) (tudalen 0962)

— 962 — 

En Normandie, on donne habituellement neuf tins au décès
d'un homme et sept au décès d'une femme. V. Dindan. 

Tire [tire 5 ; tier), s. /"., rangée, rang. En bas-Iat. tira. V.
Ducange. 

Item, X pennes (fourrures) d'escnreus à couvertouers, chas-
cune de x tires de lonc et vi hestes doubles, de l.^i. 

InuenC. de 1334, relaté par M. Delisle dans les Actes norm.
de la Ch, des Comptes, p. 99. 

Le baltique Neptun et les peuples marins
Entre-coupent les eaux de leurs doigts azurins,
Pour faire derechef deraarer d'une tn-e
Le nautonnier bateau et le marchand navire,
Qui avoient séjourné au maritime port. 

Champ-Repus, OEuv. poét.,'g. 110. 

Tis. V. Ti. 

Title [tille)., s. m., titre. Du lat. tilidum, titre, inscription,
épitaphe. V. Atitlé. 

Lores vist li reis le tille de une sépulture, e qui jeuste erran-
ment enquist. 

Les Rois, p. 428. 

Le mot a été employé par les jurisconsultes anglais, dans
Tanglo-normand dont il faisaient usage. 

Auxy si home soit seise en fée (fiefj d'un carve de terre par
juste title... 

LiTTLELON, Instit., 262. 

Tixte (tixte'), s. m., texte, écriture, livre. 

Un tixte de evangeilles plein
Lui donat e mist en sa mein. 

iMapje, Purcj., V. 287. 

Toaille. V. Touaille. 

+ Tocson. V. Toxon. 

Toler, Toiir. V. Tollir. 

Tolerre [tôlier*, percepteur de taxes), adj., exacteur. V. les
deux mots suivants. 

Ne fu nus sire à citaains
Meins tolerres e meins vilains. 

Bén , Cliron. de Xorm., v. 22544. 

-(- Tollir, Tolir, Toler [lo toll), v. a., enlever. Du lat. tollere.
V. Tolerre, tolte. 

Nullui ne toille à son senior son dreit servise. 

Lois de Guil., 34. 


 

 

(delwedd C1031) (tudalen 0963)

— i)63 -
Tient une chartre, mais ne li pois tolir. 

Ale/v., sir. 71. 

Pnr ceo li loleiil à granz pans
De sa terre ; poi l'en remaint. 

15ÉN., C/iron. (le Non»., v. 4:228. 

Il s'est ])rodLiil, postérieurement, une autre forme de notre
vevhe,loï(lir, qu'on retrouve aussi dans le v. angi. (o lowle'. 

Manda le roy Edouart an pappe... que il lui pleust mander au
roy Philippe que il lui rendisl... sa terre de Guienne que il avoit
saisie et que à tort lui touloit. 

Chron. nonn. du XI V' s., p. 02.. 

Tolte, Toulte {toll, taxe, droit, péage ; to toller\ se débattre,
lutter), s. f., taille, taxe, exaction, littéralement chose enle-
vée. Tolte est dans Colgrave comme mot français, avec le sens
d'exaction, soustraction. Du bas lat. tolla (V. Ducange à ce
mot). Contraction d'une forme barbare tollula, part. pas. fém.
de tollere, remplaçant sublata. V. les deux mots précédents. 

Asez i oui parlé de piaiz
E de toiles e d'altres faiz. 

Wace, Rom. de lion, v. t.^63. 

Le aimoient fort, pensans que il les deust tenir en paix et
garder de payer nulles maies toultes. 

Ai>. Chart., Hist. de Ch. VII, p. 8. 

+ Tondre, + Tundre {tonder\ timder\ imder),s. m., ama-
dou. En allem. Zunder; de l'island. tundr, allumer. 

L' bouan houme ramassait sen tondre et sen Qeset (fusil) pour
allumer 1' feu. 

La Nouv. rm/iaie (Jersey, 1870), p. 10. 

Le mot est aussi en usage à Guernesey, où l'on appelle
tondroier la boîte à amadou. 

Et frume (ferme) ten vier tonderier. 

Rimes (juern., p. 11. 

-f- Toqué [loken*, fou, insensé), adj., un peu fou. 

+ Tor {Taure*, constellation du Taureau), s. m.^ taureau.
Du lat. laiirum — Too9- savage, taureau sauvage, Kel. — Toi-
se dit pour taureau dans la Seine-Inférieure. V. le diction, de
patois de M. Delboulle. 

En la were purra il rendre... tor pur x. solz. 

Lois de Guill., 10. 

Quant le bota icen, li dist
Que il alast seinz denioreir
Le mostier faire e comencier 


 

 

(delwedd C1032) (tudalen 0964)

— 964 — 

En son le mont, là où verrait
Lié un tor qui iluec esteit. 

GuiLL. DE S. Pair, Rom. du Mont S. Mich., v. 198. 

Torber, Tourbler (^orô/e', trouble), v. rt., troubler. 

E lor mauté e lur envie
Auques en fu torbez vers eus. 

Bên., Chron. de Norm., v. 10392. 

Tu m'as ci ceste aiguë tourblée,
N'en puis boivre ma saolée. 

Marie, Fable 2. 

Torcheis [torceys'), s. f. pi., torches, flambeaux faits de cire.
Du lat. torsumAoT&n. 

Item, en espousailles, les offrendes, sauf que le curé prent les
torcheis ou grosses chandelles qui sont offertes de la bru et du
brumen et lez deniers qui sont offert avec. 

Règlement de la fin. dit XI V* s-, daus les Mém. et notes de
M. Aug. Le Prévost, I, 303. 

+ 1. Torment (torment), s. m., tourment. Du lat. tormen-
lum. Tonnent est usité dans la Seine-lnf. — Voir le diction,
de M. de Fresnay. V. les trois mots suivants et Turment. 

Li diables mult cruelement
Lui dient k'en icel torment
Sera jà mis e tormentez,
S'il pas ne fait lur volentez. 

Marie, Purg., v. 1245. 

Tu me voels livrer à torment. 

Adam, p. 18. 

2. Torment {tor-menC)^ s. m., tourmente, tempête. 

Bien treis jors entiers
Les tint uns tormenz granz et tiers ;
Molt fu la mers neire et hisdose,
Oscure e lede et tenebrose. 

BÉN., Rom. de Troie, v. 3543. 

Les mers siglerent od les venz,
Ne les destorba si tormenz,
Que là tôt dreit en lor pais,
A sauvelé n'aient port pris. 

Id., Chron. de Norm., v. 28674. 

-\- Tormenter [to torment)., v. a., tourmenter. V. Torment
1 et 2. Tormentitr, turmenler. Le mot est usité dans la Seine-
Inférieure. V. le diction, de M. de Fresnay. 

Si en la mer fumes tormentez,
Plus fumes à la terre assez. 

BÉN., Chron. de Norm.,v. 1747. 


 

 

(delwedd C1033) (tudalen 0965)

— 965 — 

Entr'eus le pristrent, si l'voleient
Tormenter, raès il ne poeient, 

Marie, Pur(j., v. 1115. 

Tormentur (tormenter) , s. m., personne qui tourmente. V.
Tonnent 1 et 2, tormenter. 

Ainz ert des diables phisurs,
Qui en esteient tornienturs. 

Marie, il)., v. 1113. 

Tornei (toitrney), s. ?»., tournoi, fête militaire du temps de
la chevalerie. En prov. tornei; en ital. et en esp. torneo. V.
Turneiement. 

Pristrent sa terre e ses aveirs,
E assaillirent ses chasteans,
E tindrent torueiz e cembeaus. 

Bén., Chron. de Norm., v. 4210. 

1 Torner {to tome*), v. a., tourner, faire pencher, con-
vertir. 

Sire, fet-il al rei, se vcintre le volez,
Partie des evesques à vostre part tornez. 

.s. Tliorn. le Mart.,]), 33. 

A dolor est torné et lot vait à rebors. 

GuiCHARD DE Beaulieu, Sermuii, p. 15. 

+ 2. Torner, En torner, S'en torner [lo tome*}., v. n., reve-
nir, s'en retourner. Cette forme subsiste en patois de l'Eure.
V. le diction, de M. Robin, V. Turner {s'en). 

E l'arcevesque à Roem torne. 

BÉr^., Chron. de Norm., v. 6499.
N'i out gaires Francheeiz k'en tornast sainz ruehaing. 

Wace, Boni, de Jiou, v. 1553. 

Quant outre sunt, si s'en torneirent. 

GuiLL. DE S. Pair, Rom du Mont S. Mich., v 3385. 

Tornoiement. V. Turneiement. 

-\- Torve [turf, gazon, toui'be ; turves", mot traduit par « liie
pi. of turf »), s. /"., gazon combustible, tourbe. Le mot est
usité en ce sens à Guernesey. 

J'avon de la torve et du gorban. 

MET., Diction. francQ-norm., p. 471. 

-|- Tôtée (/o^<-Sher\v.; toast), s. /"., rôtie. En bas-lat. toslea ;
du lat. tosluin, part. pas. de torrere, faire rôtir, faire griller.
Tostée se trouve, avec l'acception qui vient d'être indiquée,
dans Cotgrave comme mot français. Le mot français toste vient 


 

 

(delwedd C1034) (tudalen 0966)

- dm — 

de l'angl. toast et toast vient lui-même du normand tostée,
qu'on prononce aujourd'hui tôlée. De l'idée du vin que l'on
boit avec la rôlie, l'on passe à celle qu'exprime secondaire-
ment le mot toast, c'est-à-dire à l'idée de coup bu à la santé.
V. Tôter. 

Le suppliant alla quérir du vin et de l'eaue eu ung gobelet de
voirre et fist une testée à icellui enfant. 

Let. de Hém. de 1426, Duc, Tostea. 

Et si quiqu' vieille émillaû 

Rouane et dit qu' j'en avons ieu trop 

Ou s'a lève sa cuiller à pot, 

J' li dirons : V'ià ta totale ! 

Allons tai ta goule et bé, 

Vive la cuve et vive l'émé ! 

Rimes giicrn,, p. 26. 

-f- Tôter (ta /oos^-Palsg.; to toast), v. a., rôtir, brûler, faire
griller. Dérive du mot précédent. Tôter est un mot guer-
nesiais. 

Tostez moy ce pain ou faictez m'en une tostée de ce pain, car
une couppe de goodale (bière), à tout (avec) une tostée, est bonne
et saine au malyn pour la veue d'une personne. 

Palsg., Gram., p. 760. 

Bien qu' totale au soleil, quand j' te vé vis-à-vis,
Tu es pus belle à mes yûx, oh ! Suson, m'est avis. 

MET., Diction franco-norm., p. 472. 

-f- Touaille {towaiV, towel), s. /"., serviette, linge de table.
— Touaille, serviette, Kel. 

iij vt'stemenz pour le preslre, iiij touailles pour l'autel. 

Invent, de 1307, cité par M. Delisle dans VAgr. en
.\orni, au moy, -âge, p 724 

Sont tenus quérir et bailler... doubliers (nappes) et thouailles
blanches, hanacs, pots et escuelles, etc. 

Acea de 1604, dans les Mém. et notes de M. Aug .
Le Préoost, ii, 9.5, col. 2. 

-\- Touar [lower) s. f., tour, forteresse. Le mot est usité
en ce sens à Guernesey. V. le diction, de M. Métivier. 

Toioer a été employé avec cette acception en anglo-nor-
mand. 

Ceux qui teignoat de lour seigniors... à garder un tower del
castle lour seignior... 

LiTTLETON, Instit., 111. 

-j- Touée {towen' 2), s. f., enceinte fortifiée, place forte.
Aussy convient faire touées, au lieu où il sera plus propre, de 


 

 

(delwedd C1035) (tudalen 0967)

— 967 — 

grandeur sutfisante pour garder l'artillerie et ce quy sera
nécessaire. 

Doc. sur lafontl. du Havre, p. 34. 

+ Touillet {thoiile, Sherw.; Ihole), s. m., cheville pour la
raine. C'est aussi un mol yuernesiais. V. le même diction. 

Toulir. V. Tollir. 

Toulieu (towle, Sherv. ),.<?. m., tonlieu, droit féodal qui était
payé pour l'emplacement des marchandises sur les marchés.
Tonlieu est dans Gotgrave avec ce sens, comme mot français.
Du lat. teloneian, bureau du receveur d'impôts. 

S'ilz n'emportent sa coustume', son passage, son toulieu ou
autre chose, car de ce doibvent ilz payer et amender, aux us et
cousturaes des villes, des marchiez, des foires, etc. 

Ane. Coût, de Norm., cli. 7. 

Toulte. V. Toile. 

-|- Touquer. [to tuck* 6), v. a, toucher. — En prov. loquar;
en ital. toccare. 

Comment la chose lui touque. 

Coût, de Norm., en v., p. 130. 

11 en saque (tire) flèque (flèche) bien fine
A touquay. 

L, Pet., Muse norm,, p. 17. 

Dès qu' Nico touque à sa minette, 

Ah ! qu'est donc qu' chiest qui sauticotte 

Sous la col'retle à not' Racho ? 

l\im. guern., p. 18. 

Tourbe {liirbe') s. /"., troupe, réunion de personnes. Du lat.
lurbam. Tourbe n'a pas ici le sens péjoratif que possède aujour-
d'hui le mot en français ; il caractérise, comme on va le voir
dans la citation suivante, un groupe de personnes d'un nom-
bre déterminé. V. Turbe. 

(Les faits susceptibles de prouver l'existence d'un usage local,
invoqué en justice), se doibvent prouver par tourbe. Et en chas-
cuue tourbe fault dix tesmoings du moins concordants et chas-
cune tourbe vault deux tesmoings. 

Le Rouillé, Ga Coût, de Nortn., fo xxi vo. 

Tourbler. V. Torber. 

Tourner {lo turn), v. a., détourner, diriger ailleurs. V.
Ttirner 3. 

S'aulcun veult tourner eaue qui soit en sa terre, dont les deux
rives d'icelle eaue soient assis en son fief, il pourra bien faire, 


 

 

(delwedd C1036) (tudalen 0968)

— 968 — 

pourveu touttefoys, quant elle yssera hors de son fief, il la intro-
duise en son cours ordinaire. 

Ane. Coût, de Norm., ch. 10. 

Au pionnier à tourner les eaues... 2 s. 

Compte de 1491, cité par M. Ch. de Beaurep. dans ses
Notes et doc. sur [a Norm,, p. 258. 

+ Tournoir {to^irn'], s. m., rouet à filer. Tournoù\ en ce
sens, existe, comme mot français, dans Cotgrave. Le mot tend
à disparaître, avec la chose qu'il exprime. 

-f- Toxon {doxy'), s. /"., femme grossière, mégère. 

Toz dis, tut di, tut dis {aldaïf), loc. adv., toujours. La loc.
adv. norm. et l'adv. angl. sont formés de mots ayant dans
chaque langue un sens identique. Tut, toz, en norm., comme
ail en angl., signifient tout, tous. De même di, en norm., et
day, en angl., se disent pour jour (V. Di). Nous rencontre-
rons plus bas un autre adverbe de formation similaire, tute-
veies. V. ce mot. 

S'en issoient chascun jor fors, 

Por tornier (escarnioucher) à cels defors ; 

Mais Phelippe de Columbeirs 

I estait tos diz as premers. 

Hist. deGuil. Le Maréchal, v. 177. 

Quant nus serrum à celé assise, 

Ke nus i seiuns si li (à lui, Dieu) pleist 

E k'il tut di iloc nus leist... 

Vie de S. Gile, v. 3784. 

Sunt en enfer à tut dis damné. 

Vie de S. Auban, v. 1796. 

Trac (tracfi), s. m., chemin, route, voie; trace, piste, mar-
que. V. Trace, tracer 1, Iracher, étrat, étraquer, détraquer,
estrée, strae. 

Les edicts de nos roys, vos justes ordonnances
Doibvent à vos sujets servir df souvenances
Du trac, dont on ne doit jamais se détraquer (détourner).
Vauq. ue La Fresn., Art poét., I, p. 3. 

Avoit soudain suyvie au trac et à la piste, 

Ainsi qu'un braconnier, cerchant le cerf au giste. 

Champ-Repus, Œuv. poét., p. 103. 

D"où les formes françaises traquer, détraquer, et celle angl.
to track, suivre à la trace. 

Trace {trace, Slierw.), s. f., route, chemin. V. le mot précé-
dent et ceux auxquels il est renvoyé à celui-ci. 


 

 

(delwedd C1037) (tudalen 0969)

- 969 — 

Phœbus avoit desjà franchy de longue espace,
Harrassé de fatigue, la moitié de sa trace. 

J. ViTEL, La Prinsc du, Mont S. Mich., p. 19. 

+ 1. Tracer {lo tracé), v. a., parcourir, aller d'un bout à
Tautrc. Tracer un bois, tracer une plaine, etc., se disent jour-
nellement en Normandie, comme termes de chasse, pour par-
courir un bois, parcourir une plaine en y chassant. V. Trac
et les autres mots auxquels il est renvoyé à celui-ci. 

2. Tracer (chercher). V. Tracher. 

■ -\- Tracher {to trace, Gotg.), v. a., cliercher. V. Retrachcr,
trac et les autres mots auxquels il est renvoyé à ce dernier. 

La meie sente et le mien funel tu traclias. 

Lib. psalin., p, 215. 

Ch'est ce qui m'a fait quitter l'estrat au piautre,
Relt'nquir le collège e eu tracher un autre. 

D. Fer., Muse norm., p. 310. 

P. Gringore a dit tracer, dans le même sens.
Ainsi, l'ingrat ingratitude trace. 

OEuv., I, 5i. 

Et Palsgrave a fait usage, en français, du même verbe, dans
le sens de l'angl. mod. to trace, c'est-à-dire suivre à la trace. 

Il est défendu de tracer les lièvres en temps de noige. 

Grain., p. 7G0. 

4" Trada {trade, trafic, négoce, habitude, coutume), s. m.,
commission que l'on a l'habitude de payer à un intermédiaire
pour la négociation de certains marchés ou de certaines affaires
commerciales. Du la t. tradere. 

Traictiz. V. Trelis. 

Traiement (trailing, mot que Sherwood traduit par « tire-
ment «), s. m., action de tirer. V. Traire i. 

Ne vos puis retraire les assalz.
Ne les peines ne les travauz,
Les lanceis, les traienienz. . . 

BÉN., Chron. de y'nrni., v. 4017. 

Traille {traile'), s. /"., treillage, treille. Du lat. Iriciia, ber-
ceau de verdure, tonnelle. 

A Jehan Grosselin... pour avoir drechié les vignes et lait
nouvelles tiailles en petit jardin, iiij 1. xij s. 

Compte de 1370, ciiô par M. Delisle dans VAfiric. en Norm .
au moij. âge, p. 506. 


 

 

(delwedd C1038) (tudalen 0970)

— 970 - 

Toutes fleurs odoriferentes, en de belles et plaisantes trailles,
galleries, pallissades et parterres. 

De Bras, Hech . et ant. de la ville de Caen, p. 26. 

Traîne (train, Sherw.), s. /., action de différer sans motif
légitime, en d'autres termes, de faire traîner en longueur, ce
que Sherwood interprète par l'ancien mot français U-ai-
nasserie. 

Les justises le rei firent lunge traine. 

5. Thom. le M art., p. 158. 

Traîner {ta train), v. a., attirer, entraîner, séduire.
Par tut les ad li reis, tant cura pout, traînez. 

5. Thom. le Mart, ,j). 157. 

4" 1- Traire (to trail, Sherw.; to traive*; to drawe), v. a.,
tirer, extraire. Du lat. trahere. V, Traire 2, traiement. 

De tanz os cum home traira de la plaie, al os tote veie, Iv.den. 

Lois de GuilL, 12.
E cil unt lor espées traites. 

Wace, Rom, de Rou, v. 13695. 

2. Traire {to traie'), v. a., entraîner. V. Traire l. 

Se jo's en creid, il rae trairont à perte. 

Alex., str. 41. 

A ton mal lor frère trais
Et à Ion mal roi te feis,
Et à ton mal en cesl païs
Paiens et saisnes as traisis. 

Wace, Itom. de Brut, v. 7751. 

Traistre, Trestre, Treste (trestle), s. m., tréteau. Du lat.
transtrum. 

Item, formes (bancs), traistres et tables grant foison pour l'es-
torement de Tostel. 

Invent, de 1307, cité par M. Delisle dans VAgric. en Norm.
au moy. âge, p. 724. 

Pour deux (paires) de trestres haus qui furent fais pour les
dites tables, et pour paine viij s. 

Compte de 1334, cité par le même dans les Actes norm. de
la Cil. des Comptes, p. 68. 

Pour vi jours de Gieffroy Helluis qui appareilla plnseurs trcs-
tes et fourmes et mist les dites brocques es diz rasleliers. . .
xviii s. 

Autre de 1344, cité ib., p. 298. 

+ Traite. V. Traitor. 

Traïtor. Traïtur [traitor; traitour, Sherw.), adj., traître, 


 

 

(delwedd C1039) (tudalen 0971)

- 971 - 

félon. Du lai. Iradilorem. — Traytour, traître, Kel. V. le
mot suivant. 

Le maiifnz traïtor ne fine de gueiter. 

.S. Thom. le Mart., p. )',. 

Enveit-mei sun messnge, mes nul troïlur, 

Ki iHf die de sue part : rendez sus cest honur. 

Chron. de Jord. Faut., v. 142"2. 

Jugiez doit estre à loi de traïtor,
Que si parjure e tniïsl son seignor. 

Adam, p. 9. 

En patois normand, on dit traite; cette forme est ancienne
dans le dialecte. 

Le barons traistes lesserent chair leur banieres. 

1'. Cochon, Cliron. noria., p. 9, éd. de Beaurep. 

Traîtrise [Ireatyse, Palsg.; Irailerie*)., s. /"., trahison. V.
Trailor. 

Traitur. V. Trailor. 

Transcript (transcript), s. m., copie. Du lat. Irnnscriptura. 

Pour envoyer à iceus (vicontes) le transcript des lettres dudit
admirai, pour faite crier et savoir les marchandises qui estoient
arrivées à Leure et à Hareflue. 

Compte de 1340, cité par M. Delisle dans les Actes norm.
de la Ch. des Comptes, p. 866. 

Transir {la Iransit), v. n., passer. Du lat. transire. 

Il est transi en adage commun, quand Ton voit une plaisante
maison, l'on dict vulgairi'ment : C'est un petit Gaillon. 

De Bkas, Rech. et ant. de la ville de Caen, p. 33. 

Translater {to translate), v. a , transporter, déplacer, chan-
ger. Du lat. translatiim, part. pas. de Iransferre, transporter. 

Translatée est glorie de Israël, kar l'arche est prise. 

Les Rois, p. 17. 

Le royaume de- Assiriens fut translaté aux Persans et aux
Medes. 

Al. Chart., l'Esp.,]}. 309. 

Transsumption {transumpl, Sherw.), s. /. , amplification
d'exemple. C'est ce sens exprimé par la locution latine : Si
parva licet componere magnis. Du lat. transumptionem. 

Aucunes qualitez appropriées aux hommes sont attribuées à
Dieu, par transuinption. 

Al. Chaut., YEsp., p. 370. 


 

 

(delwedd C1040) (tudalen 0972)

— 972 — 

Trauage {tronage')^ s. ?n., tribut, rançon, impôt. Trûage,
en ce sens, est dans Cotgrave, comme mot français. V. Treu. 

Petit aquest me rent grant trauage. 

Adam, p. 36. 

+ Trauler (lo troll, rouler, tourner) (1), v. a., dévider le fil,
placé sur la bobine, sur une espèce de dévidoir, pour en for-
mer des écheveaux. Du kimry troliaw, tourner, rouler. 

Travail {travail), s. m., fatigue, peine. En prov. Irabalh, en
espagn. trabajo, en portug. trabalho et en ital. travaglio ont
aussi cette acception. V. Traveiller. 

Il ad saisi un hastunal, à Brien l'ad tendu.
Des livrées de sa terre pur le travail qu'ot eu. 

Chron. de Jord. Fant., v. 2032. 

Cist a les travails endurez
Dunt oi cest jor ert honorez. 

BÉN., Chron. de Norm., v. 6725. 

Traveiller, Traveillier {to travel, Sherw.), v. a., mettre en
peine, tourmenter. Du lat. tribulare. — Traveiller^ persécu-
ter, causer du tourment, de l'ennui. Kel. V. Travail. 

Par tantes teres ad sun cors traveillet. 

Chans. de Roi., p 45. 

Travailliez furent de la mer. 

BÉN., Chron. de yorm.,\. 27679. 

Le verbe a été usité aussi comme verbe réfléchi :
El servise Déco s'a jur et nuit traveillie. 

S. Thom. le Mart., p. 172. 

Travers {toll travers, Cotg.), s. m., redevance féodale, due
au seigneur par le vassal, pour le transport des denrées, mar-
chandises etc., de ce dernier, à travers les domaines et pos-
sessions du seigneur. 

C'est à scavoir qu'ils sont francs de péages, ports, ponts, pas-
sages, travers et d'impositions de tou'es choses venant de leur
creu. 

Terrien, Comment, du, dr. norm., p. 593. 

A cause ... de la perte que sadite Majesté souffre annuelle-
ment de ses quatrièmes, hallages et trovers. 

Conienc. des Trois Etats de yorm. de 1600, p. 191. 

(1) TrawUng est le nom que l'on donne en Angleterre à la pêche au filet
(V. ce qui est dit à ce sujet par M. Vilu dans son ouvrage sur Le Jarrjon
au XV' S; p. 48i). Or l'on sait que, pour pratiquer ce genre de pêche et par-
ticulièrement, celle qui se fait avec l'épervier, l'on se sert de filins que le
pêcheur enroule sur son bras gauche, depuis la main jusqu'au-dessous du
coude replié. 


 

 

(delwedd C1041) (tudalen 0973)

— 973 — 

Traverser {(o traverse), v. a., contredire. Du lat. Imnsver-
sare, remuer en travers. — Traverser, dénier, Kel. 

E li reis cumaridad que cil princes, ki le jur devant out tra-
versed as paroles le prophètes Helyseu, fust sur le pople as"
porte al entrer e al issir, que n'i levast medlée. 

Les Hois, p. 373. 

Quant li arcevesques comença à parler
E sa cause en latin gentement à mustrer,
Cil le comença leus par tôt à traverser,
Quida qu'en li cust fet la cause fermer,
Et, s'un le desturbast, ne seust parfiner, 

s. Thom. le Marc, p. 83. 

Treble (treble), adj., triple. Du lat. iriplum. V. Treblement.
Ces treis estages, par trebles entravures, devisad. 

Les Rois, p. 246. 

Treble s'est dit dans le même sens : 

Furent les portes de le chastel, qe treblées erent, ars e espris
par le feu. 

Hist. de Foulques, p. 44. 

Treble {en) [treble , dessus, son aigu, perçant. Terme de mu-
sique), loc. adv., en fausset. 

En treble chantent le Sanctus. 

GuiLL. DE S. Pair, Rom. du Mont S. Mich., v. 1093. 

Treblement {trebly), adv., triplement, trois fois. V. Treble,
treis. 

Tu paistras nus de pain plurable, e abevras nus en lermes
treblement {tripliciler). 

Liv. des Ps., LXXIX, 5. 

Trecherie. V. Tricherie. ' 

Trecherus, Trechiere. V. Tricheur. 

Trecherusement. V. Tricher usement. 

+ Trée-plée. V. Cochon. 

-\- Tref(<ree, arbre ; tree' , bâton, tige, soutien, tronc d'arbre), s/
s. m., poutre. Du lat. trabem (1). Gotgrave donne /re/" en ce
sens, comme mot français. 

(1) Le nominatif pluriel de ce mot, trabes, se rencontre en vieux français,
complètement inaltéré, sinon clans sa forme parlée, au moins dans sa forme
écrite : 

N'est loisible à aucun de mettre ou faire mettre les poultres et trabes 


 

 

(delwedd C1042) (tudalen 0974)

— 974 — 

E chascuns des trefs par mi le mur passad. 

Les Bois, p. 2'i6 

Je fys abbatre ung ourme pour fera un tref à l'estable. 

Jourii. lia s. de Goubercille, p. 827. 

Ce que l'on appelle encore aujourd'hui « bûche de Noël »
portait autrefois en Normandie le nom de tréfouel. Or, il est
probable que l'on disait originairement (f tref Nouel », en sup-
primant la particule, comme dans Hôtel-Dieu, Bourg-la- Reine,
etc., et qu'avec le temps ces deux mots se contractèrent en un
seul : tréfouel. 

Tregeter. V. Tresjeler. 

-\- Treis {Ihreé) (1), adj. num., trois. Du lat. très. — Treie,
tri, tries, trois, Kel. V. Treble, treblement. 

Seit mustred del treis pars del veisined. 

Lois de Guill., 7. 

Vint une voiz treis feiz en la ciU'X. 

Alex., str. 59. 

Treis s'maines après la belle cérémonije, 

Rimes guern,, p. 117. 

En trois feis y en avoit quatorze sus la pierre. 

L't \ouL'. annaie (Jersey, 1873), p. 9. 

Tremur, Tremou»*, -|- Treraeur [tremour, tremblement, fré-
missement), frayeur, effroi. Du lat. iremorem. — Tremor,
tremw\ frayeur, Kel. 

...Il la tremur de Deu ad si arere mis... 

.S. Thom. le Mari , p. 116. 

Touttes les choses dessus dittes... consentons expressément,
sans que, par force, par tremour, par fraude..., nous ayons à ce
esté amenés. 

Test, de 1317 , cité dans les Mérn. et no,es de M. Aug.
Le Prévost, III, 223. 

il eust une merveilleuse tremeur, et, ainsi effrayé, etc. 

Nouv, J'abr des exvel. tr. de vér., p. 70. 

Voici donc l'âge d'or, sans tremeur et sans guerre,
Puisque l'on semé en paix sa froumenteuse terre. 

Champ-Repus, Œuv. poél., p. 110. 

En patois normand de Guernesey, le mot, par métathèse,
s'est changé en termeur. 

(solives) de sa maison, dedans le mur mitoyen d'entre luy et son voisin que
jusques à l'epessçur de la moitié dudit mur. 

Cens, gén., II, 1028.
(I) Au jeu de cartes, l'on dit trei/. 


 

 

(delwedd C1043) (tudalen 0975)

— 975 — 

A rouane, hélas ! niet et jeur^
Et quand j' l'o (je l'entends), j'en ai termenr. 

Miir., Diclion, J'ranra-iiorm., |). 165. 

Trenchier {lo trench), v. a., couper, retranclier.
Trenchied ad Deus ni le règne de Israël 

Les liois, p. 57. 

ïrenchié furent de lui à eu tels et osté. 

5. Thom. le Mart., p. 201. 

Trepeii (b-ipping, trébuchement, culbute, Sherw.), s. m.,
bouleversement, désordre, confusion. Y. Triper. 

Là sont chaù en tel trepeii,
Defolé sont et eschachié. 

Bén., Hom. de Troie, v. 1932G. 

Tut ert Bretaine en grant trepeii. 

Wace, Rom. (le lîou, v. 7970. 

Tresaive {tremiV), s. m., trisaïeul. Du lat. tris avum. 

Ceo que vos estes fort home e saive
Vos muet tut d'aive e de tresaive. 

BÉN., Cliroii. (le Nor/n., v. 439. 

Trescement [tresawnle passage dans une maison), s. r;^.,
vestibule. 

Que il ue repurpenserat de lur mort, et ferniet sunt lur
trescement {vestibula eorum). 

Liv des Ps., LXXII, 4. 

Tresgiteor [iregetour'), s. m., magicien, jongleur. V, le mot
suivant. 

Asez i ot tresgiteors,
Joeresses e joeors. 

Wace, Rom. de Brut, v. 10833. 

Tresjeter, Trejeter {trejeted\ orné), v. a , orner, embellir,
entremêler à une œuvre. V. Geler. 

Gist meisnie maistre tresjetad duze bues, ki durent cel vaissel
porter. 

Les liois, p. 254. 

Des arz et des segreiz as Deus
Sot cil assez qui 's tregeta
Et qui l'image appareilla. 

Bén., liom. de Troie, v. U688. 

-}- Trésoriser {ta treasure)., v. n., thésauriser. 

1. Trespas (trespass), s. m., transgression, offense, prévari-
cation, péclié. V. Trespasser 1 et 3. 


 

 

(delwedd C1044) (tudalen 0976)

— 976 — 

La femme que tu me donnas,
Elle fist prime icest trespas. 

Adam, p. 3V. 

Le mot se rencontre aussi dans ranglo-norm. de Hornes : 

Des trespasses faits encounter le peace le roy, sont assets eisié
à méditer. 

Myrror of Justice, ch. II, sect. 24. 

2. Trespas {trespass, violation de propriété), s. m., passage,
brèche. V. Trespasser 2. 

Vit li païs e li cuntrées,
Vit li trespas e li valées,
Vit li destreiz e li sentiers. 

Wace, Rom. de Rou, v. 9420. 

Tel est d'aage li trespas. 

Marie, Gugemer, v. 219. 

1. Trespasser {to trespasse^ Sherw.), v. a., transgresser,
enfreindre, violer, littéralement passer au-delà (trans). —
Trespasser, transgresser Kel. V. Trespas 1, trespasser, 2 et 3. 

Ne demora plus lungement
R'il ublia le serement
Et trespassa li covenant
Ke a Willame out fet devant. 

Wace, Rom. de Rou, v. 8505. 

Deus me l'a dit, que je murrai,
Quant son precept trespasserai,
— Quel est cist grant trespassement ?
Oïr le voit, sens nul entent. 

Adam,, p. 14. 

2. Trespasser {to trespass, violer la propriété), v. a., esca-
lader, franchir, passer sur, au-delà. V. Trespas 2, trespasser
lot 3. 

Trespasserai le mur de peccbied, ki seivred e departed hume
de Deu. 

Les Rois, p. 208. 

Trespasse el munt sicume passer. 

Lib. psalni., p. 11. 

3. Trespasser {to trespass), v. n., faillir, méfaire. V. Trespas
1 et trespasser 1 et 2. 

E se li arcevesque ad vers lui trespasse,
Par els seit adrescé, jugé et achevé. 

S. Thom. le M art., p. 80. 

Ainz seil tele paix de mei à tel
Qu'amors i ait e leial fei, 


 

 

(delwedd C1045) (tudalen 0977)

— 977 — 

Durable e senz qaasser, 

Senz tnesfaire, senz trespasser. 

BÉN., Cliron. de Norm., v. 2943. 

Treste, Trestre. V. Trais tre. 

Tretis, Traictiz {t relis' 2, long et bien proportionné), adj.,
fluet, gracieux, bien fait. 

Pur la plus bêle la uni choisie.
Ore est reisun ke l'etn vus die
Un poi de sa grant beuté ;
Le vis oui blanc et culoré
Lung et tretis et avenant,
Bêle bûche et nés ben séant
Les oilz verz et le ch^^f bloi. 

Gui de Warwick, v. 53, cUô par M. Meyer, Bull,
de la Soc. des anc. textes, p. t8 (1882). 

Te m'ont transmis 

Et en moy mis 

Amour fermt^ et entière ; 

Ton corps faitiz, 

Long et traictiz 

Ton cueur gentilz 

Et ta doulce manière. 

Al. Chart. , Complainte, p, 775. 

Treu, Treud, Tru [Image, Paisg., Irouage*, tribut), s. m.,
tribut, ce qu'un État, un vassal doivent payer ou fournir,
comme contribution ou comme marque de dépendance. V.
Truaifje. 

La maisun sun père de treud quite clamerad. 

Les Rois, p. 64. 

De Flandres poez nuz aveir treu toz dis. 

Wace, Bom. de Hou, v. 2933. 

La duchesse luy fist demander le tru ou tribut des bastards.
De Bras. Uech, et ant. de la ville de Caen, p. 17, 

Treue (trewe', truce), s. /"., trêve, répit, délai. Du goth.
trig/jua, confiance, sécurité. — True, trewe, trêve, Kel. 

E vos r'allez dreit à Baiues ;
N'aiez od eus ne paiz ne treues. 

Bên., Chron. de Norm., v. 14464. 

Et si (le justicier) doibt faire donner treues à ceulx qui les
demandent par devant luy, car c'est asseurance de paix. 

Ane. Coût, de Norm., ch. ni. 

-\- Telle [ta Iro wl, rouler, rôder), v. n., paresser, vaga-
bonder. En patois normand de Guernesey, élreulé signifie
vagabond, fainéant. V. le diction, de M, Mélivier. 

62 


 

 

(delwedd C1046) (tudalen 0978)

— 978 — 

Ti {irie), s. m., triage, choix. Trie, choix, Kel. Ce subs-
tantif était féminin dans l'ancienne langue ; il est de ce genre
dans Cotgrave. 

Triade {lriacle\ treacle), s. f., thériaque, opiat très com-
pliqué. Médicament. 

Diex en cest homme a fait miracle,
Car de venin a fait triade,
Et de mal bien. 

Miracle de S.-D. de Rob. le Diable, p. 51. 

En Normandie, Ton donne encore aujourd'hui le nom de
triacleux, dit pour triaclexirs, aux charlatans, marchands d'or-
viétan, de baume, etc. Vaugelas {Bem. sur la lanrjue fr.^
p. 296) enseigne que la dénomination de Iriacleurs, appliquée
aux charlatans, est préférable à celle de thériacleurs. 

-j- Triax [trial^ épreuve, malheur), s. m. pi., embarras,
contrariétés, chagrins, tracas. 

Mult en chai d"ambes parz,
Plus des hardiz ke des cuarz,
Kar li hardiz avant s'empeignont
E li cuarz de triaz s'astreignent. 

Wace, Hom. de Boa, v. 7853. 

-f- Tibouil {turmoil}, s. m., trouble, querelle. Triboill, Iro-
hoill, désordre, Kel. 

Tensons, noises, gerres, tribous
Apaisout sovent il toz sous. 

BÉN., Chron. de Norrn., v. 20958. 

Pour ce qu'elles ne pueent faire foy des originalz des dites
lettres, les quelles, par le triboul des ennemis du royaume...,
furent perdues et emblées. 

Mand. de J349, cité par M. Delisle dans lefi Actes norm.
de la Ch. des comptes, p. 418. 

Triboul, tribouil, Iribous, sont diverses formes du substan-
tif de l'ancien verbe Iribuler, Iriboler^ tribouler, tribouiller,
qui s'est dit pour troubler; du lat. tribulare, tourmenter, faire
souffrir. Tribouller est en ce sens dans Cotgrave; Alain Char-
tier a fait usage de ce verbe avec la même acception : 

Et sont foulez
Et par fortune triboulez. 

Le Liv. des quatre Dames, p. 626. 

Tribouiller est encore aujourd'hui, en patois normand, sy-
nonyme de troubler : 

Mun sang s'en triboûille. 

D Fer., Muse norm., p. 233. 


 

 

(delwedd C1047) (tudalen 0979)

— 979 — 

Triboler esl usité en Normandie dans le même sens que
tribouiller, et Iriboiiillade y est la dénomination des œufs
brouillés. 

Tributarie (tributarie, Slierw. ; Iributary), adj., tributaire,
qui paie un tribut ti un prince. Du lat. IribiUarium. 

Tuz les tist tributaries, si que il li firent servise e rendirent
treud. 

Les Rois, p. 270. 

Tricer, Triquier {lo trick), v. a., tromper, duper, abuser.
Du lat. Iricari, cbercher des détours. V, Tricherie, tricheur,
- trique. 

Al rei de France son seignor
Monslra por bien e por s'onor
K'il volt passer mer sur Héraut,
Ki li trice del tut e faut. 

Wace, nom. de Rou, v. 11322. 

Devant le duc ou uni:; aultre bonime
Portent vrai record, sans triquier. 

Coût, de Norni., en v. , p. 157. 

Tricherie, Trecherie {Ireacherij ; Irechenj, Palsg.), s. /".,
trahison, duplicité, méchanceté. V. Tricer, tricheur, trique. 

E nen est en sun espirit tricherie. 

Lib. psalni., p. 38. 

Mes tu es plains de tricherie,
Sur mei turnes ta felonnie. 

Marie, Fable 91. 

Garde la tue langue de mal, et tes lèvres que il ne parodient
trecherie. 

Liv. des Fs., XXXllI, 13. 

Tricherusement, Trecherusement {treacherousli/),adv.,[rai-
treusement, perfidement, déloyalement. V. Tricherie, tricheur,
tricer. 

Convertid le quer d'eals que à haenge oïissenl le pueple de
lui, e tricherusement feïssent encontre les sers de lui. 

Liu. des Ps., CIV, 25. 

Kar trecherusement fist envers lui en ses oils, que il truvast
iniquited de lui à ahaïr. 

Jb., XXXV, 2. 

Tricheur, Tricherre, Trikere, Tricheour, Trechiere, Tre-
cherus [treacher, treaclœrons, trickstcr ; trichiir*, Irechoure'),
adj., traître, fourbe, perfide, trompeur. V. Tricer, tricherie,
trique. 

Hume de sans e tricheur nostre Sire ferat abominable. 

Lib. psalm. , p. 4, 


 

 

(delwedd C1048) (tudalen 0980)

— 980 - 

Une n'i osa tendre Ihs mains
Lierres, tricherres ne vilains. 

BÉN-., Chron. de Xorm., v, 742G. 

D'un vilein cunte qui aveit
Une famé ke mult cremeit,
Qar ele esteit mnlt felenesse
De niale part e trikeresse. 

Or cunte d'un cbien menteour
De meintes guises tricheour. 

Marie, Fable 96.
Mabie, Fable 4. 

A I fait-ele, malvès trechiere,
Geste raisons n'est pas à moi. 

Loi d'Ignaurès, p. 17, 

Desperdet li sires tûtes trecheruses. 

Liv. des Ps., XI, 3. 

Triffer [to triffe*), ^). «., enrichir, embellir, orner. 

Item, une autre sele à sambuc (housse) de veluiau vermeil,
les arçonss broudés à plusieurs escussons, trifflée de menues
peliez (fourrures). 

Invent, de 1334, cité par M. Delisle dans VAgr. en Nom.
au moyen âge, p. 100. 

+ Trimer {to trim), v. a., arranger, ajuster. Le mot est
usité en ce sens à Guernesey. V. le diction, de M. Mélivier. 

Triomphe (Iriwnph)., s. m., spectacle public, jeu public.
V. Iriumphe. 

Les entreveuës de ces deux princes (François P'" et Henri
"VIII) se firent à Ardres, comté de Guines, en l'an 152", où fu-
rent faictes les plus grands triomphes que l'on eust ven. 

De Bras, Rech. et ant. de la ville de Caen, p. 91. 

A leui" entrée, il avoit esté fait grand triomphe. 

Journ. d'an bourg, de Gisors, p. 98. 

-|- Triper (lo Iryppe, danser, sauter, Palsg. ; tripping,
danse), v. n., danser, sauter, se trémousser. Le fréquentatif
de ce verbe, tripelter, est dans Cotgrave. V. Trepeil. 

Je ne vis fille mieulx triper. 

Falsg., Gram., p. 533. 

La plus ancienne forme du mot est treper., du lat. Irepere,
tourner. 

Moult la voissiez démener,
Treper et saillir et chanter. 

Wace, Rom. de liou, Duc, Trepare. 

Le français trépigner est un fréquentatif de treper. 


 

 

(delwedd C1049) (tudalen 0981)

— 981 — 

-|- Trique {Irick), s. /., tour, niche, malice. Tricherie, tri-
cer, tricheur. Le mot est usité en ce sens à Guernesey. 

r cré, men vieil, qu' tu en jouais des triques,
Aquand lu étais jane et fort. 

Met. , Dict.franco-norm., p. 478. 

Triquier. V. Tricer. 

Triste {triste' 3), s. m., litre, poste de chasse, où l'on se
tient pour attendre le passage du gibier. 

A un triste s'eslut li rei,
E vit venir la bisse à sei,
N'esparniat pas l'espuruner,
Ne le cheval le tost aler. 

Vie de S. Gile, v. 1855. 

Triumphant (t?-iumphant), adj., triomphant. V. les deux
mots qui suivent. 

Bien te sera estrange la forluue de Mithridate... souvent trium-
phant et souvent vaincu. 

Al. Chart., l'Esp., p. 363. 

C'est des haulx cieux l'église triumphante. 

J. Jouet, Le Jardrin salutaire, p. 121. 

Triumphe [Iriumph), s. m., triomphe. Du lat. Iriumphum.
V. Triumphant, triumpher, triomphe. 

Qu'il ait al tierz assaut le triomphe plenier. 

S. Tliom. le M art., p. 118. 

Ung Dieu eu trois personnes, vrayement,
Qui ne font qu"ung eu saincte Trinité,
Et roy des roys est infailliblement
Eu sa gloire, lriumi>he et dignité. 

J. JORET, th., p. 130. 

Triumpher {to triumph), v. n., triompher. Du lat. Irium-
phare. V. Triumphant, triîimphe. 

Les martyrs vainquirent leurs persécuteurs en mourant, et
l)ar mort ont. . Iriuniphé sur la mescreantise des vivans. 

Ai,. Çiiart., l'Es/)., p. 286. 

Triwe, Trive {triivede*, loyauté ; ireivelhe*, fidélité ; Ireiue*,
loyal, fidèle), s. f., alliance. De Tanc. haut allem. Iriiva, con-
fiance, sécurité. 

Pur ço te ai enveied cest or e cest argent, que tu la Iriwe ren-
des ki est entre tei e le rei de Israël, e partir le faces de ma terre.
{Peto ut v€nia-<i cl irritum facias fœdus, quod habes ciim Baasa
rege Israël et recédât a me.) 

Les liais, p. 303. 


 

 

(delwedd C1050) (tudalen 0982)

— 982 — 

Si pais e trive requereit,
Ceo que conseil nos endurcit
Kn ferion e neienl al. 

BÉN., Chron. de Norm., v. 1195?. 

-\- Tromper [to trumpen*), v. n., sonner de la trompe, du
cor, etc. 

Il fut donc sonné, trompé, ...dit et proclamé que, etc. 

Le Moy. de pari:., p. 2. 

+ Trondeler (lo trundle, faire rouler), u. a., renverser quel-
qu'un en lui faisant faire plusieurs pirouettes. Le verbe est
donné en ce sens par M. Delboulle, dans son diction, de pat.
norm. 

Trope [Iroop), s. /. , troupeau, troupe. Du bas-lat. iroppum,
qui s'fest dit pour troupe : « In Iropjw de jumenlis » {Loi des
Allem.). V. Tropeler, atropeler. 

Si bien qu'on sçait desja que la Dulyche trope
A mis en seur repos la chaste Pénélope. 

Champ-Repus, Œuv. poét., p. 58. 

Ce cœur de fiel, ce fils de Liriope 

Commist vers toi, en appellant sa trope, 

Un tour tant laid, qu'encor lasche on l'en tient. 

Vai;q. de La Fresn., Forest., II, i. 

Tropeler {lo troop), v. ?i., se réunir, s'assembler. V. Alro

peler. 

Lors si tropelerent ensemble. 

Hlst. de Guil. Le Maréchal, v. 9319. 

Tropeler dérive de iropel, diminutif de trope (V. ce mot),
d'où la forme angl. to troopj. Ce diminutif est fort ancien dans
la langue. 

XX. M. et plus sont en tropel. 

BÉN,, Rom. de Troie, v, 9563. 

Mult se vont entrels démentant,
Par tropeax se vunt cunseillant,
Ci vint, ci quinze, ci quarante,
Ci trente, ci cent, ci sdsante. 

Wace, Rom. de Rou, v. H196. 

Tropier, Troper [Iropery, les premiers mots des psaumes),
s. m., livret indiquant le premier verset des psaumes. 

Iço fu li saltiers
E li antefiniers,
Baplïsteries, graels,
Hymniers e li missels,
Tropiers e leçunier. 

PuiL. DE Thaon, Comput, V. 39. 


 

 

(delwedd C1051) (tudalen 0983)

— 983 — 

Ne vont sur antre livre 1<' sereraent jurer,
Fors de sur un troper, k'il fesist aporter, 

«S. Thoin. If Mart., p. 53. 

+ Tros. V. Trou. 

Trosel, Trossel {li'ussel\ diminutif de truss, mot qui est
resté dans l'angl. mod., avec l'acception de boite, touffe, fais-
ceau d'objets), s. m., botte, charge, paquet. Troussel, en ce
sens, est donné par Cotgrave, comme mol français. V. Trusser. 

Dedenz un trosel d'herbes le fisl enveluper. 

Wace, Rom. de Rou, v. 3103. 

Por chascun trossel de draps, à cheval iiii. d. et en nef ou en
batel viii. d. 

Coust. de la Vie. de l'Eaue de Rouen, art. 18. 

Tresser. V. Trusser. 

Trosseures {lrossers% trowsers)., s. m. pL, habits, vêtements,
bardes, bagages. 

E aveient granz (nombreux) trosseures (bagages),
Deus chape de brun afublées
De Flandres molt bien acesmées. 

Ilist. de Guil. Le Maréchal, V. 6696. 

Trou {iroio*, troiujlî), s. m., huche. De l'allem. Iraug. En
patois normand tros. 

Trois tables, un trou, une pelle, deuz tonneaus, deux cuves,
etc. 

Invent, de 1333, cité par M- Delisle dans les Actes norm.
de la C/i. des Comptes, p. 60. 

Troubleeur (troubler)., s. m., personne qui trouble, pertur-
bateur. 

Il esloit scismatique. .. herese, troubleeur de pais et de l'imion
de sainte église. 

P. Cochon, Chron. norw., p. 140, éd. de Beaurep. 

-|- Trover (to Irowe", lo Iroiv), v. a., trouver. Des acceptions
multiples que ce verbe possède en franc., l'angl. mod. n'en a
retenu qu'une seule, celle de penser, croire, juger, estimer. 

Hoc troverent dan Alexis sedant 

Vie de S. Alex, str. 23. 

E vint tut dreit à la venele
Par la sente K'ele trovad. 

Vie des. Gile, v. 1510. 

Troveure, Trovure {action of trover, action en répétition
d'une chose trouvée), s. /"., chose trouvée. Trouviire se dit en-
core en patois normand pour trouvaille. 


 

 

(delwedd C1052) (tudalen 0984)

— 984 — 

Seit mustred del treis pars del veisined, que il eit testimonie
de !a troveure. 

Lois de GuilL, 7. 

Mult fu liez de la trovure 

Marie, Gugemer, v. 709. 

Tru. V. Treu. 

Truaige {iniarje, Palsg.), s. m., tribut, rançon, impôt.
V. Treu. 

Ne povoient marcbans aller seun-ment par pais ne mener raar-
cliaudise, se n'estoit par sauf conduit ou par li uaigis paier. 

C/iron. nortn. da XJ V' s., p. 146. 

Trufle (tru fie'}, s. f., fatililé, bourdes, propos ridicules. V. le
mot suivant. 

La propbfcie d'anciens ço conferme e sacle,
Mes (mais) trufle est e contruvure. 

Vie de S. Auban, v. 1257. 

Trufler (se) (lo trifJe), v. réfl., se rire, se jouer. Truffillere
est dans le diction. d'Halliwell, avec le sens de badin, plaisant.
V. Trufle. 

Aucuns se truflent et mocquent de telles si honorables pro-
cessions et cérémonies. 

DE Bras, Rech. et antiq. de la ville de Caen, p. 45. 

-|- Trumper '/o Irump vp), v. a., tromper, inventer, forger
une histoire. 

-j- Trumperie {Irumperie, babiole, chose sans valeur ; Irum-
pery, faux-brillant, éclat trompeur, drogue), s. /"., tromperie. 

-\- Trumpeter (lo Irumpei), v. n., trompeter, divulguer une
chose qu'on voulait tenir cachée. V. Trumpelle. 

-\- Trumpette (trumpet), s. f., trompette. Trumpelle est
donné par Palsgrave comme mot français [Gram., p. 283).
V. Trumpeler. 

Trunc [Irunk], s. m., tronc. Du lat. Iruncum. 

Celé qui près dou trunc esteit.
Quant vit ke ne se removeit,
Ses cumpaignes a apelées
Si sunt ensanble au trunc alées. 

Marie, Fable 26. 

Trusser, Trosser [lo Irus.s, mettre en paquet, serrer), v. a.,
charger, réunir en paquet. Du lat. lorquere, tordre. V. Trosel. 

La hanste fut grosse curae uns tinel,
De sul le fer fust uns muiez trussset. 

Chans. de Roi., p. 262, 


 

 

(delwedd C1053) (tudalen 0985)

— 985 - 

Cil s'en vienent tut aruté
E tut chargié e tut trussé. 

Marie, Eliduc, v. 233. 

Sis chevals demanda, sis herneis list (rosser. 

Wace, Rom. de Rou, v. 3854. 

Lcr aveus bons e beaus e cliers
Trossenl e chargent en somers. 

BÉN., Chrori. de Nortn., v. 19644. 

-j- Trute (Iront, trowlc, du G., p. 913), s. f., truite. Du lat.
trucla. Truie est un anc. n:iot fr., encore usité dans le dép. de
la Seine-Inférieure. V. le gloss. de M. de Fresnay. 

Tuele, Tuel {twcle\ clialumeau, tuyau de plume ; tewel,
tuyère), s. ??«., tuyau. En bas-lat. hiellum, corruption du lat.
lubulum, diminutif de tubum. 

Deux tueles d'or geteiz
Mervpilles biax et bien fetiz. 

Ben., /loni. de Troie, v. 16731. 

Item, pour la cheminée... pour faire le contrecuer et l'astre...
pour faire le mante). .. et pour faire le tuel, si haut comme il ap-
partient afin qu'elle ait scz venz. 

Devis de trau. de 1336, cité par M. Delisle dans les Actes norm,
de la Ch. des Comptes, p. 144. 

Tuel s'est dit de même pour tuyau de descente de lieux
d'aisances. 

Item, pour faire le tuel d'une chimbre aesie descendant illec
jusques en bas eu gardin. 

Compte de 1315, cité par le même, ib., p. 330. 

Le mot subsiste en patois normand sous la forme tuet.
Ainsi, l'on dit le liiet d'une cheminée pour le tuyau d'une che-
minée, et l'on appelle luet à lessive le petit tube en fer qui
amène la lessive du cuvier à la chaudière : 

Tremble, marmounne et chante, ô ma cauguière (chaudière),
Fais d'ver et bonis ! j' verrai fumer ten tuet. 

MET., Diet.franco-norm., p. 121. 

La forme tuet n'est pas moderne ; on trouve dans l'ancien
dialecte « tuet de lance », dit, par assimilation de forme, pour
bâton de lance : 

Sa lance prist par le tuet,
Si eu m cio fust un hastonet;
Encoutreniont hait l'engetta ^ 

E par le fer receue l'a. 

Chron. anylo-norm., I, 7. 

-1- Tuet. V. Tuele. 


 

 

(delwedd C1054) (tudalen 0986)

— 986 — 

Tuir {to twist), v. a., torturer. 

Li poacre (la goutte) a es piez, maleraent est luis. 

Wace, Hom. de Hou, v. 2935. 

Tuition (luilion), s. /"., protection, sauvegarde, défense. Du
lat. tuilionem. 

Que, pour l'entretien de leur police et tuition de leur roy,
entre eulx gardent paix. 

Al. Chart., Le Quadrdogue, p. 452. 

l',t y (au Mont S. Michel) donnent le capitaine et mortes payes
un si bon ordre pour la tuition et garde de ceste place, que au-
cuns n'y entrent qu'ils ne soient tenus de laisser leurs armes.
De Bras, flech. et ant. de la ville de Caen, p. 39. 

-j- 1. Tumbe {tumbe, Paisg.), s. /"., tombe, pierre tumulaire.
Du lat. tumba. 

Une tumbe i Iruverent grant. 

Marie, Yicenec, v. 504, 

Et moi, son tils, seulet, à toute heure je poite
Des lauriers sur sa tumbe. 

Val'q. de la Frksn., Forest., I, 2. 

-\- 2. Tumbe (tumble), s. /"., chute. « La tumbe des feuilles.
La tumbe du jour. » Tiimbée se dit aussi en patois, avec le
même sens. V. Tumber 1. 

Tumbel s'est dit en ancien dialecte pour bouleversement,
tumulte. 

Un grant tumbel vi {vidi tinmdlum magnum), quant Joab chà
m'enveiad. 

Les Rois, p. 189. 

+ 3. Tumbe, Tombe {lump', amas, tas), s. /"., monceau de
terre allongé, formé à l'extrémité d'un champ et auquel on
mélange de la chaux et des détritus végétaux. Cet engrais est
utilisé, vers la iin de l'hiver, pour l'amendement des prés. Du
lat. tumba, mot dont l'une des acceptions, suivant Litlré, est
monceau. V. son dict. à Tomber, étym. 

+ 1. Tumber {to tumble), v. n , tomber. Du scand. tumba,
tomber la tète en avant. V. Tumbe 2, tumber 2. 

Mull veissiez homes tumber,
Li uns sor li aitres verser. 

Wace, Rom. de Rou, v. 13223. 

[.uy, ses consors tumberent en enfer. 

P. Grinc, I, II. 

Tumber le cul dremont, le cul dans le ronel. 

D. Fer., Muse norm., p. 52. 


 

 

(delwedd C1055) (tudalen 0987)

— 987 — 

-|- 2. Tumber {to tumble down), v. a., renverser, jeter à
bas. V. Tumber \ . 

Les François et Gascons... abbatoient et tumbcàent tout ce
qu'ils trouvoleiit à eux contmire. 

Al. CliiAnT., Hist. de Ch. VII, p. 46. 

Le dit Nicolas Hne en tomba un ou deux par terre. 

S. DE Caiîteket, Chroniques de Jersey, p. 80. 

Tumberel (liimbrel), s. m., tombereau. Dérive de liimber
(V. Tumber 1 et 2) ; le contenu du tombereau tombe en effet,
lorsque la voiture fait la bascule, au moyen du déclanchement
d'un tenon ou d'un crochet. 

Item, iiij. charetes ferées et i. à ferer; i. tumberel, etc. 

Invent, de 1.107, cité par M. Dolisle dans VAgric, en !Sorin,
au moijen âge, p. 727. 

La forme usitée en patois normand de Guernesey est
tvmbré : 

I l'ont boulai dans leu tumbré. 

Rimes guern., p. 129. 

Tumbereau est donné comme mot français, par Palsgrave,
dans sa gram., p. 283, et par Cotgrave, dans son diction.
En ancien dialecte norm., l'on a dit, au pluriel, hmiberiaux : 

Pour sablon traire et chargier es tumberiaux, pour ce faire
xii s. vi d. 

Compte de 1340, cité par M. Delisle dans les Actes norm.
de la Ch. des Comptes, p. 251, 

4" Tumbré. V. Tumberel. 

-f Tandre. V. Tondre. 

Turbe {lurbe') s. /"., troupe, foule, multitude, nombre. Du
lat. turba. Nous avons déjà fait remarquer, au mot lotrrbe,
que, dans l'ancienne langue, l'on n'attachait pas à ce mot le
sens de dénigrement qu'il possède aujourd'hui. 

Grant fu la turbe de fuianz,
E grant la turbe des ferariz. 

Wace, Rom. de Rou, v. 9282. 

-\- Turbentine {lurpenline)., s. f., térébenthine. Turbenline,
en ce sens, se trouve dans Cotgrave, comme mot français.
Turbentine se dit aussi, avec cette acception, en patois de
Genève. 

Turele {tureile\ turrel), s. [., tourelle. '' 

Les murs e les tureles li soleilz esclarzie. 

Chron. de Jord. Fant., v. 1317. 


 

 

(delwedd C1056) (tudalen 0988)

- 988 —
(Voient) temples e paleis, tureles e kerneus. 

Vie de S. Auban, v. 1465. 

Turment [lurment, Palsg.), s. m., tourment, supplice, tor-
ture. V. Torment, turmente)'. 

E (sauvas) Daniel del merveillus turment
Enz la fosse. 

Chans. de Roi., p. 259. 

Là fu la gent siraal baillie 

Que, ainz que ele peust estre fuie, 

Fu prise e livrée à turment. 

BÉx., Chron. de Norm,, v. 757, p. 29. 

Turmenter [to turmente, Palsg.), v. a., tourmenter. V, Tor-
menter. 

Mes profetes ne voiliez turmenter. 

Liu. des Ps-, CIV, 15. 

Jà tant ne en serrunt requis u turmente. 

Vie de S. Auban, v. 1035. 

Turn {tiirn)., s. m., tour, changement, vicissitude. Du lat.
luniuni. 

D'iloc vient à cel jurn,
U cumençat sun turn. 

PiiiL. DE Thaon, Cornput, v. 2IG9. 

Turneiement, Tornoiement (Jurnament, Sherw. ; tourna-
ment), s. m., tournoi. V. Tornei. 

Ensi remist bien lungement,
Deci qu'à un turneiement
Que Mpriadus afia
Cuntre celi qu'il guerreia. 

Marie, Gugemer, v. liô. 

Mult voissifz, forment armtz, ii-sir Normanz,
Querre tornoiement e juste deraandanz. 

Wace, nom. de Hou, v. 4097. 

Tournoyer s'est dit en vieux français, pour jouter, combattre
dans un tournoi, et tournoyeur pour désigner un jouteur : 

La première fois que l'on paroissoit dans un tournoiz, tous Ihs
chevaliers et escuyers tournoyeurs qui jamais n'auront tour-
noyé, etc. 

Th. d'hon., 1, 80, dans Lacnrne, \° Espée, 18. 

1. Turner (lo turn), v. «., tourner, 

Ansdous les oils en la teste li turnent. 

Chans. de Roi., p. 168. 


 

 

(delwedd C1057) (tudalen 0989)

— 989 — 

Quel parz que li venz lurne, se plessent (se courbent) à l'oré (de-
vant l'orage). 

5. Thom. le M art., p. 1G7. 

2. Turner (lo turn)^ v. «., changer, quitter une chose pour
une autre. 

Cele veie, fet-il, vus pri, leissiez ester,
Vostre religiuns ne vus face turner,  

5. Thom. le Mart., p. 173. 

3. Turner {to turn), v. a., détourner. V. Tourner. 

... Deussent à bien le rei mielz conseillier
Et de maie veie turner et raveier. 

n>., p. 179. 

4. Turner (s'en) (lo lurn back), v. réfl.., s'en retourner, re-
tourner sur ses pas, s'en aller. V. Torner [en ou n'en). 

A tant Samuel s'en turuad, e en Gabaa s'en alad. 

Les Rois, p. 44. 

Jà cil d'Espaigne ne s'en deivent turner. 

C/ians. de Roi., p. il7. 

Turtre {lurtte), s. f., tourterelle. Du lat. turturem. V. un
changement pareil de Vr du radical en l. à Purple. 

Kar li passere truve à sei maisun, et turtre nid à sei. 

Lib. psalm., p. 119. 

Si doiibleray
Tousjoui's mon dueil, et m'embleray
Des autres, si ressembleray
La turtre, à nul n'asserableray. 

Al. CiiAur., Le Lia. des quatre Dames, p. 611. 

Tut di, Tut dis. V. Toz dis. 

Tuteveies {always'), adv., toutefois, néanmoins, cependant,
mais. Malgré leur dissemblance iniliale, le mot normand et le
mot anglais ont, quant au sens, une étymologie identique. Le
normand iuleveies dérive de tut, tout, et de veie, voie, et l'an-
glais always* de ail, tout, et de luaye (Palsg.), voie, en anglais
moderne way. V. Veie. L'adv. always, qui subsiste en anglais
avec le sens de toujours, avait primitivement l'acception de
notre mot normand, ainsi qu'on vient de le voir. En ital. tut-
lapala, en espagn. lodavia. V. Toz dis. 

E li Daneis se sunt logié, 

Si lur out esté chalengié ; v 

Tuteveii's ad les espées 

Unt les gianz places délivrées 

U il tendent lur pavillons. 

BÉN., Cliron. de Norm., v. 3991. 


 

 

(delwedd C1058) (tudalen 0990)

— 990 — 

Tympan, Tympane [tympan), s. m., tambour. Du lat. tym-
panum. 

Ces de Israël juerent devant nostre Seignur od mult manières
destrumenz, od harpes, od lires, od tympans. 

Les Rois, p. 310. 

Pernez salme e dunez tyrapane. 

Lib. psalin., p. 55, 

Tympanistre. V. Timpanisiie. 

u. 

Del. V. Yvel (jjer). 

Uie iivi' 3), s. /"., désolation, misère, ruine; peine, douleur. 

Maugier, ki tint l'arceveskie,
Mist Normendie tute en uie. 

Wace, Rom, de Rou, v. 9659. 

Uignement, Ugnement {uinlment\ onguent), s. m., parfum
liquide, huile parfumée. Du lat. unguentum, qui a la même
acception. V. Oigaernent. 

E voz tilles, les unes frunt les uigneraenz. les altres le mangier. 

Les Rois, p. 27. 

Sicume li ugnemenz el chief. 

Lib. psalm., p. 208. 

Uilage, Hutlage, Uslague {outlaw), s. m., banni, littérale-
ment liors la loi (1). 

Si s'escundie sei vj. main, e, s'il ne pot, envtr li rei l'ament, e
cil seit uilage. 

Lois de Gui II., 50. 

Cum hutlage, cum genz averse.
Mortel, sarrazine e desperse,
Revinrent en la terre engleise. 

BÉN., Chron. de yorni., v. 38453. 

Uslague sont toz jors par mer. 

Id. , Rom. de Troie, v. 2878t>. 

(1) I^a condition faite aux utlages était terrible : 

Uilagatus et weyviata capita gérant lupina, quœ ab omnibus irapune po-
teruut araputari, merito enim sine lege perire debent, qui secundum legem
vivere récusant. 

Fleta, 1. I, ch. xxvii, p. 89, 


 

 

(delwedd C1059) (tudalen 0991)

- 991 — 

La forme la plus correcte csl uLlage, que l'on trouve dans
l'ancienne législation anglaise : 

Que nul ne soil utlage fors que pur félonie mortelle. 

IIoii.N'ES, Mijrror de JusC, ch. i, sect. 3. 

Un home est utlage sur action de del ou trespas, etc. 

LiTTLETON, Inst., sect. 197. 

On y rencontre aussi celle utlaghe : 

UUaghe, bannîtum extra legem. Inlaghe, subjectum legi. 

Fletu, 1. I, ch. xLv. 

. Ultrage. V. Utrage.
Ultre marin {tiUramarine), loc. adj., d'au-delà des mers. 

Si'napelat Jangleu l'uUre marin. 

Clians. de Bol., p. 294. 

Umage, Huniage {umage'), s. m., hommage. V. Homage. 

Al curunement de vostre fiz ne vus suvienge-il mie
Que le Uumage de ses meins le rei de Albanie
l.i feisles présenter, senz fei aveir meutie? 

Chron. de Jord. Fant., v. 6, var. 

Por sun grant busuin le mandot,
E sumuneit e cunjurot,
Par l'alliance qu'd li tisl,
Quant il l'imiage de li prist,
Que s'en venisl pur lui aider
Kar mult en aveit grant mester. 

Marie, Eliduc, v. 565. 

Umbrage, Umbraige (umbrage), s. m., ombrage. Dulat. îim-
bralician. V. Umbre. 

Ceulx qui se vont coucher en ses prairies
On du saussoys dessoubz le bel umbrage
En leurs manoirs ou en leurs seigneuries,
Prennent frescbeurs... 

P. Gring., I, 190, 

De ce désert périlleux et umbraigi' (ombragé). 

J, ioB-UT, Le Jardrin salutaire, p. 115. 

Umbre [ximber* 5), s. m., ombre. Du lat. nmbra. — timbre^
ombre, Kel. V. Umbrage, enumbrer. 

Uesiiz le umbre de tes eles cuevre mei. 

Lih. psalni., p. 17. 

En l'aiguë vit l'umbre dou fourmaige. 

Marie, Fable 5. 


 

 

(delwedd C1060) (tudalen 0992)

~ 992 — 

Dn (lin'), siibsl. abstr., on. Un représente ici hum^ qui s'es
dit pour homme (1). V. En. 

A tort deit-un périr douz feiz d'un sul mesfait. 

S. Tlïom. le M art,, p. 85. 

Quant li reis sunt enoint, ço devez bien saveir
C'un lur met en trois lius l'enunclion, pur veir. 

Ib., p. 108. 

Unccion [unction), s. f., onction. Du lat. unctionem, de
unfjere^ oindre. 

E uinst mei en la miséricorde de sa unccion. 

Liv. des Ps., CLI, 5. 

Uncle {iincle), s. m., oncle. Du lat. avimculum^ contracté dans
la basse- latinité enunculnm. 

Et Machiner et son uncle Maheu. 

Chans. de Roi., dans Litlré. 

Del tut erenl à un plus que uncles et nés. 

S. Thom. le M art., p. 97. 

Unicorne (iinicorn), s. m., licorne, animal fabuleux qui
n'avait qu'une corne. Du lat. unicornem. 

Salve mei de la huche del liun e des cornes des unicornes oi
mei. 

Liv. des Ps., XXI, 22. 

Universal («/M/re?'srt/), adj.., universel. Du lat. universalem. 

... Futenz el trône mis
E al plus haut degré asis
De semte Iglise universale. 

Vie de S. Gréûr., v. 1243. 

Seigneurie... plus perfaicte et semblable au régime universal. 

Al. Chart., r^sp., p. 315. 

Urcel {orceV), s. m., petit vase. V. Orzuel. Du lat. nrceoliim,
diminutif d'urceum, vase avec anse, supporté sur des pieds. Le
mot a souvent servi à désigner un bénitier portatif. 

N'i laissèrent à depecier
Table ne urcel ne lilateire. 

Biix., Chron. de Norm., v. 2834. 

Ure, Hure (iire'), s. /"., heure. Du lat. ho7'a. Al ure, au mo-
ment, Kel. V. Oure, 

Si jurad seidodzime main que al ure que il u plevi, luren ne
le sot. 

Lois de Cuil., 4. 

(1) Ke hum te serve en simplicited e pureted 

Les Rois, p. 115. 


 

 

(delwedd C1061) (tudalen 0993)

- 993 — 

Une mais ne sofdrent tel fais,
Ne si grant perle en si poi d'ure. 

Bén., Chron. de Norm., v. 5300. 

Ne poent aveir paiz nule hure. 

Wace, Rom. de Rou, v. 6013. 

E lu leit (lait) donot totes hures. 

Vie de S. Grég., v. 1642. 

Urer {lo iire), v, a., faire. 

Meinte beneiçon li ure. 

BÉN., Chron. de Norm., v. 10769. 

-\- Usance (tisance), s. /"., usage, mise en pratique, exercice
d'un pouvoir, d'un droit. 

François, François I vous avez par un damnée et accous-
tumée blasphème, despilé le nom de celuy à qui toul genoil se
doit finchir, el il vous a, par Tusance de sa justice, mis en
blasme el on reprouche des nations. 

Al. Chart., l'Esp., p. 319. 

Le sçavoir, l'artifice, avec l'experte usance,
Donnent en quelque temps au renom accroissance. 

Vauq. de la Fresn,, Art. poét., II, 71. 

Usé {iised), adj., liabitué, accoutumé. Du lat. uswn (part,
pas. de utor), qui a fait usage de, qui s'est servi de. Usée,
usage, Kel. 

Li jorz failli e vint la nuit :
Cil qui furent usé el duit,
Ont la bataille desevrée. 

BÉN. , Rom. de Troie, v, 10850. 

Le petit pas vienent vers Tost,
E cil se refurent mul tost,
Cent départi e bel armé
Gum cil qui mult en suut usé. 

1d., Chron. de Norm., v. 5255. 

Userier {userer, Palsg.; usere')., s. m., usurier. 

Aulresi funt li useriez, 

Quant il se sunl acumpagniez (associés). 

Marie, Fable 83. 

Se aucuns useriers muert et il est alainz par le serement de
xii de ses voisins que il ait maintenu usure dedanz l'an et le jor
que il muert, li dus aura loz ses chatiex. 

MarnieR, Établiss. de L'Echiq. de Norm., p. 34. 

Uslague. V. Uilage. 

Uslement (howling), s. m., hurlement. Dérive de nstery 

63 


 

 

(delwedd C1062) (tudalen 0994)

— 994 — 

uller, hurler ; du lat. ululare. L'h et IV qu'on trouve en fran-
çais, à la première syllabe du mot, n'ont aucune raison d'être.
V. Houaler.  

Fu sempres granz li cris levez,
Li braiz, li uslemenz, li plurs. 

Bén., Chron. de Norm., v. 1666, p. 62. 

Ustilz. V. Oustillement^ à la note. 

Ustraige. V. Utrage. 

Usufructuaire {usufrucluary), s. m., usufruitier, celui qui
possède un usufruit. Du lat. usufrucluarium. 

L'enchérisseur est chargé de faire rente à l'usufructuaire sa
vie durant. 

Terrien, Comment, du dr. norm,, p. 4'J9. 

Utague, Utage {lackle., poulie, palan, moufle), s. f., itague.
Terme de marine. « L'itague, dit M. Jal {Boï/i de Brut, II, d-iS,
en note), est une corde immédiatement appliquée au milieu
de la vergue ; à son extrémité est une poulie, dans laquelle
passe la drisse. » — En bas-breton ilak. 

Utagues laschent très avalent,
Boelines sachent et halent. 

Wace, Rom. de Brut, v. 11510. 

Ronpeut utages et hobans. 

Bén., Rom. de Troie, v. 27475. 

Utlage. V. Uilage. 

Utrage, Ustraige {utrage"), s. m., excès. Y.oultraige, utrer,
utragos. 

L'arcevesque, senz utrage,
Ce's l'espoudit cum sage
Son avis. . . 

Fje de S. Tliom. de Cant., v. 700. 

Tant enprennent, par lor ustr.ige,
Que lor honur turne à damaige. 

Marie, Fable 97. ' 

Mais la forme exacte, et probablement la plus ancienne, est
ultrage, dérivée d'un radical fictif ultraticum, se rattachant
au lai. ullrà, outre. V. Outrance. 

Pur tut l'aveir de France ne volsist curaencier
De faire nul ultrage dunt eussiez desturbier. 

Chron. de Jord. Fant., v. 982. 

Dtragos {outrageons), adj., excessif, outré, violent. V.
Utrage, utrer. 


 

 

(delwedd C1063) (tudalen 0995)

— 995 — 

Si 1res félon, ne si salvage,
Si utragos n'o teu deslei
Pur que venistes contre mei ? 

Bén., Chron. de Norm., v. 2880. 

Utrer [lo outraie"), v. a., ruiner, perdre. V. Utrage, ulra-
gos, outrance. 

Se vos me faillez, je suis ulrez,
E toz jorz mais déshéritez. 

BÉN., Chron. de Norm., v. 11718. 

Uverainne, Uveraigne, Overaigne, Uvraigne [outweringne),
s. /"., abus, excès, sottise. 

Ne faites mais tel uverainne [Quare facitis res hujusce modi...
res pessimas. 

Les Rois, p. 8. 

Mult en i ad encore des maies uveraignes ta mère Jezabel e de
ses sorceries. 

/6.,p. 377. 

Plusours divers overaignes. 

Brut. d'Engl., cité par M. Meyer, Bull, de la Soc. des
anc. textes, p. 119. 

Es uvraignes Adam (Dieu) nostre terre maudist. 

s. Thom. le Mart.i'ç. 48. 

Uverer. V. Overer. 

V. 

+ Vacabond (vacabonde, Paisg.), s. m., vagabond. 

Item, aftin que les dictz baillifz et juges royaux puissent plus
seurement procéder à discerner et bailler la question, torlure,
sentence de mort ou aultre peine corporelle, esdictz essorillez,
banys, vacabondz..., la Court a ordonné, etc. 

Ord. de l'Echiq. de Norm. de 1401. 

Au regard des autres vacabons, quand ils peschent... pourveu
qu'ils gectent haruois es dictes eaues, chascun un denier. 

Aveu de 1345, cité par M. de Beaurepaiie dans La Vie.
de l'Eau de Rouen, p. 500. 

L'on dit, de même, en patois normand, vacnbonder pour
vagabonder. 

+ Vacat {to vacafe, laisser vacant), 5. m., terrain en friche.
Se rattache au lat. vacare. D'un champ inculte l'on dit que
c'est un vacal ou qu'zY est en vacat; en ancien dialecte nor-
mand, on usait de la locution en vace : 


 

 

(delwedd C1064) (tudalen 0996)

— 996 — 

La terre estait en vace, 

Wace, Rom. de lioti, v. 1095. 

Vacation (vacation), s. /"., vacance de fonctions. Du lat. va-
calionem, exemption d'une charge publique. 

Quand il est discord et question de patronnage entre quelques
parties que ce soit, aullre q\ie le dyocesain, le discord de bref
doibt estre lini dedenz six moys après la vacation du bénéfice. 

Ordon. du Pari, de Norm. de 1515. 

Pourront commettre aux offices, quand vacation y escherra,
et sans pouvoir destituer ceux qui jà y sont pourveus. 

Terrien, Comment, du dr. norm., p. 96. 

+ Vachi (washy), adj., mouillé, trempé, souillé, fangeux. 

Mouailli et j'iai, vachi et sale, 

En jurant d' raeu mues, j' m'en déhale. 

Rimes guern, , p. 20. 

-\- Vadeler (se) (lo ioaddle\ se rouler à terre), v. réfl., se
vautrer, souiller ses vêtements de boue. 

Vager (to ivagge'), v. n., se mettre en mouvement, aller,
s'avancer. Du lat. vagari, parcourir. 

Tant allèrent siglant e tant bien espleiterent,
K'en Normandie vindrent, amont Saine vagerent. 

Wace, Rom. de Rou, v. 4913, 

Vaillable (valuable), adj., de valeur, de prix, dïmportance. 

Car, l'homme mort, on treuve les moyens
Partir en trois ses biens, tant soient vaillables ;
Le corps aux vers, à ses parens les biens ;
Quant de l'arae, c'est à Dieu ou aux dyables. 

P. Gring., I, 90. 

Vaillantment [valiantly), adv., vaillamment, vigoureuse-
ment, énergiquement. 11 est à remarquer que le t étymolo-
gique, qui fait défaut en français, subsiste dans le normand
aussi bien qu'en anglais. 

E defreit summetrat, e trébucherai par ses forces vaillant-
ment. 

Lio. des Ps., IX, 31. 

Vaillaunt, Vaillant [valianC], adj., qui vaut, qui mérite. Ce
sont des formes archaïques du part. pr. du verbe valoir. 

Mult par est vaillant Deus, forz et de grand bunté. 

5. Thom. le Mart., p. 26. 

Le pais est mult bel, et tant douz et tant vaillant
Tuit cil qui euz maindrnnt de servage ierent franc ! 

Guicu.vRD DE Beaulieu, Scrmiui, p. 30. 


 

 

(delwedd C1065) (tudalen 0997)

— 997 — 

+ 1. Vain {iven), s. m., loupe blanche et molle. Le mot
existe aussi en ce sens à Guernesey. V. le Diction, de M. Mé-
tivier. 

+ 2. Vain {wan, hâve, pâle, blême), adj., faible, épuisé,
sans vigueur. Du lat. vanwn, vide. 

Kar faim li perneit merveillose,
Si pesme e si très angoissose,
Que par uu poi pasmiz e vains
Que il ne manjout ses deus mains. 

Bén. , Chron. de Korm,, v. 40555. 

Sur vieil cheval vain
Plaist beau poulain. 

Vauq. de La Fresn., Forcst., I, 5. 

3. Vains, Vein [vayne, Palsg., Gram., p. 327), adj., vide.
C'est le sens primitif, celui du radical. 

De toz raalz est enflez et de loz biens vains. 

GuicHARD DE Beaulieu, Scrmun, p 16. 

La terre qui ert de tanz biens si pleine
De tuz aveirs est ore fade e veine. 

Chron. de Jord. Fant, , v. 696. 

Vair, Ver {vaire''), s. m., petit gris, espèce de fourrure, co-
lombine par-dessus et blanche par- dessous. Du lat. varium. 

Aveirs, cupes e vair e gris,
Palefreiz e chevaus de pris. 

BÉN., Chron. de Norm., v. 35447. 

Pour i. c. de peaus de ver, iiii. d. 

Coust. de la Vie. de l'Eaue de Rouen, art. 11. 

1. Vaissel (navire). V. Veissel. 

2. Vaissel (vase). V. Vessel. 

Vaiter (/o waile', lo wail), v. a., guetter, observer. V.
Waite. 

D'un vilain cunte, qui vaita 

Dedeus sun wis (derrière sa porte), si espia ; 

Un autre hume vit seur son lit... 

Marie, Fable 40. 

Vaivez (waived), adj., abandonné, délaissé. V. Gai/". 

S'en va vaivez par terres sanz sujur. 

Vie de S. Auban, v. 553. 

-{■ Valentin, ine (valenline), s. m. et /". Le valenlin est
Tamoureux préféré; la valenline, la femme qui agrée ses assi- 


 

 

(delwedd C1066) (tudalen 0998)

— 998 — 

duités. En angl. valentine désigne l'amoureux choisi le jour
de la S. Valentin (1-4 février). Autrefois, selon Lacurne, ce
n'élait pas le choix de la femme qui déterminait le titre et les
droits du valentin. « Au jour de la St-Valentin, dit-il, les
dames tiraient au sort le galant qu'elles auraient pour l'année;
de là, un galant s'appelait valentin et sa dame vatoiiiwe. » 

Valour (valoitr), s. f , valeur. V. Valur. 

Si fu de tel valour. 

GuiCHARD DE Beaulieu, Sermun, p. 18. 

Ai chançon faite et chantée ;
Si m'est raestiers qu'cde agrée
A la plus bêle des meillours
U toute biautez et velours
Et joies s'est assarablée. 

Raoul de Perrière, Chans., p. 10. 

4- Valter. V, Walcrer. 

Value {value), s. /"., valeur, pris. V. Valur. 

i. bel banap de fnst, de la value de 1 d. 

Coust. de la Vie. de l'Eaue de Rouen, art, 67, 

Et y (au cellier) a cuves ii., et autres menuetez choses de
chelive valur, qui nechieeat point en inventaire. 

Invent, de 1334, cité par M Delisle dans les Actes nornx.
de la Ch. des Comptes, p. 115. 

Valur {valiire'), s. f., importance, prix, mérite, valeur. Du
lat. valorem. V. Value, valour. 

Vint à Burdele la cittt de valur. 

Chans. de Bol., p. 308. 

E el chief at valur
E tute sa vigur. 

Phil. de Thaon, Comput, v. 1219. 

Valvassorie. V. Vavassourie. 

Vanderre (vender), s. m., vendeur. 

Ge ne sere pas oiz tant comme H vanderres vive. 

Maknier, Établis, de l'Echiq. de Norm., p. 94. 

+ Vanoui (vanished), adj., évanoui, disparu. Du lat. va-
nescere. 

Vantance [vaunling, Slierw.), s. /"., vanterie, jactance, os-
tentation. 

Par Di<^u, je lui jure
Que je dy vray, sans excez de vantance. 

L'io. de chasse du gr. Sén. de .\orm., p. 49, 


 

 

(delwedd C1067) (tudalen 0999)

- 999 — 

Il seroit excusable en sa lourde vantance. 

Vauq. de La Fkesn., Sat., p. 379. 

Vanteor {vauntour, Palsg.), s. m., vantard. 

De ceo nos dit Ysidorus 

Que vanteor ne fait acreire plus 

Que... 

Bén., Chron. de Norm.,v. 531, p. 21. 

-}- Vaquerie {vaccary')^ s. /"., vacherie. Vaque est la forme
normande de vache. 

Varant. V. Warant. 

Varech. V. Wereq. 

Variance {variance), s. /"., variation, versatilité. Du lat.
variantia. 

Mais cueur failly, lascheté, variance, 

Qiianc qu'ilz ont fiiit, f^astent en peu d'espace. 

Al. Chart., Le Brév. des Nobles, p. 592. 

+ Varou {warlaïC, sorcier, magicien), s. m., loup-garou.
Warou, en ce sens, est dans le Diclion. du vieux lang. de La-
combe. V. Gobelin et les autres mots auxquels il est renvoyé
à celui-ci. En bas-lat. varolus. 

Transiens autem par quamdara villam, audivit ab incolis loci
illius duas feras immanissiraas, quse vulgo varoli dicuntur, in
neraoïi proximo desœvire. 

Vie de S. Bernard, Duc, Varolus. 

De culuevre nous font anguile
Aignel de waroul et de leu. 

Mir. de la B. M. V. 

Nou dit qu' j'avons l'humeur sure,
L'dir triste coumme un varou. 

Rimes guern., p. 12. 

J'ons vu passer, comme je vous vaii. Pinson Bernard, qu'il
aviout abandonné la lille à la Mesline, qu'étiont enceinte ed 11 ;
j' I'dus reconnu, 1' malliureux 1 11 était changé en varou, quoai 1
méconnaissable... 

E. DE La Bédol., Les Mor'nands, dans Les Franc, peints
par eux-mêmes, \, 155. 

Vasselage {vassalage*), s. m., générosité, grand cœur,
valeur, sagesse. 

Pur vasselage sulei jo estre tun drut. 

Clians. de Iîol.,ç. 171. 

Qior Rich^rt est mult pros el de grant vasselage. 

Wace, Eom, de Roa, v. 2508.

 

 

(delwedd C1068) (tudalen 1000)

— 1000 — 

Vasselage vient de vassal, qui s'est dit pour sage, juste. —
Vassaux, homme courageux. Kel. 

E Deus, ki est vassals.
Partira bons e mais. 

Phil. de Thaon, Comput, v. 1705. 

Dienl Français : I cist reis est vassals. 

Chans. de Roi., p. 281. 

D'où l'adv. vassalmenl, avec cœur, valeureusement. 

Franceis sunt bon, si ferrunt vassalment. 

Ib., p. 92. 

Vaticiner {to vaticinate), v. a., prophétiser. Du lat. vali-
cinari. 

Il (Nostradamus) se rendit si admirable
en son art de vaticiner,
qu'il fut mandé par le roy. 

De Bras, liech. et ant. de la ville de Caen, p. 158. 

• 4" Vâtre {water, eau), s. f., eau bourbeuse, fange, boue.
Du scand. vain., eau. — A notre mot se rattachent le verbe
rétl. se vâtrer et son fréquentatif se vatrouiller. qui se disent
aussi en pat. norm. pour se vautrer. 

Vaucrer. V. Walcrer. 

-\- Vaule {wale, lisse; wale" 12, verge, tringle., tige), s. /".,
gaule, longue perche flexible. Du celt. gwalen., gwialen,
verge. 

Pour un faix de vaules, pour arranger les vignes, 6 d. 

Compte de 1466, cité par M. Pluquet dans son Ess,
hist, sur Bayeax, p. 197. 

D' sa vaule il abat les castaines. 

La Souv. annale (Jersey, 1869), p. 9, 

Le mot est aussi usité en ce sens à Guernesey.
Vaulelte et vaidot se disent pour petite gaule et vauler pour
gauler. 

-j- Vaute [vault), s. /"., cave, caveau voûté pour sépulture.
Le mot est usité en ce sens en patois guernésien. V. le Diction,
franco-norm. de M. Métivier, v*^ Vote; du lat. t^o/x/wm contracté
en voltum. Le sens primitif du mot est voûte. V. Volte. 

Par une vaute souslerine,
Entra en la cambre perine. 

Lai d'ignaarès, p. 23, 

Vavassourerie, Valvassorie [valvassorie, Gotg.), s. /"., fief
possédé par un vavasseur, condition de vavasseur. 

i 


 

 

(delwedd C1069) (tudalen 1001)

— 1001 — 

L'héritage est appelle partable (partageable), en quoy le sei-
gneur ne peut reclamer aulcune garde, si comme sont vavas-
soureries. 

Ane. Coat. de Norm., ch, 27. 

On appelle coniniuneaient vavassoureries les ainsneesses des
masures qui ne sont pas noblement tenues. 

Le Rouillé, Gr, coût, de Norm., i" xli v'. 

Duquel (tief) sont tenus aussy deux valvassorips. l'une appelée
la Valvassorie Paresse... et l'aultre la Valvassorie Cantepye. 

Aoeu de 1601, dans les Moi. et notes de M. Aug.
Le Prévost, II, 97, col. 2. 

. Veal, Veel {veal), s. m., veau. Du lat. vitellum., diminutif de
viluhim. 

Prist berbis, boes e veals. 

Les Rois, p. 49.
Avirunèrent mei mult veel. 

Lib. psalm., p. 25. 

-j- Vèche {vetch), s. /"., vesce. Du lat. viciam. En v. angl.,
l'on rencontre les formes fetch, fetche; la première est dans
le diction, de Sherwood et l'autre dans celui d'Haliiwell et
dans la gram. de Palsgrave, p. 21Q, ainsi que dans celle de
du Guez, p. 915. La traduction du mot en français est pour
Palsgrave veche et pour du Guez vesche. 

Porchascun cheval portant ou raportanl vesche ou blé ou autre
tele chose, i. d. 

Coust. de la Vie. de l'Eaae de Rouen, art. 17. 

Item, vpclies, vj. acres. 

Invent, de 1307, cité par M. Delislo dans VAgric. en Norm.
au moi/, âge, p. 721. 

Vedve {wedivede*, veuvage), .s". /"., veuve. V. Vuide, vétiver. 

Or par sui vedve, sire, dist la pulcele. 

Vie de S. Ale.x-., str. 99. 

A lur mère unt toleite
Sun espuse et vedve feite. 

Vie de S. Thom. de Cant., v. 1369. 

Veel. V. Veal. 

Veer {lo weer'), v. a., empêcher, défendre. Du lat. vetare.
— Luy vea, lui défendit, lui refusa, Kel. 

Li arsons e li preie fist veer e lessier. 

Wace, Rom. de Rou, v. 3332. 

Dunt il lur puissent contrester,
Ne ren tolir ne rien veer. 

BÉN., Chron. de Norm., v. 6067. 

63' 


 

 

(delwedd C1070) (tudalen 1002)

— 1002 — 

L'on a dit, dans le même sens, deveer^ deveher : 

Refist par tut suri ban crier
E entredire (interdire) e deveer
Que lerres ne fust consentuz. 

BÉN., Chron. de Norm., v. 7148. 

E manga le fruit devehé. 

Marie, Purg., v. 1698. 

Veeur. V. Yeour. 

-\- 1. Veie {ivaye, Palsg.; ivay), s. /"., voie. Du lai. viam. Vaie,
chemin, Kel. Le patois normand a les dérivés envéyer, ren-
véyer. V. Aveiement, tuleveies. 

Tant chevalcherent e veies e chemins. 

Chans. de Roi., p. 34. 

Erraument s'est mis à la veie. 

BÉN., Chron. de Norm., v. 14691. 

Va-t-en hors de ma veie. 

Rimes guern, , ^. 81. 

2. Veie {way, Sherw.), s. f., train, traite, marche, course.
Devers Dol en Bretaigne ad la veie acuillie (hâtée, pressée). 

Chron. de Jord. Fant, , v. 207. 

Amont Saine a sa voie à Roem acoillie. 

Wace, Rom. deRou,y. 14.6. 

Veil {veille', vieille femme), adj., vieux. Du lat. vetulum.
Yeel, vieux, Kel. 

Li plus saive e li veill. 

Chans. de Bol., p. 11. 

De ceo li voil je bien semundre
Qu'ai veil, al fel, al sodriant.
Mar lessera fest en estant. 

BÉN., Chron. de Norm-, v. 18153. 

En dialecte anglo-norm., veille avait le sens absolu de vieux. 

A la viewe (enquête) de veille tresore trové, ancienlment re-
condé en terre, appenl de enquirer cornent cel tresure fuit trové. 

HoRNES, Mi/rror de Jiist., ch. i, sect. 2. 

-\- Veile {veie', veil)., s. f,, voile. Du lat. vélum. Veile, voile,
Kel. V. Vêler. 

Solunc l'orré portent les veiles. 

Wace, Rom, de Brut, II, 141, var. c. 1. 

Lèvent la veile al raast amont,
La mer acuillent, si s'en vont. 

Vie de S. G rég., y. Wli. 


 

 

(delwedd C1071) (tudalen 1003)

— 1003 —
Auve les velles en berdelle es mats,.. 

Rimes guern., p. 140. 

Quand les velles fliaquent es mats
Les bourgeois n'y gagnent pas. 

Dict. jers., cité dans La nouv. annaie (1871), p. 19. 

Veiler. V. Vêler. 

Vein. V. Vain 3. 

+ 1. Veir {to ween), v. a., voir, considérer, penser, s'ima-
giner. Du lat. videre. 

Veiez ses enemiz aler à sun destruiement. 

Chron. de Jord. Fant., v. 1043. 

Veium si jà serez creu. 

BÉN., Chron. de Norm., v. 7843. 

Viez donc c'tte p'tile perrette, qui veut itou s'en mêler, 

Lalleman, Le Rendez-vous du, dép., p. 67. 

Vions un p'tio queul emplâtre,
Tu boutras à ta tréison. 

L, Pet., Muse norm,^ p. 28. 

D'où veement, opinion, croyance, manière de voir : 

Sulunc le veement 

De ceste humaine gent. 

PiiiL. DE Thaon, Comput, V. 2521. 

2. Veir {veire)., ctdj., vrai, loyal, honnête, sincère. Du lat.
verum. Vei'ers, fidèle, droit, juste, Kel. V. Verai. 

Li est mestier que il tienge veire créance. 

Lib. psalm., p. 255. 

Li veirs miracles lor i at Deus mostrez. 

Alex., str. 112. 

-|- Veire {veir\ vair*), adv., voire, vraiment, vrai ! oui-dà !
C'est l'adj. veir (V. Veir 2), pris adverbialement. 

Veire, par les oilz Deu I fet-il, n'a suing de pès ! 

5. Thom. le lHarC, p. 14i. 

Vere, dist-il, si jo repas,
Jo ferai à cest liex onor. 

Wace, Rom. de Rou, v, 615. 

Mais que nous nous trouvions encor des nids, vous nous les
viendrez abbattre, ô vere. 

Nouv, fabr des excel. tr. de vér., p. 78. 

Vère ! lojais mousleu. 

L. Pet., Muse norm., p. 10. 


 

 

(delwedd C1072) (tudalen 1004)

— 1004 — 

J'airons tantôt du sguin, veire.
Sous l's épines et les laurières. 

Rimes guern., p. 120. 

^ Veirement (uery), arft»., avec justice. V. Veraiement. 

E si dirrat li hueni : veirement al juste est fruit, veirement
est Deus jujaiiz en terre. 

Liv. des Ps., LVII, H. 

Veisinitez {vicinity), s. /"., voisinage, proximité. Du lat. vici-
nitalem. De même, vicinwn a donné en dialecte normand la
forme veisin. V. Yisnê. 

Que deit que entre nos a haïne
Si amor non entierre e fine,
Veisinitez, fine aliance ? 

Bén. , Chron. de fiorm,,v. 619. 

Veissel, Vaissel, Vessel [vessel], s. m., navire, bâtiment. 

Prie Deu e seint Nicholas
K'il li tramete alkun veissel,
Buce u Uenar, nef u batel,
Ki utre l'en poust porter. 

Vie de S. Gile, v. 772. 

Pour le fait de sou vaissel... ii'= iiii^'= x livres tournois. 

Compte de 1425, dans la Chron. du Mont S. Mich., I, 188. 

42 queues de vin cbargées en un vessel pour S. Pair et Gran-
ville. 

Compte de 1392, cilé par M. de Beaurep. dans ses Azotes
et doc. sur la Norm., p. 116. 

Veisselement. V. Yessdement. 

Vêler, Veiler [to veil), v. a., voiler, au sens, soit de prendre
le voile dans un couvent, soit de dissimuler, cacher. Du lat.
velare., couvrir d"un voile, cacher. V. Veile. 

En une abeie vout mielx astre velée. 

Wace, Rom, de liou, v. 3551. 

La dame i fet sun chief vêler. 

Marie, Éliduc, v. 1132. 

... li volsist estre es nefs veilez
E loins de la terre esioigniez. 

Bén., Chron. de ISorm., v. 1139. 

+ Velie. V. Veile. 

-\- Velopée {walloping), s. f., volée de coups. V. le mot
suivant. 


 

 

(delwedd C1073) (tudalen 1005)

— 1005 — 

+ Veloper {to wallop) , v. a., rosser, battre, maltraiter.
V. Velopée. 

Vencud, Vencu (venqueste*), renversé, détruit. C'est le part,
pas. de vencre. 

Li reis Marsilies est de guère vencud. 

Chans. de Roi., -ç. 20. 

Tant l'uut sa gent bien secoru
Qu'enz midi fu le champ vencu. 

Bén., Cliron. de Norrn., v. 2263. 

-j- Vendue (vendue), s. /",, vente aux enchères publiques. Se
dit le plus souvent de celle ordonnée par justice. Du lat. veii-
dilam, part, pas, fém. de vendere, vendre. Vendue est un ancien
terme de droit coutumier normand, qui se disait de toute
espèce de vente. 

Au vicomte ou son lieutenant appartient la connaissance des
clameurs de haro civilement intentées... de vendues de biens de
mineurs. 

Coût, de Norrn., art. 5. 

Il faisoyt fere certaines vendues par le sergent. 

Journ. du s. de Gouberville, p. 830. 

Mais sd mort étant v'nue,
1 fallut aveir un' vendue. 

La Nouv. annaie (Jersey, 1874), p. 18, 

Vengement {revengement, Cotg.), s. m., vengeance. 

Mes il ne targa mie de guerre vengement. 

Chron. de Jord, Fatit., v. 1039. 

Jo en prendrai sanz délai si haut vengement. 

Vie de S. Auban, v. 158i. 

Venim (venime'), s. m., venin, poison. Du lat. venenum.
V, Envenimer, venimeux. 

Venim de serpenz desuz les lèvres de els. 

Lib. psalm., ^, 14. 

Venim et purreture grant merveille vomi. 

S. Thom. le Mart., p. 128. 

Venimos, Venimeux {venomous)., o.dj., empoisonné. V. Venim. 

Bien ne funt ne ne dicnt; les cuers unt venimos. 

GuiCHARD DE Beaulieu, -Ser/?ui/i, p 15. 

Alixandre n'estoit point content de la conqueste de toute la 


 

 

(delwedd C1074) (tudalen 1006)

— 1006 — 

terre, et une poison (potion) (1) venimeuse luy retrancha son 

orgueilleux couraige. 

Al. Chart., l'iTs/)., p. 364{ 

Venison (venison), s. /"., venaison. Du lat. venalionem. 

Car ot prise à grant fuisou
Et volatile et venison. 

Marie, l'Épine, v. 173. 

Ventaille {venlaV), s. f., partie mobile du heaume, proté-
geant le visage. Du bas-lat. ventaculiim, soupirail, Ventailest
resté dans la langue comme terme de blason. V. Aventaille. 

Héraut feri sur la ventaille. 

Wace, Boni, de Boa, p, 277. 

là l'aveit lui tant si féru
Que jus del cheval l'abati ;
De suz la ventaille choisi, '
La barbe e les chevoz chanuz,
Mult li pesa qu'il fu cheuz. 

Marie, Milan, v. 420. 

Venteler {to wentle'), v. a., culbuter, refouler. Du lat. venti-
lare, disperser. 

En tei les noz enemis venteleruns, el tuen num defulerums
noz aversaries. 

Liv. des Ps., XLIII, 5. 

Si Terascerad de ceste bone terre que à lur ancestres dunad, e
ultre mer les ventelerad. 

Les Rois, p. 293. 

Veour, Veeur, Voyeur {vieiver), s. m., personne qui visite,
examine et donne son opinion. V. Veue. 

Si est assçavoir qu'à église 

De la paroisse où est assise 

La veue estre tenue 

Ou à place aultre congnue 

Du lieu prochain qu'on doibt voir ; 

Là se doibt le terme asseoir, 

Où les deux pars chascun ensemble. 

Justice e veours ensemble, 

Quant ensemble seront venus, 

La Justice sera tenus. 

Coût, de Norm., en v., p. 126. 

(1) Poison, du lat, potionem, se disait primitivement pour potion :
Boivre li fist une poison
Qui '1 tiaist molt tost à garison. 

Bén., Rom. de Troie, v. 10189. 

Notons en passant que poison est resté du genre féminin en patois normand. 


 

 

(delwedd C1075) (tudalen 1007)

— 1007 — 

Sur les quieux faiz actenduz de partie adverse, nous eussion
fait jurer les dis veours cy-dessiis nommés, pour rapporter vérité
de ce qu'iiz eu savoiont ou creoient. . . 

Cartul. de Lisieax, i' 118. Sentence de 1451. 

La partie demanderesse doibt requérir au sergent qu'il maine
les veeurs au lieu qu'il entend demander. 

Ordon. du Pari, de Nom. de 1515. 

Au XVII'= .S., à Honfleur, on donnait le nom de voxjeiirs à
certains fonctionnaires, chargés de surveiller le nettoiement
des rues et des pavés et d'expulser ou d'arrêter, suivant
l'ordre des échevins, les prostituées étrangères à la ville. —
V. une Ordon. de police de 1G83, citée par M. Bréard dans ses
Archiues de la ville de Honfleur, p. 140. 

Vêpe (loasju), s. /"., guêpe. Du lat. vespam. 

Une "wespe s'est dssseurée, 

Si puint li chirf (cerf) par les costez. 

Marie, Fable 56. 

En patois norm. de Jersey, l'on dit vépre : 

Y chuchent le sang de tout,
Bourdons, vêpres, moques à mi. 

Ri m. jers., p. 138. 

1. Ver {ver" 1), s. m., le printemps. C'est le mot latin passé
en français. 

Esté e ver tu plasmas els. 

Lib. psalni., p, 99, 

Ensement en hiver
Aveient tens de ver. 

Phil. de TiiAON, Compat, v. 1918. 

2. Ver (fourrure). V \'air. 

Verai, Verrai {veray\ verreij'), adj., vrai, juste, droit. Du
bas-lat. veraijnm, mot que l'on trouve dans un texte du Vlll" s.
et qui se rattache au lat. verum. — Vereijs, verreys, loyal, hon-
nête, Kel. V. Veraiement. 

En la bûche est la veraie parole noslre Seignur. 

Les Rois, p. 312. 

De multe miséricorde e verais. 

Lib. psalni., p. 123, 

Seras crestiens purs, verrais
E grant règnes tendras en pais. 

Bkn., Chron. de Norm., y. 1027. 

Veraiement, Vereiement {ver amenr), adv., vraiment. — Ve-
rayment, véritablement, Kel. V. Verai, veirement. 


 

 

(delwedd C1076) (tudalen 1008)

— 1008 — 

Marz out trente e un jurn
E avril en sun turn ;
E mais veraiement
E septembre ensement. 

Phil. de Thaon, Comput, v. 1903. 

Un jiu'z fu absorbé ;
Seint Thomas en out pité
Vereiement. 

Vie de S. Thom. de Cant., v. 1267, var. 

Car tou su biau sermonneman 

S'adréchait à tey vereraan. 

L. Pet., Muse norm., p. 29, 

Verdeant {verdant), adj., verdoyant, couvert de verdure,
fleuri.ssant. 

leo acertes sicume olive verdeant en la maisun Deu ; espérai
en la miséricorde de Deu en siècle e en permanabletet. 

Liv. des Ps., LI, 7. 

Vere (voir). V. Yeir. 

Vers (voire). V. Yeire. 

Vereiement. V. Veraiement. 

Verge (verye), s. /"., ressort, étendue de compétence, de
juridiction. 

Se uns sergent recorde avoir faict assignation à la personne
d'aalcun, en pouvoir de sa verge... 

Le Rouillé, Gr. Coût, de Norm., î° Ixj r°. 

Vérifier [to verify)^ v. a., prouver, établir, démontrer, cons-
tater. Du lat. verificare, de verum, vrai, et fîcare, dit pour
facere, faire. 

Il suiiiroit, quand l'exoinié (la partie qui s'est excusée) vien-
droit vérifier son exoine (excuse), qu'il eust son tesmoing. 

Le Rouillé, loc. cit., i° Ixiv r«. 

Pourveu que le crime soit vérifié. 

Terrien, Comment, du dr. norm., p. 523. 

Verisimilitude [verisimilitude), s. /., vraisemblance. Du lat.
verisimilitudinern. 

Ledit arrest est fondé sur la verisimilitude que les juges
d'appel inQrmoyent les sentences dont estoit apelé. 

Terrien, ib,, p. 63. 

4- Verm, Vermez {worm), s. m., ver, vermisseau. Du lat. 

vermem. 

Je acertes sui verra e nient huem. 

Lib, psalm., p. 23, 


 

 

(delwedd C1077) (tudalen 1009)

- 1009 —
Il fud eu m li peliz vermez ki le dur fust perced. 

Les liois, p. 211. 

Il existe en patois normand un mot qui tient au même ra-
dical, le mot verinée^ par lequel on désigne un engin, formé
d'un faisceau de vers de terre, servant à la pêche de l'anguille. 

Verm est resté, en patois normand de Guernesey, la déno-
mination du ver, servant d'amorce pour la pêche. 

Mourionnant cou m' ta chapraie de verm. 

Rimes guern,, p. 137. 

En Normandie, vermeil se dit fréquemment pour vermis-
seau. « La volaille recherche le vermeil. » 

Vermax, Vermalz, Vermail [vermaile*), adj., vermeil, qui 

est d'un rouge foncé. Du lat. vermiculiwi, cochenille du chêne,
donnant la teinture écarlate. 

Li uns des dragons, si est blans
Et li altres vermax, com sans. 

Wace, Rom. de Brut, v. 7713. 

Li sans vermalz en sailli fors. 

Mauie, Ywencc, v. 316. 

Corust li vin blank et vermail corne crétine de esve. et chescun
y beust à sa volunté. 

Brut. d'Engl., cité par M. Meyer, Bull, de la Soc. des
anc. textes, p. 118, 

Vermée, Vermeil, Vermez. V. Verm.
Verrai. V. Ver ai. 

1. Vers (verse), s. 'in.., couplet, strophe. 

Li vers est d'une rinoe en cinc clauses (membres de phrase)
copiez. 

5. Thom. le 31 art., p. 205. 

Le mot se rencontre aussi avec cette acception en vieux
français (1). 

2. Vers {veers\ jeune porc), s. m., sanglier. Du lat. verres. 

Extermina li vers de la selve {exterminavit eam aper de
silva ]. 

Lib. psalm., p. 112. 

El désire braz li morst uns vers si mais. 

Chans. de Roi. , p. 64. 

(1) L'epitre S. ^Bernard en chançon royal de cinq vers, sur le gouverne-
ment de maison. 

E. Desch., Poés, mss., i' 43G, dans Lacurne. 

64 


 

 

(delwedd C1078) (tudalen 1010)

— 1010 — 

Verseiller {(o verse), v. a., chanter, psalmodier, chanter par
versets. Verseiller est un fréquentatif de verser, qui s'est dit
dans le même sens. 

Chantez à Deu, verseillez [psallile) à sun num, aparaillez veie
al muntant par les deserz. 

Liv. des Ps., LXVII, 4. 

En sa main porteit un saulier,
Où ele voleit verseiller. 

Marié, Vwenec, v. 63. 

Le verbe a été usité aussi comme verbe réfléchi, au sens de
se répondre en alternant le chant des versets. 

Celé nuit o le cors voillierent (veillèrent)
Les nonains, si se verseillierent
Lors sautiers. 

Hist. deGuil. Le Maréchal, v. 9239. 

+ Vertu {vertu*, vertue, Sherw. et Palsg.), s. /"., force phy-
sique, vigueur du corps. Du lat. virtutem, dont le sens est le
même; de vir. V. Vertueux. 

Feri Hamon de grant vertu,
E Hamon chaï sor son escu. 

Wace, Rom. de Hou, v. 9196. 

Quant seinz Autbert a ceu veu
Que ne lor vaut rien lor vertu (1),
Ne nus engiens que ouques seit... 

GuiLL. DE S. Pair, Rom. du. Mont S. Mich., v. 297. 

+ Vertueux (uir/i^ows, Kelham (2); vertuous, Palsg.), adj.,
fort, vigoureux, solidement constitué. C'est l'acception que
possède l'adj. vertueux en patois normand, particulièrement
dans ce dicton, fréquemment répété : « A femme vertueuse,
faut un homme vertueux. » V. Vertu. 

N'esteit pas feint, poi ert iros,
As armes esteit vertuos. 

BÉN , Rom. de Troie, y. 5471. 

Ce sunt de beau jovent,
Fort e hardi e vertuus. 

Id., Chron. de Norm., v. 4767. 

D'où l'adv. vertueusement, vigoureusement, courageuse-
ment. 

(1) Que leurs elïorts, pour déplacer une pierre, sont inutiles. 

(2) Vigueureuse (famé), a virCuous woman. 

Dict, anglo-norm. 


 

 

(delwedd C1079) (tudalen 1011)

— 1011 —
Ço fud David ki as esturs plus vertuusement se cuntint. 

Les Rois, p. 73. 

Le roy flst... assaillir ladite ville, et fut gaingnée et prinse
moult vertueusement. 

Al. Chart., Hist. de Ch. VII, p. 147. 

Vertugale (verdingale', vardingale, Sherw. farthingale)^
s. /"., espèce de gros et large bourrelet que les femmes pla-
çaient au-dessous de leur corps de robe. 

Est permis aux femmes et filles porter vertugales, à leur com-
modité. 

Terrien, Comment, du, dr. norm-, p. 156. 

Vesche. V. Vèche. 

4" Veser {to rese*), v. n., courir ça et là, de côté et d'autre,
Se dit de l'effarouchement d'une bande de bestiaux, laissés en
liberté dans une pâture et qui se livrent à une course désor-
donnée. Du lat. vexare, au sens d'agiter fortement, égarer,
troubler. 

Vese7' a, dans l'anc. dialecte, [une forme fréquentative ve-
soier, qui s'est dit aussi pour courir de côté et d'autre, se dé-
bander. 

E Normanz devant els pristrent à vesoier :
Semblant tirent de fuir por cels fere encachier. 

Wace, Bom. de Roic, v. 3970. 

Vesiez {wise), adj., sage, prudent, judicieux. Du lat. visos,
part. pas. de videre, employé avec le sens du part. prés, du
verbe, videns. V. Visde, vize. 

Plus sunt sages et vesiez 

Que les foies vierges ne furent. 

Bén. , Rom. de Troie, v. 892, 

Ses sires fu mut vesiez, 

Marie, Ywenec, v. 232. 

Vesoier. V. Véser. 

Vespre (vesper)., s. m., le soir. 

Ainz que venist le vespre, fud la pès establie. 

Chrori. de Jord. Fant., v. 2064. 

L'autre (visite) est assise à nonne, et lors doibt-on attendre
jusques aux vespres, c'est (à dire) jusques à la moitié du temps
qui est entre nonne et le soleil couchant ; l'autre est assise à
ve?pres, et lois doibt l'en attendre jusques à soleil couchant. 

Ane. Coût, de Norm,, ch. 95. 

1. Vessel, Vaissel (vessel), s. m., vase destiné à contenir 


 

 

(delwedd C1080) (tudalen 1012)

— 1012 — 

des liquides. Du bas lat. vascellmn, diminutif du lat. vas,
vase. V. Vesselement. 

Snmuel un vessel de uelie traist avant. 

Les Rois, p. 32. 

Les ornemenz e le trésor,
Fieltres d'argent e vaissels d'or. 

GuiLL. DE S. Pair, 7Î0W. du 31 ont S. Mich., v. 2708. 

2. Vessel (navire). V. Veissel. 

Vesselement, Veisselement [vesselement*), s. m., vaisselle.
V. Vessel. 

Riche ert d'or et d'argent, 

De dras de sei et de vesselement. 

Gui de Waricick, v. 3t, cité par M. P. Meyer, Bull,
de la Soc. des anc. textes, p. 47 (1882) . 

Custume est que cil ofifrent que venent, en présent,
L'apostoile à sun pié. aveir, or u argent.
Riche veisselement u boen aornement. 

5. Thom.leMart.,'ç>.iZ. 

Vestir [to vest), v. a., investir. V. Desvestlr.
Nen il n'en lut ne veslut ne saisit. 

Chans. de Roi., p. 267. 

Se ses pères en estoil sezis et vestuz al jor que il morut... 

Marnier, Établis, de l'Ecldq. de Norni., p. 9. 

Veue (n'ew, Sherw.), s. /"., visite, inspection, enquête. V.
Veou7\ 

Il fu jugié que veue de terre soil fête entre les segneurs des
fieuz de qui li contenz est entr'eus, et cil qui tiennent les fieuz
soient à la veue. 

Marnîer, loc. cit., V, 129. 

Doibvent avoir unze deniers pour chascune veue. 

Ane. Coût, de \orm., ch. 5. 

Le mot a été employé dans le même sens, en anglo-nor-
mand, par les jurisconsultes anglais : 

Et pur ceo que les viscounts à ceo faire font lour tournées de
Hundred, sont tiels veues appejlées tornées de viscounts. 

IloRNES, Mi/rror de Just., ch. i, sect. 12. 

Veufveté. V. Veuveté. 

-\- Veuver {to widoiv, rendre veuf ou veuve), v.n., devenir
veuf ou veuve. Du lat. viduare, verbe dont Térence s'est servi
avec le sens de rester dans le veuvage. V. Veuveté. 


 

 

(delwedd C1081) (tudalen 1013)

— 1013 — 

Seinte Iglise qui ert vedvée
De son père e desconseillée,
Pas ne pot estre longenient
Sanz pastiiral governement. 

Vie de S. Grég., v. 794; 

Veuveté, Veufveté (wedivede*), s. f., viduité. — Vevclé, veu-
vage, Kel. V. Veuver. 

Les iglises deslruites e toi le pueple tué,
Mainte famé honie e maint en veuveté. 

Wace, Rom. de lîou, v. 4969. 

Et se empeschement getté
Y est en temps de veufveté... 

Coût, de Norm. (n v., p. i52. 

+ Viage {voyage, Palsg.), s. m., allée et venue d'un lieu à
un autre lieu peu éloigné ; voyage. Du lat, viaticwn, provi-
sions de voyage, mot qui, dès le commencement de la basse-
latinité, s'est dit pour voyage (1). — Viage, voyage, expédition,
Kel. 

Au quel viage faisant, ledit Porquier a vaquié douze jours
entiers. 

Chon. du Mont S. Mich-, Pièces div. (XV s.). II, 110. 

Pour un viage fait à Roen, pour maistre Antoine Heroult. 

Pluquet, Pièces pour servir à l'Idstoire du Bessin
(XV" s.), p. 38. 

Mais les femmes sont si fêlasses, 

Que c'est pitié;
J'y ai fait plus de cent viages, 

Sans l'amener. 

Ane, elians. norm, 

A s' creit pourtant nette et pure
Et s' fie d'aller dreit au ciel.
Tous les treis meis a s'écure
Pour un p'iit viage à Bétliel. 

Rimes guern., p. 32. 

La plus ancienne forme dialectale du mot est veiage, la-
quelle se rattache à veie. V. ce mot. 

Guenes respunt : « Mei est vis que trop targe. »
Pois est munted, entret en sua veiage. 

Chans. de Roi., p. 55. 

' Viande {viandre'), s. /"., nourriture, vivres. Du bas lat.
vivenda, ce qui sert à vivre. 

(1) Deducit dulcem per amara vialica natam. 

FORTUNAT. 


 

 

(delwedd C1082) (tudalen 1014)

— 1014 —
Fel sait ki se rendra tant cum viande li dure ! 

Chron, de Jord. Fant., \. 1413. 

La puldre ierl tut dis ta viande. 

Adam, p. 37. 

Viaticque [viaticum, provisions de route), s. m., frais de
voyage. Le lat. viaticum, conservé par l'anglais, a les deux
acceptions qu'on vient d'indiquer. 

Pour son viaticque luy sera délivré 22 1. 10 s, 

Ord. de 1554, citée par M. Bréard dans ses Arch. de
la ville de Honjleur, p. 79. 

Vicarie(î;tcary*),s.m., vicaire. Du lat. uîcariMm, remplaçant.
Vicaries est saint Pierre, n'est pas le vent qui vole. 

5. Thom. le M art., -p. 117. 

Viee. V. Yize. 

+ Vico {woodcock, wodeocke, Palsg., bécasse, wild cock, coq
sauvage), s. m., bécasse. 

Lors a ouré que li vileins
Eust tel bec cum li plereit
E cum li widecos (1) aveit. 

Marie, Fable 24. 

Le 12 septembre 1-553, pour quatre vitecotz..., 6solz. 

Journ. du s. de Gouberville, p. 130. 

En patois normand de Guernesey l'on dit video. 

Mais les videos n' sont pas Vnus. 

MET,, Diction. franco-norm., p. 492. 

Video. V. Vico. 

Victorie {vyctorie, Palsg.; victory), s. /"., victoire. 

Que la victorie ne fust aturnée à lui ki cunestables ert. 

Les Rois, p. 161. 

Cest interjectio
Victorie signefle. 

Ph. de Thaon, Comput, v. 1558. 

Victuailleur (victualler), s. m., fournisseur des victuailles
d'un navire. 

Maillard, victuailleur pour un quart du navire la Catherine,
vend moyennant, etc. 

Acte du ] 1 avril 1543, cité par M. Gosselin dans ses Dr^
sur la marine norm., p. 144. 

(1) Une autre leçon porte liuitcox. 


 

 

(delwedd C1083) (tudalen 1015)

— 1015 — 

-|- 1. Vignon {whin), s. m. genêt épineux. 

Quittez, pour de bon pain, vos stériles chardons,
Et, pour de beaux lauriers, vos ignobles vignons, 

LallemAn, La Canipènade, p. 13. 

-j- 2. Vignon [widgeon), s. m., sarcelle, canard siffleur. 

Vigorous (ui(7orow5),at(;"., vigoureux, fort. Du lat. vi^oroswm,
de vigor. 

En main vigorouse e en bras estendu. 

Liv des Ps., GXXXV, 13, 

Vigorousement (vigorously), adv., vigoureusement. 

Canariens vindrent sur eulx et leur coururent sus vigoreu-
sement. 

Le Canarien, p. 138, 

Vigur, Vigour (vigour), s. /"., vigueur, force.
Franceis i unt ferut de coer et de vigur. 

Chans. de Bol., p. 123. 

Mais desdaing les a deslogiez
Hors de cesle dame, et changiez
A reffus, despit et vigour. 

Al. Cuart., Le Pari. d'Amour, p. 703. 

Vilanie, Villanie {vilanie', villany), s. /"., infamie, scéléra-
tesse, littéralement action de vilain. V. Yillaner. 

Richart descriteit, vilanie faseit. 

Wace, Rom, de Rou, v. 3741. 

N'en partira senz aver vilanie. 

Chron. de Jord. Fant,, v. 703. 

Or parlerori du roy Philippe, qui estoit tout courchié de la
villanie que le roy Henry d'Engleterre avoit fait à sa seur. 

P. Cochon, Chron. nom., p. 5, éd. de Beaurep. 

On rencontre aussi dans l'anc. dial. la forme vileinie, à
laquelle correspond le v. angl. fileinie*. 

Jadis, par ma grant vileinie,
De ma veisine dis folie. 

Marie, Le Freisne, v. 467. 

Yillainie se trouve, comme mot français dans Palsgrave
(Gramm,, p. 205), avec le sens de rusticité. 

Villaner, Villener (to villanize), s. /"., avilir, outrager. V.
Vilanie. 

Mons"" de Grarville fa villané eu la court de la royne... d'un
des mignons de ladicle court, nommé le petit Boursicaut. 

P. Cochon, Chron. norni., p. 216, éd. de Beaurep. 


 

 

(delwedd C1084) (tudalen 1016)

— 1016 — 

Les mescreans ne dévoient sainement villener ce que par
erreur ils adouroient comme Dieu tout puissant. 

Al. Chart. ,VEsp., p. 310. 

+ Vinblet. V. Gui n blet. 

+ Vindication (vindication, défense), s. /"., vengeance,
ressentiment. Du lat. vindicationem. 

Ceulx qui gardent ces vertus d'aprocher
Près des princes, se doivent bien rauuldire,
Et leur doit-on en tous temps reprocher
Qu'il s'en suit vindication et ire. 

P. Gring-, I, 59. 

Vinotier (vintner), s. m., marchand de vins, cabaretier. 

D'icelle (égUse S. Pierre de Gaen) partiront en bonne et paci-
fique ordre, ainsi qu'il suit : les prestres séculiers..., les francs
porteurs de sel, les bremans et viaotiers, les mareschaux, les
meguisiers, etc. 

Ord. de 1509, réglant l'ordre des processions, citée par
do Bras dans ses Recherches, p. 41. 

VioUement [violaling, Sherw,), 5. m., viol, attentat à la
pudeur exercé avec violence sur une femme. 

Et avoit esté, par ce moien, la dilte ville (de Gisors)... haban-
donnée aux viollementz des femmes et filles et au pillage, etc. 

Journ. d'an bourg, de Gisors, p. 56. 

Violentement ( violenlly ), adv., violemment. V. Absolu-
tement. 

A luy (au sénéchal), appartenoit d'enquérir en chascun bail-
liage... des deflorateurs violentement des vierges. 

Ane. Coût, de Norm., ch. 10. 

Aucunes pièces violentement esrachées. 

Al. Chart., Le Quadrilogue, p. 408. 

-\- Vipard [wipping*, qui crie, qui pleure), adj., qui jette
des cris aigus. V. Vipement, viper. 

4- Vipement {weeping, ivhimpering), s. m., pleurnichement,
lamentations bruyantes. V. le mot suivant. 

Lermes et brayemens, vipemans, malerages. 

L. Pet., Muse norm-, p. 11. 

-f- Viper {lo iveep., pleurer, gémir, se lamenter ; ta whimper,
geindre, pleurnicher), v. n., pleurnicher en poussant des cris
aigus. V. les deux mots qui précèdent. 

La lerme à l'œil et la langue altérée.
Venez viper avec nolte assemblée. 

D. Fer., Muse norm,, p. 265, 


 

 

(delwedd C1085) (tudalen 1017)

— 1017 — 

Fleurenche, je me mis à braire,
A \iper, à chier des yeux. 

L. Pkt,, Muse norm., p. 28. 

-|- Viquet (wickcl), s. m., guichet. Le mot s'applique pnrti-
culicrement au panneau mobile, placé à Tune des extrémités
d'une futaille. 

Ne trespassez mais le wichesz. 

Ben., Citron, de Norm., v. 13709. 

Le suppliant se parti et ala hors des dites prisons par le
viquet aicelles. 

Let. de rém. de 1405, Duc, Guichetus.
Et pis la poule qui chante dans 1' viquet du soliy. 

Rimes jer.t., p. 75. 

Vire [vyre')., s. /"., trait, flèche. 

Amour, tay toy, mais pren ton arc...
Droit à son cœur dresse ta vire, 

Vauq. de la Fresn., Past., p. 4S4. 

Virgine, Virgene {virgi7i), s. f., vierge. Du lat. virginem. 

Serunt amenedes al rei les virgin( 

1 

El nom la virgene qui portât salvetet. 

Alex., str. 18. 

Virun {viroun*), .s-, m., tour, circuit, enceinte. V. Environ. 

Tut l'un purpris (occupé) li arbreisel,
Ki planté furent en virun
E portent fruit en lur saisun. 

Vie de s. Gile,v. 1921. 

1. Vis {vis\ vyce*), s. m., visage, face. Du lat. visum. — Vis,
vise, visage, Kel. 

Si la plaie lui vient à vis descuvert, al por tote veie iv. deniers. 

Lois de GuilL, 12. 

Envers Espaigne en ad turnet sun vis. 

Chans. de Roi., p. 197. 

Le mot est resté français, avec son acception archaïque,
dans la locution vis-à-vis, c'est-à-dire visage à visage, face à
face, 

2. Vis {vice"), s. m., avis, opinion. Dérive aussi de vision. —
Vis, avis, Kel. 

Ço lor erl vis que tiengenl Deu medisme. 

Alex., str. 108. 

64* 

Serunt amenedes al rei les virgines. 

Lib, psalm,, p. 61. 


 

 

(delwedd C1086) (tudalen 1018)

— 1018 — 

La fille Menelax cuidoit,
Ce li ert vis e li sembloit
Qu'elle n'aveit mie fine amor
Ne verai cuer de son seignor. 

Bén , Rom. de Troie, y. 29445. 

Le subst. avis est, comme l'on sait, composé de la prép. à
et de notre mot vis. Dans la locution a il m'est avis » ce der-
nier mot en a quelquefois formé deux : 

E, CD li fu à vis, voleient lui tollir, etc. 

5. Thom. le Mart., p. 127. 

3. Vis, Vix {vhisJi, af/>^,-éTgfte de pitié, méprisable. Se rat-
tache au lat. vilis par la syncope de 17. — Vis, sans valeur,
nul, Kel. 

Tant est li monde faus et vis. 

Marie, Fable 33. 

Tais, fait ele, mauves goupix,
Qui est lais, mauvaiz e vix. 

I-A MÈMB, Fable 60. 

Visde, Viste (wizde% avisé; ivist', qui connaît, qui sait),
adj., sage, avisé, prudent. — Wis, sagesse, modération, Kel.
V. Vesiez, vize. 

Paris fu molt escieutos,
Visdes, cortois et enartos. 

Bén., Rom. de Troie, v. 4331. 

Brutus prist douse des aisnés
Des plus visles, des plus sénés. 

Wace, Rom. de Rou, v. 651, 

1. Viser (towis), v. a., voir, penser, songer. Du lat. visum,
supin de videre., voir. 

Visez, vous, François, et ramentevez vous à vous mesmes,
comme vous avez vescu puis le trespas du roy Charles quint
(Charles V, roi de France), qui vous laissa le royaume comblé de
biens eureux de paix et seur d'ennemis. Avez-vous bien usé de
celle haulte prospérité ? 

Al. CHART.,r£'sp.,p. 312. 

2. Viser {to wish), v. a., demander, appeler. 

Ses forestiers a fet viser 

U il porreit granz cerf truver. 

Wace, Rom. de Rou, v. 5676. 

Visitacion, Visitation (visitation), s. f., inspection. Du lat.
visitalionem. 


 

 

(delwedd C1087) (tudalen 1019)

— 1019 — 

Pour les visitacions faites es basses chambres de la gueole du
dit chastel par mestre Quicques, xv s. 

Compte de 1344, relaie par M. Delisle dans les Actes norrn.
(le la Cil. des Comptes, p. 2119. 

Par après avons remonstré au principal du collège du Bois
qu'en faisant par nous la Visitation du dit collège, il ne nous
avoit peu rendre raison des bourses et fondations dudit collège.
De Bras, RecJi. et ant. de la ville de Caen, p. 153, 

Visné {visne), s. f.. voisinage. Contraction de vicinilé, du
lat. vicinitalem. V. Yeisinilé. 

(Afin) que li puissanz ne face al non poant et al innocent ou-
trage, il est establi que, par la jurée de xii leaus homes del visné
sera monstrée la sesine au père tel comm il l'avoit le jor que il
morut. 

MAUNiEn, Établis, de l'Echiq. de Norm., p. 8. 

Mains ex tentes, sur saint jiirra
Qu'il partira de Normendie
San retour, et que vilennie
Ne mal aulcun au pays ne
Procurera, ne au visné. 

Coût, de Norm. tn v., p. 114. 

Viste. V. Visde. 

YUaillement (viclualling), s. m., ravitaillement. V. les deux
mots suivants. 

N'avoit pas tant de vivres et provisions dedens la ville et
chastel de Chierebourg que suffire peust pour le vitaillement de
la dicte place, 

Chon. du Mont S. Mich., Pièces div. (XV s.), II, 94. 

Vitailler (to vytayle, Paisg.), v.a., ravitailler, pourvoir une
place forte de vivres. V. Vi tailles., vitaillement. 

Pour yceulx (châteaux) faire garnir, vitailler, emparer et or-
dener selonc ce qu'il appartient. 

Relation de la vis. faite en 1371 aux forteresses du baillage de
Cacn (Mém.. de la Soc. des Aiiliq. de Norm., I, 28 série). 

+ Vitailles (vytailles, Palsg.), s. f. pi., victuailles. Du lat.
victualia. V. Vitailler, vitaillement. 

Se isi ne 1' faiz, nul remaneir 

N'unt n'aveir ne li porreient ^ 

Dès que vitaille n'i aureient. 

BÉN., Chron. de Norm., v. 6638. 

De la vitaille curent chierté. 

GuiLL, DE S. PAirî,jRoHi, du Monts. Mich., v. 3249. 


 

 

(delwedd C1088) (tudalen 1020)

— 1020 — 

Et je verron un nombre de quenaille
No z'enlever notte propre vitaille. 

D Fer., Muse norm,., p. 355. 

De ses deniers assez li bailla
Por achater de la vilailie. 

MET,, Diction franco-norm., p. 493. 

Viteco. V. Yico. 

Vituperable {viluperable^ Sherw.), adj., blâmable, repré-
hensibîe. Du lat. viluperabilem. V. le mot suivant. 

Le juge pourroit bien, s'il vouloil, défendre la doleance, qui
est m.itière odieuse et vituperable contre luy. 

Le Rouillé, Gr. Coût, de Norm., t' Ixix v°. 

Une maison applicjuée aux vituperables sacrifices de l'idole
Venus. 

Al. ChaRt., Z'£'s/i., p. 352. 

Vituperaciun (vitupération), s. /"., blâme, reproche. Du 

lat. vitupjerationem. V. le mot précédent. 

Je oï la vituperaciun de mulz. 

Lib. psalm., p. 37. 

Viver [vyvere*)^ s. m., vivier, réservoir à poissons. Du lat.
vivarium. 

Veiz quels forez e quels vergiers, 

Quels riveres e quels vivers 

Quels finies pleins de bons peissons. 

Bén., Chron. de ISorm., v. 3179. 

Vivre. V. Guivere. 

Vix. V. Vis 3. 

Vize (ivise), adj., habile. V. Vesiez, visde. 

Mult uni de Bernart grant merveille
Que tant quidoent engignos
E vize e saive e enartos. 

Bén., Chron. de .Vorm., v. 14917. 

Vice s'est dit aussi dans le même sens : 

Vice est es choses deforaines 

E durs à suffrir les granz paines. 

ID., ib.,v. 6187. 

-|- Vocber {to vouch, to vouchen, appeler en garantie, in-
voquer), V. a., appeler. Du lat. vocare. — Vocer, voiicher,
appeler, Kel. V. Vouchement. 

Ne vochere mie son seignor warant iceo qui sait mis en guage. 

Lois de Guil., 25. 


 

 

(delwedd C1089) (tudalen 1021)

- 1021 —
Dell ne rocherent {Deuni non invocaverunl). 

Lit. psalm., p. 70. 

La forme anglaise to vouch est empruntée à l'ancien droit
coutumier normand. Colgrave signale voucher comme étant
en effet un mot d'origine normande; il avait, dans la langue
du droit, le sens que possède encore maintenant le verbe
anglais : 

De cen avoent les diz abbé et convent (de S. Wandrille) vou-
chié à garant les devant diz Johan deii Nohier et Jehan Guetri. 

Ch. de lâS2, cité par M. de Beaurep. dans La Vie. do
l'Eau de Eoucn, p. 162. 

11 s'en va quicte et défendu contre cil qui ie voucha et l'amen-
dera cil qui le voucha. 

Le Rouillé, Gr. Coût, de Norin., i° Ixix v'. 

L'on rencontre, dans l'ancien dialecte normand, avec le
même sens, vocquer, autre forme du même verbe, tenant de
plus près, comme on le voit, au radical vocare. 

Item, en cause de bref de nouvelle dessaissine, ne peult estre
vocqué ne appelle aulcun garant. 

Ord. du Pari, de Nortn. de 1515 

Voer [to vow), v. n., faire vœu de; protester. 

Voe et promet que tu feras, 

A tous les ans que tu vivras 

Wace, La Concept. N. D., p. 6. 

Il lur ad voé
Ke jà cuntre lur ordre n'en serra nusparlé. 

5. Thom. le Hlart., p. 33. 

Voever {to woive'), v. a., désirer. Du lat. vovere.
Cil l'at traï ki vos en voevel feindre. 

Chans. de Roi., p. 151. 

4" 1- Voide (looad), s. m., guède, plante dite aussi pastel,
dont les feuilles servent à teindre en bleu. 

Pour le tonnel de voide porter jusques à la mer par eaue, paie
l'en viii. d. de coustunie, et se le voide est porté eu nef, si en
paie l'en viij. d. 

Coust. de la Vie. de l'Eaue de Rouen, art. 57. 

Les marchands de la ville y font charger des bleds, beurres,
laines, pastel qu'on appelé voisde. 

DE Br.\s, Rech. et antiq. de la ville de Caen, p. 7. 

2. Voide (void), adj., vide, frustré, dénué, privé. Du lat.
viduum, qui a le même sens. V. le mot suirant. 


 

 

(delwedd C1090) (tudalen 1022)

— 1022 —
Si arier enveer le volez, voide e senz honur. 

Les Rois, p. 20. 

Mais void est mult de chevaliers. 

Bén. , Chron, de NorTn,,y. 3184. 

Voider {to void), v. a., vider, quitter, rejeter. V. Voide 2. 

Remembrere seies, Sire, dfs filz Edom, el jur de Jérusalem,
chi dient : Voidez, voidez desqu'al fundament en li. 

Les Rois, p. 213. 

Maint hume deschevalchié, mainte sele voidée. 

Chron, de Jord. Fant., v. 15. 

Voil, Vueil [will), s. m., vouloir, volonté, gré, bon plaisir,
vœu. — Woyle, vouloir, Kel. V. Wil. 

Ja le lor voil de lui ne desevrassent. 

Alex., str. 117. 

Mais, al mien gré e al mien voil,
Les iron requerre à Paris. 

Bên., Chron. de Norm., v. 3874. 

Avoit en soy, par le plaisir et vueil
De Jesu Christ, le povoir de neuf preux. 

p. Gring., I, 28. 

Je le sai bien; tu as grand dueil,
Que n'ai satisfait à ton vueil. 

Vauq. de La F RESN.t Forest., I, 11. 

Voisde. V. Voide 1. 

Voisdie {voisdye')., s. /"., ruse, finesse, duplicité. 

Hasiainz fu mult de grant voisdie
E mult fu plain de félonie. 

Wace, [iom. de Rou, v. 532. 

Mais Cador fu de grant voisdie. 

ID., Rom. de Brut, v. 9609. 

Voleir {to xooV), v. a., vouloir. De volere, qui s'est dit pour
velle, dans la basse latinité la plus ancienne. — Voler, vou-
loir, Kel. 

Rei volum aveir sur nus. 

Les Rois, p. 40. 

S'il voleit creire cels ki te volent haïr,
Ki ocistrent ton père, e toi volent traïr,
Ne te peust, fors Dieu, nule riens garantir. 

Wace, Rom. de Rou, v. 4462. 

Volenters, Volentiers {vole^ite"), adv., volontiers, de bon
cœur. 


 

 

(delwedd C1091) (tudalen 1023)

— 1023 — 

. . . Messages feseit mult volenters. 

Chans. de Roi, ^. 'i^. 

Li bons serjanz qui l' serveit volentiers. 

Vie de S. Alex., str. 68. 

Volte {vault), s. f., voûte. V. Vaute. 

Un piler (pilier) ot iluec la volte ad sostenue. 

5. Thom. le Mart., p. 191. 

Volter {lo vault), v. n., sauter, danser. Du lat. voUlare^
voltiger. 

Afin de mieux volter au son du chalumeau,
Du cistre, du cleron, du luth et du pipeau. 

Champ-Repus, Œuv, poét,, p. 108. 

Voltice (vaulty), adj., voûté. De voltum, contraction de vo-
lulum, part. pas. de volvere. 

Cum il entrèrent en la cambre voltice. 

Chans. de Roi, p. 227. 

Benoît a dit vouliz, dans le même sens : 

Eissi dura cil foleiz 

De ci qu'enz es portaus voutiz. 

Chron. de Norm., v. 18688. 

Voluntaire {volimtary), adj., volontaire. V. les deux mots
suivants. 

Telle teneure est appellée voluntaire, pour ce qu'elle est faicte
par la voliinté à celuy qui baille. 

Ane. Coût, de Norm., ch. 28. 

Voluntairement {vohmlarily), adv., volontairement. V. vo

liinlé., voluntaire. 

Et lu cause et raison... est en faveur de ce que le debteur
procède voluntairement. 

Le Rouillé, Gr. Coût, de Norm., fo Ixxix vo. 

Volunté [voliinte*)., s. f., volonté. Du lat. voluntatem. V. les
deux mots qui précèdent. 

El s'aulcun faict contre ce, il sera mis en la prison du duc, et
l'amendera à sa volunté. 

Ano. Coût, de Norm., ch. 68. 

Pour dire et déclarer sa volunté. 

Le Rouillé, Gr. Coût, de Norm., i' xlvj v°. 

Voquer. V. Vocher.
+ Vote. V. Vaute. 


 

 

(delwedd C1092) (tudalen 1024)

— 1024 - 

Vou, Wu (vow), s. m., vœu. Du lat. vohtm. — Vou, vœu, Kel. 

A seint Michiel un vou voast. 

GuiLL. DE S. Paie, Rom. du Mont S. Mich., v 3140. 

Sovenir vus devreit de la profession
Qu'offristes sur l'autel, à vostre enunctiun
Et del vou que fesisles à Deu en sa maisun. 

S, Thom. le Mari., p. 110. 

Servise e wu anuel custumel sondrunt. 

Vie de S. Auban, v. 625. 

Youchement {touchée; vouching, Sherw.), s. m., appel. V.
Vocher. 

Youchement de garant prolonge la fin des quereles. 

Ane. coût, de Norm., ch. 50. 

En ce brief ne peuet vouchement
De garant fayre alongement. 

Coût, de Norm. en v,, p. 189. 

Voucher, Vouchier. V. Vocher. 

Vouer {towoo; to wowe*)., v. a., demander, rechercher,
solliciter. 

Ce me semble petitement donné
De luy offrir ce qu'est ailleurs voué. 

Al. Chart., Le déb. des deux Fort., p. 570. 

La forme la plus ancienne du mot paraît être vuer.
Vuez e rendez al Seignur vostre Deu. 

Liv. des Ps., LXXV, 11. 

4- Vouest. V. Wesl. 

Voyeur. Y. Veoitr. 

-\- Vrac, -|" V^60 (wrack, ivreke"), s. m., varech, plantes
marines, recueillies comme engrais par les cultivateurs du
littoral de la Manche. En hoUand. wrack., objet de rebut. —
Verek, varech, Kel. V. Wereq. 

Le 23 février 1562, Gilles Berger fut à Brelteville quérir une
cbartée de vrec pour son père. 

Journ. du s. de Gouberville, p. 318. 

Une d'vant'laie d'vrec. 

Rimes guern,, p. 114. 

Du vraie, une vieille ancre, deux dranets et une sène. 

Rimes jers., p. 21. 

Une locution adverbiale souvent usitée en pat. norm., est la 


 

 

(delwedd C1093) (tudalen 1025)

— 1025 — 

locution en vrac, qui signifie en tas, pèle-mcle, comme l'est le
varech jeté à la côte. 

Le surplus dos pièces qui se sont trouvez dans le dit colTre, en
vrac, Siins ordrn, nous avons la plus part hirs, etc. 

Ini-ent. des Arrh. itc Iloiiflcur de 1746, relaté p. 19 do
l'ouvrago de M. Bréard, 

Vueil. V. Voil. 

Vuer, V. Vouer. 

Vuet. V. OU. 

Vuide {widue*, widdy' ; widoiv), s. f., veuve. Du lot. viduam.
— Wedue, veuve; viduele, veuvage. Kel. V. Vedve. 

Rendrai l'uni de hait saine à la vuide as orphenins x. solz. 

Lois de Guill., 9. 

Dans l'anglo-normand, employé par les jurisconsultes an-
glais, l'on disait wedue. 

Des enfaunts masles, damoiseies et vvedues. 

BiuTTON, Code, ch. 18. 

Vuidement (voiding, Sherw.), s. m., délaissement, déguer-
pissement, abandon, littéralement action de vider. 

Dient aulcuns qu'llz debveroirnt premièrement estre sommez
de vuider; et y a sur ce deux manières de faire le dicl vuide-
ment; c'est assavoir, etc. 

Le Rouillé, Gr. coût, de Norrn., C lij. 

Vuil. V. Wil. 

Vultrer (se), {to waller*), v. rép.., se rouler. Du lat. volulare,
rouler. 

l.i malcdes ki se vultret el lit, des chevez des qu'as pez, ço est
mal signe. 

Pet. traité de méd. du XIV" s., p. 4, publié par M. Boucherie. 

Vultur [vull%i7')^ S. w., vautour. C'est le mot lat. inaltéré. 

Sun cors gar ben ke ne soit pas emblé
De egles u vulturs, ne de lus dévoré. 

Vie de S- Auban, v. 956. 

w. 

Wacrer. V. Walcrer. 

Wage {wage" 3), s. m., gage, caution, garantie. Du goth.
vadi, gage. En bas lat. wngium. — Wage, sûreté. Kel, 

G5 


 

 

(delwedd C1094) (tudalen 1026)

— 1026 — 

cil qui aveir escut... durra wafïe e Iruvera plege. 

Lois de Guil,, 6. 

Radulfiis Birbale habuit duos raarchos ariïentj, pro conces-
sioiie terre quam in wa^io posueral per vendicioni'ni. 

Donation de 1135, faite au piieuiô de S. Gilles de Pont-Audemer,
ciiée dans les Mém. et notes de M. Aug. Le Prévost, II, 555. 

En angl. mod. wages se dit pour gages, salaire. 

Wai {wee to', ivoe to), interj.^ malheur à. Du lat. vœ. 

Li prophètes redit : Wai vus, ki esterez
Les leis de felouie et en escrit metez
Les lorz et les enjures ! 

5. Thom. leMart.,^.\{Q. 

Wai Celui par cui vient esclandres d'encumbrer! 

Ib., p. 120. 

Guai se rencontre aussi avec le même sens en anc. dial.
norm. (1), dans la locution guai à inei, en v. angl. vœe me
(Hal.), en angl. mod. woe is me ; du lat. vœ mihi. 

Guai à luei, kar (perpgrination) purluignée est. 

Lio des Ps., CXIX, 5. 

Waimenter, V. Guaimenler. 

Waimentisun. V. Guaimentei. 

Waite (iraile', walch), s. m., sentinelle, garde. V. Vailer. 

La nuit fait ses waites sun ost eschielguaitier. 

Chron. de Jord. Fant., v. 626, var. 

Walcrer, Wacrer (iû walk), v. n., aller, marcher, errer.
— Wacreour, vagabond, Kel. 

Pur ço D ivid d'iloc s'enturnad od tuz ses cumpaignuns, entur
sis cenz que il i ont, e alerent walcranl çà et là. 

Les Bois, p. 90. 

La nef veit par la mer walcrant. 

La vie de S. Gile, v. 783. 

A grant duel vont wacrant par mer. 

Wace, La Concept. N. D., p. 5. 

Vaucre7' se rencontre dans P. Cochon avec le sens de par-
courir, se répandre sur, en parlant de bandes armées : 

Si s'eslongnerenl de Paris et passèrent Saine et vaucrerent le 

(1) On sait qu'en anglais comme en normand le g dur et le te ont souvent
la même prononciation. Y. ce qui est dit à ce sujet en l'Introduction. 


 

 

(delwedd C1095) (tudalen 1027)

— 1027 — 

pais jusquez à la Saint Andrieu et s'en alerent jusquez assés près
de Caen. 

Cli/on. norrn., p. 124, éd. de Boaurep. 

Le substanlif de ce dernier verbe, vancre, est resté en pa-
tois normand, avec le sens d'inondation, débordement. 

Vallcr, marclier sans but, errer à l'aventure, vagabonder,
se dit aussi dans le même patois; c'est vraisemblablement une
corruption de loalcrer. 

Wales {xvales), n. pr., le Pays de Galles, la Galles. 

Unt droit vers Wales liir chemin acoilli. 

Via de S.Àuban,\.{{n. 

Cumnnde k'en Wales aillent. 

II)., V. 1283. 

D*où les dénominations de Waleis, Walois, sous lesquelles
étaient désignés les habitants du Pays de Galles. — Waleis^
Walais, Wallois, Gallois, Kel. 

N'i ad celui qui ne quide valeir un rei waleis. 

Cliron. de Jord. Faut., v. 162. 

Ne sai s'il fut Brés (Breton) ou Walois. 

Wace, Rom. de Brut, v, 12595. 

Warder {lo ward], v. a., protéger, défendre, préserver. V.
Guarder, wartcr. 

Warde mei (cuslodi me)., Deu-s, kar jo espérai en tei, disanz al
Segnur : Li miens Deus tu les; bien à mei nen est senz tei. 

Lia. des Ps., XV, 1. 

Warnissemenz {warnised')., fortifié), s. m. pi., fortifications.
V. Garni, garneslure. 

Tu dépeças tûtes les meiscres (murailles) de lui, tu posas les
wartiisseraenz {muniliones., dit le texte latin) de lui pour. 

Lio. des Ps., LXXXVIII, 41. 

Waroul. V. Yaroti. 

Warrant, Varant {warrnnl), s. m., garant, justification, té-
moignage. Mot d'origine germanique, V. Guarani., guarantisc,
grant. 

'>'\ n'ad nul warrant, rende l'um al un son chatel. 

Lois de Guil. ,43. 

S'ele est si bêle et si vaillans,
Bien le pusse estre varans. 

Marie, Graelent, v. 493. 

D"où îvarantir, qui s'est dit en anglo-norm. pour garantir.
V. Guaranlir. 


 

 

(delwedd C1096) (tudalen 1028)

— 1028 - 

Jeo et mes hf^irs warantirons l'avant dit fée (ûef) al avaun dit
Pères et à ses beires. 

Britton, Code, cil. 41. 

Au commencement du XIII*^ s., varanlizer, dans la même
acception, devait être usité en Normandie. Nous trouvons en
effet dans une charte latine de 1206, contenant diverses con-
ventions entre Guillaume de Gerponville et les moines de Fé-
camp, relatée par M. Delisle dans VAgric. en Norm. au moy.
âge^ p. 262, ce verbe interprété par varcailizare. 

Warter [to loard'), v. n., prendre garde, prendre souci. En
angl. mod. to icard a un sens voisin, celui de parer un coup,
détourner, écarter. V. ^yarder, esicarder. 

Nous dfendum qui l'um christien fors de la terre ne vf nde, n'en
surchetut en pais um ne wait runi, qui lum l'amne ne perde
qui Deu rachat de sa vie. — (Nous défendons à tout homme de
vendre un chrétien à des étrangers, et surtout pour aller en un
autre pays uù on ne prend pas garde si les âmes rachetées parla
mort d'un Dieu, se perdent. — Traduct. de Houard.) 

Lois de Guil., 41. 

Waster {to icaste), v. a., ravager, dévaster, détruire. Du lat.
vastare. V. Guaster, guaste, guastine. 

E li paenz ont lot wasté 

Li hoiis niorz, l'aveir emporté. 

Wace, nom. de Rou, v. 330. 

Wasloar est donné par Halliwell au sens de dévastateur.
Wedue. V. Vuide. 

Welcumier, Welcumer, Welcommer {ta welcome), v. a.,
souhaiter la bienvenue à, faire bon accueil à; d'où le subst.
velcome, bienvenue, qui avait pour synonyme en v. angl.
belacoiV. 

Set c^-nz chevaliers, bons vassaus,
Armez d'armes, sur lur chevaus,
Là vunt lices desfermer,
Si receivre, si welcumier. 

BÉN., Chron. de Norm., v. 18606. 

Quant il les vit, bel lesapele;
11 les welcurae en sa language. 

Vie de S. Gile, v. S'466 

Bien pora estre liez (joyeux), qui là iert welcommez. 

GuiCHARD DE Beaulieu, Sermuri, p 23. 

Wereq, Varech (wreck), s. m., naufrage, destruction, perte,
débris de naufrage. V. Vrac. 

Il distrent del wereq que se nef est depeciée (mise en pièces), 


 

 

(delwedd C1097) (tudalen 1029)

— 1029 - 

si que nus n'en eschape, qui sa dire qui (qui sache dire à qui)
les choses estoient qui sont venues à wereq, li dus en doit avoir
l'or et l'argent et lui niirre et le rohal, et ïf vair et le gris... Se
aucuns prant aucune chose del \v< recj et il ne le dit pas à la jus-
tice, ainz que il li soil deuiaudez, li plez en aparti^nt au duc.
Toutes les autres choses aparlieneiit as bjrons, en qui terre li
werei{ arrive. 

Marnier, Etabliss. de l'Ech. de Norm , p. 49. 

En quelque t< rre que le varech soit trouvé ou arrive si couime
l'or et l'argent, en quelque espèce qu'il soit, en vaisseaux, en
uionnoye ou en masse, etc. 

Ane. Coût, de Norm., ch. 17. 

Item, dicitur wreckum navis vel batellus fraclus, de quibus
niliil vivum evaserit; dum lainen prœmissa in liltore maris inve-
niautur vel secus liltus... Coucordatum est quod wreckuiii maris
non adjudicetur ubi homo, catus vei canis vivus evadit a navi. 

Fleta, 1. I, ch. xlii, 

West (icest), S. m., ouest. 

Devers le hest out quarante aines, e devers le west en oui vint
aines. 

Les Bois, p. 248. 

Altresi dienl de est un vent,
De sulh e de west ensement. 

Wace, nom. de Rou, v. 5221. 

En patois normand de Jersey et de Guernesey, l'on dit
encore vouesl. 

Les gens de l'est ont \\n accent
Du chein du vouest dilTérent :
Dans le vouest iiou frume la bouoche
El la vouais semble pus douoche. 

La ^'ouu. annaie (Jersey, 1875), p. 15, 

Jouxte Edouard le Fayvre, par devers le vouest. 

MET. , Dict.franco-norni., p. 498. 

Wichest. V. Viquet. 

Wideco. V. Yico. 

Wigre {whinçjer')., s. m., javelot, dard, lance, fer, glaive. 

Lancent lor lances et lor tranchanz espiez
E wigres e dards e matras e agiez. 

Chans- de Rot,, p. 173. 

E il si fièrent dards e wigres asez,
Espiez e lances e matras enpennez, 

Jb., p. 180. 

^ Wil, Vuil (i will), (je) veux. V. Vuil. 


 

 

(delwedd C1098) (tudalen 1030)

— 1030 — 

Endreit de mei vus di, ne wil celer,
Mult me a talent li chanceler 

Et son semblant,
Car en lui ne «ai que blâmer;
E si touz le volez granter. 

Si venge avant.
Vie de S. T/iom . de Cantorb., v, 289, var., p. 616. 

Si vuil deffendre ma paitie. 

L'Advocncie N. D., p. 27. 

L'on a dit aussi, au subjonctif, vuille pour veuille. 

Pourtant (pourvu) que Michiel le vuille tenir en besongne
pour gaigner sa journée. 

Ace. de 1414, cité par M. de Beaurep. dans ses
Notes et doc. sur la Norm., p. 228. 

Winder [to icind), v. «., rouler, remonter, hisser. 

Hubens ferment, windent li tref. 

Wace, Rom. de Brut, v. 14979. 

Le tref windé très k'à la hune. 

Vie de S. Gile, v. 901. 

En patois normand l'on dit rjinder, pour guinder, hisser. 

La v'ià gindée
Sus le ch'va. 

Bim. jers., p. II. 

Fallait la veir, en long cotillon.
Au seir, gmdaie sus .'^es écaches. 

La Noua, annaie (Jersey, 1874), p. 24. 

Winger (to ichinge'), v n., se plaindre en criant. 

Et qnnnt li malfès alaitoil
Sa noi .. lie los tans niordoil ;
Tous tans hule, tous lans resqninge,
Jài n'ert à aisse s'il ne winge. 

Hotn. de Rob. le Diable, p. 130. 

Witrer (se) {to tcitter* 2}., v. réfl., s'agiter, se démener, se
frotter. 

Desous la kewe aval li entra 

Uns carbos (escargot) desi en sun ventre. 

I,i loz saut sus, si s'eswella, 

Moult angiioissousement cria, 

Tant se witra et tant salli, 

Que li eschaibos s'en issi. 

Marie, Fable 56. 

Wu. V. Vou. 

Wy [loy-draught', canal d'écoulement), s. m., décharge, 


 

 

(delwedd C1099) (tudalen 1031)

— 1031 — 

canal par lequel on donne issue aux eaux d'une rivière, d'un
étang, etc. 

Aucuns de noz dils hommes sont suîijeclz à tasser les crains pu
nostiv grange, tirer les fiens de la court, ... et curer le \vy du
moulin. 

Aveu de 150S, cité dans les Mérn. et notes de M. Aufj .
Le Prévost, n, 238.  

Ydle {telle, impuissant, vain, inutile, oisif), s. /"., idole. 

Ço que Tum nt; 1' volt sievre, si eu me li pecchiez de ydle aùrer
(adoror). 

Les Rois, p. 56. 

Les idles des genz aryens e ors, wevres des mains de humes. 

Lia. des Ps., CXXXIV, 15. 

Lur idles unt abalu
E aiiré la croiz Jesu. 

Vie de S. A uban, Rubrique du f' 49 v°. 

Du substantif normand l'anglais a fait un adjectif. — Ydul',
iciyll (Paisg.), qui, en vieil .anglais, ont le même sens que le
mot moderne idle^ rattachent ce dernier mot, d'une façon
plus certaine, au lat. idolum, radical commun au subst. et à
l'adj. 

Yrainne. V. Irayne. 

Yreux. V. Iriez. 

Yvire. V. Ivvrie. 

Ywel (Per) [even, égal), loc. adv., également, littéralement
par égale (portion). V Ljaus, evel. 

Si home mort sans devise (testament), si départent les enfans
l'erité (Mitie sei per )wel. 

Lois de GuiL, 36. 

Dans la langue de l'ancien droit normand, oel s'est dit
pour égal. 

Principalement par pars celles. 

Coût, de Norm., en v, , p. 74. 

Les jurisconsultes anglais usaient, dans le même sens, des
formes ovel, oicel. 

Si liorae seisie de 30 acres de terre, chescun acre de ovel
annual value... 

LiTTLETON, Inatit., sect. 273. 


 

 

(delwedd C1100) (tudalen 1032)

- 1032 —
Touls sount de owele condicion. 

Bpitton, Code, eh. 31, 

Ces formes paraissent correspondre à Tanc. adj. norm. uel. 

Tûtes les treis persones (de la Trinité) ensemble pardurables à
els meesraes sunt e ensemble ueles. 

La cojnune fei, verset 26, dans le Liv. des Ps., p. 590. 

Pernez le jus de la racine del eble e de la feugere del chei e de
la plantenne per uele mesure... 

Pet. traité de méd. du XII» s., publié par M . Boucherie, p. 7. 

z. 

Zone {zone), s. f., ceinture. Du lat. zonam. 

Délaissons la zone ou ceinture dont ils estoient tousjours
ceincts estans escoliers. 

De Bras, Rech. et ant. de la ville de Caen, p. 228. 

Zuche [zuche^), s. f., souche d'arbre. V. Chuque. 

Asaartent boisuns (essartent buissons) e bois. 

Enportent zuches e racines, 

Ostenl blestes (gazons), ostent espines. 

Vie de S. A ubun, Rubrique, f» .59 r*. 

Quant s'esveilla, si oui la vue,
Ki cler veet avant, perdue;
11 frôle front e oilz e bûche,
Mais ne veit plus que une zuche. 

Edouard le ConTes., v. 2916. 

-^- 

Caen, Imp. Hfi^Rl Delesques, rue Froide, 2 et 4. 

La B^bùLGthQ.qu2-
Université d'Ottawa
Echéance 

Tko, LlbKOAij
Uni vers ity of Ottawa
Date Due 

DIc'. 1 2 2007 

l:OAVR2 5 2008 


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Sumbolau:
a A / æ Æ / e E / ɛ Ɛ / i I / o O / u U / w W / y Y /
ā
Ā / ǣ Ǣ / ē Ē / ɛ̄ Ɛ̄ / ī Ī / ō Ō / ū Ū / w̄ W̄ / ȳ Ȳ /
ă Ă / ĕ Ĕ / ĭ Ĭ / ŏ Ŏ / ŭ Ŭ /
ˡ ɑ ɑˑ aˑ a: / æ æ: / e eˑe: / ɛ ɛ: / ɪ iˑ i: / ɔ oˑ o: / ʊ uˑ u: / ə /
ʌ /
ẅ Ẅ / ẃ Ẃ / ẁ Ẁ / ŵ Ŵ /
ŷ Ŷ / ỳ Ỳ / ý Ý /
ɥ γ
ˡ ð ɬ ŋ ʃ ʧ θ ʒ ʤ / aɪ ɔɪ əɪ uɪ ɪʊ aʊ ɛʊ əʊ / £
ә ʌ ẃ ă ĕ ĭ ŏ ŭ ẅ ẁ Ẁ ŵ ŷ ỳ Ỳ
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